Au lendemain de l’arrivée du Pr. Alpha CONDE au pouvoir en 2010, deux secteurs étaient inscrits parmi ces priorités notamment au titre de son programme politique : l’abrogation de l’impôt de capitation et la gratuité de la césarienne. Mais le dernier secteur semble traverser par une difficulté de mise en œuvre, notamment au niveau de certains centres de santé du pays. C’est cet univers que Karamo Salim Wagué nous plonge.
TRIBUNE. D’abord pour parler de la gratuité de la césarienne, cela suppose que le gouvernement à travers la Pharmacie Centrale de Guinée (PCG) et l’appui des partenaires au développement l’UNFPA, l’UNICEF, la fondation PROSMI, fournissent régulièrement des intrants qui sont utilisés pour la prise en charge des femmes césarisées. Ces intrants doivent être repartis entre les structures sanitaires du pays en fonction de leurs capacités d’accueil par la PCG. Au constat, nous avons vu parfois des véhicules de la pharmacie centrale de Guinée faire le ‘’dispensing’’ des médicaments dans certaines structures sanitaires à travers le pays. Tous ces aspects nous renvoient des questions dont entre autres :
- Qu’en est-il de l’utilisation faite de ces produits ?
- Les quantités sont-elles suffisantes ?
- Est-ce que le suivi-évaluation est fait de cette gestion ?
- Est-ce que des enquêtes sont réalisées par le ministère de la santé pour évaluer l’effectivité de la mesure ?
- À ce jour, quelles sont les réalités vivantes dans nos structures de santé ?
Pour le citoyen que nous sommes, le constat est peu reluisant, du début de la grossesse jusqu’à terme nos épouses sont soumises au paiement des frais de consultation qui varie de 30 000 GNF à 50 000 GNF selon les médecins en consultation et malgré le paiement pour l’accès de l’hôpital à 15 000 GNF. Au minimum, une patiente doit se faire consulter plus de 10 fois par son médecin durant sa grosse. Et chaque consultation est conditionnée au paiement des frais de visite.
Certes d’autres frais sont à prendre en charge par la patiente à savoir l’examen de bilan, l’échographie au moins 3 à 4 fois et les médicaments de suivi de grossesse.
Le plus pire dans certaines structures sanitaires, c’est l’obligation faite au patient d’acheter ces produits et matériels préopératoires pour la césarienne, en suite vous êtes soumis à une négociation de récompense obligatoire qui consiste à dire combien tu vas donner à l’équipe médicale après l’opération.
Ces tristes réalités existent dans la plupart des hôpitaux et structures sanitaires : Bernard Kouchner à Corhonti ; Ignace Deen, Donka ; Matam ; Ratoma ; ….
Malheureusement, toutes ces arnaques infligées aux populations ne servent pas à maintenir ces lieux propres mais plutôt à servir les poches.
Pendant EBOLA, quand Monsieur le Président parlait d’opportunités pour notre système sanitaire, il était incompris mais force est de constater que beaucoup de structures sanitaires du pays et localités ont bénéficié de la rénovation des locaux, de construction de centres de santé et d’équipements à travers le pays. Le ministère devrait instaurer un mécanisme de contrôle de suivi-évaluation dans les hôpitaux, des centres de santé et des CMC ; une bonne réorganisation dans ce domaine est nécessaire et impératif pour le bien des citoyens.
Nous faisons notre devoir de citoyen pour alerter, proposer et informer l’opinion. Il est du devoir des autorités politiques et administratives de régler ces dysfonctionnements graves de nature à compromettre la santé de nos concitoyens et augmenter la morbidité pré-natale dans notre pays.
Vu l’ampleur de cette situation désastreuse, je sollicite l’implication directe de Monsieur le Président de la République et son Premier ministre, chef du gouvernement Dr Ibrahima Kassory Fofana pour reformer réellement le fonctionnement de notre système de santé en soumettant le corps médical au respect de la déontologie.
Karamo Salim WAGUE
Ingénieur