Mes chers compatriotes,
Du fond du cœur, je souhaite, à chacune et à chacun de vous, une bonne et heureuse année ! Que 2020 soulage dans tous les domaines notre pays accablé de malheurs ! Que la santé et la prospérité inondent nos demeures ! Que la concorde nationale et la paix règnent sur la nation tout entière ! Que l’esprit civique, l’amour de la démocratie et le goût de la liberté nourrissent chaque jour davantage nos mœurs politiques et sociales !
En ce moment où vous vous apprêtez tous à accueillir, dans la communion et dans la joie, l’année nouvelle, mes pensées vont d’abord à tous ceux que la maladie ou le deuil, le chômage ou la précarité éloigneront de cette fête solennelle, chaleureuse et universelle. Je pense, en particulier, à tous nos honnêtes et paisibles concitoyens blessés par balle ou par arme blanche lors de la répression sauvage des récentes manifestations du FNDC et de l’Opposition. Nous leur souhaitons à tous un prompt rétablissement et un retour rapide dans nos rangs afin que nous continuions ensemble cette lutte magnifique, cette lutte héroïque dont ils sont d’ores et déjà les soldats les plus emblématiques.
Je pense à nos nombreux martyrs enterrés sous les rafales des mitraillettes et sous les grenades lacrymogènes. A leurs familles éplorées, nous réitérons nos sincères condoléances. Nous leur assurons de notre soutien indéfectible et de notre souci constant d’entretenir à jamais la mémoire de leurs chers disparus, ces dignes fils du peuple de Guinée, ces martyrs de notre jeune démocratie.
Mes chers compatriotes,
L’année qui s’achève a été difficile comme toutes les années qui l’ont précédée depuis qu’Alpha Condé est au pouvoir. Les conditions de vie, les infrastructures et l’environnement ont continué de se dégrader, l’unité nationale à être malmenée, nos droits et libertés à être impunément violés.
La croissance enregistrée ces dernières années, tirée essentiellement par la bauxite, n’a enrichi que les amis du pouvoir qui sont actionnaires dans les sociétés d’extraction ou sous-traitants dans le transport du minerai. L’impact de cette croissance sur l’économie guinéenne est resté faible. Même dans les zones minières, il y a eu peu d’emplois, pas d’infrastructures modernes, mais plutôt une destruction de l’environnement avec une forte pollution de l’air et des eaux, et une dégradation irréversible des terres.
Mes chers compatriotes,
Conakry est toujours une ville poubelle. Tous les centres urbains du pays continuent de connaitre des pénuries d’eau et d’électricité, en dépit des lourds investissements réalisés dans le secteur de l’énergie. Les routes sont défoncées et difficilement praticables. Notre jeunesse, désespérée par le chômage et le manque de perspectives, continue de s’exiler. Notre système éducatif est en faillite, comme le montrent les résultats du baccalauréat de 2019, avec seulement 24, 38% d’admis.
Toutes ces misères sont bien synthétisées dans l’indice de développement humain du PNUD qui classe la Guinée en 2019 au 174e rang sur 189. Ce rang peu flatteur montre combien sont creux et bidons les slogans qui vantent les performances du régime actuel.
Mes chers compatriotes,
L’année 2019 a été aussi difficile au plan des libertés et droits fondamentaux qui ont continué de reculer. Comme les autres années sous l’actuel pouvoir, elle a eu son lot d’arrestations, de condamnations et d’emprisonnements arbitraires de journalistes, de militants de la société civile et d’opposants politiques. Elle a eu son lot de morts par la violence des forces de l’ordre, notamment lors des manifestations pacifiques contre le troisième mandat.
Mes chers compatriotes, le cynisme du Pouvoir vient de prendre un nouveau tour. Il ne se contente plus d’envoyer ses tueurs dans les concessions mitrailler les gamins et les ménagères. A présent, il tire sur les corbillards, il gaze les cimetières comme il l’a fait à Bambéto le 4 novembre dernier ! Au vu de toute cette barbarie, on comprend que Alpha Condé est prêt à tout pour changer la Constitution en vue de s’octroyer un troisième mandat.
Guinéennes et guinéens,
Notre volonté commune d’œuvrer en faveur de l’avènement d’un État de droit et de l’alternance démocratique dans notre pays nous a conduits à créer, le 3 avril 2019, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Ce mouvement, porté par l’écrasante majorité de nos compatriotes, représente la Guinée dans toute sa diversité politique, économique et sociale. Le FNDC a pour unique objectif de s’opposer au troisième mandat. L’audience et la crédibilité acquises par le FNDC, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ont surpris le pouvoir qui, dans la panique, a multiplié les manœuvres déstabilisatrices contre le mouvement. C’est ainsi qu’il s’est livré à l’arrestation et à la détention arbitraires de plusieurs membres du FNDC et de ses principaux leaders.
Ces manœuvres n’ont eu heureusement aucun effet sur la détermination du peuple de Guinée à défendre sa Constitution. En effet, ce sont des centaines de milliers de guinéens, hommes, femmes, jeunes, personnes âgées, handicapés, qui ont continué à participer aux manifestations pacifiques organisées par le FNDC, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Mes chers compatriotes,
L’année 2020 est une année charnière. Elle porte une promesse de changement de notre avenir. Mais la réalisation de cette promesse dépendra de notre capacité à nous rassembler et de notre détermination à conduire la lutte. L’acharnement du Président de la République à obtenir un 3ème mandat, par toutes les voies possibles, et même au prix du parjure et de la violence, doit convaincre ceux qui doutent encore que le salut de notre peuple ne viendra que de cette lutte.
Le FNDC porte cette volonté. Il a fait se lever la vague du refus qui ne cesse de grossir et de déferler. Cet appel au rassemblement et à la lutte pour la défense des acquis démocratiques n’est pas un appel politique, à plus forte raison électoral. C’est un appel pour que les guinéens prennent leurs responsabilités historiques contre l’anachronisme de la présidence à vie. Cet appel concerne aussi notre sous- région, car le recul de la démocratie et de l’État de droit en Guinée ne manquera pas d’affecter négativement l’ancrage de ces valeurs dans l’espace CEDEAO.
Mes chers compatriotes,
Pour relever les nombreux défis auxquels notre pays est confronté, nous avons besoin d’être rassemblés autour des valeurs essentielles de la République avec un État fort et juste. En effet, la Guinée aura besoin d’un État qui veille à l’accomplissement des devoirs et à l’exercice des droits par tous les citoyens tout en protégeant l’intérêt général. C’est cet État moderne qui guidera notre Nation vers la réconciliation nationale et le développement. Contrairement au Parti-État d’Alpha Condé, il sera porté par une gouvernance garantissant l’égalité des chances, donnant la priorité au savoir, au développement des infrastructures, y compris le numérique, mais aussi à la lutte contre la corruption et à l’indépendance de la justice.
Mes chers compatriotes,
Aux militants de l’UFDG et de l’Opposition politique, à tous les guinéennes et guinéens qui sont mobilisés au sein du FNDC et en dehors pour défendre notre Constitution, je voudrais louer votre courage et votre détermination pour refuser ce qui blesse l’honneur de notre nation. Je prie le Tout Puissant que votre engagement et vos sacrifices citoyens soient récompensés en 2020 par la victoire de la démocratie et de la République.
Nous vaincrons parce que nous avons le droit avec nous, nous vaincrons parce que nous, nous nous battons pour la Guinée, nous vaincrons parce que nous sommes dans le sens de l’histoire.
Mes chers compatriotes,
A vous tous, guinéens de l’intérieur comme de l’extérieur, à vos familles, à nos soldats sur les fronts africains, aux amis de la Guinée, mes meilleurs vœux pour 2020. Que l’année qui s’annonce soit pour notre pays et pour tous ceux qui y vivent une année de paix.
Amoulanfé !
Je vous remercie.
Cellou Dalein DIALLO
Ancien Premier Ministre
Chef de File de l’Opposition
Président de l’UFDG