Je ne suis pas le seul à mettre sur la table la question de démocratie au niveau africain en relation avec le développement. Par le passé, il y a eu maintes réflexions sur le sujet. C’est le cas du forum des partis politiques, des médias et de la société civile en Afrique de l’Ouest, organisé en 2005 au Bénin ; celui-ci était par exemple une bonne esquisse intellectuelle (si le rapport était appliqué) pour les pays du continent en matière de démocratie et de développement, dont les recommandations ont mis en exergue la bonne approche qui pourrait amener les hommes et les femmes évoluant dans la sphère politique africaine à transférer démocratiquement le pouvoir sans conflit.
Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest sous également la sagesse du professeur Abdoulaye Bathily, Général Cheick Oumar Diarra et voire Thérèse Pujolle (…), toute cette crème intellectuelle avait présagé l’évolution qualitative du transfert du pouvoir politique au niveau de l’Afrique de l’Ouest par exemple. Mais après tant d’années, l’on voit également que le fossé se creuse davantage entre la théorie optimiste de la démocratie et la réalité sur le terrain.
Aujourd’hui, des réalités néfastes comme la pauvreté des populations, le chômage, le vol de deniers publics, l’impunité, les épidémies, problème de santé publique (…), ces pesanteurs de régression sociétale reclassent davantage l’Afrique au dernier rang en matière de développement. Les gouvernances sont en quelque sorte devenues des tables à tennis. On tourne en rond comme une toupie, on pointe du doigt des personnes ; c’est comme si des individus étaient le malheur de tout le peuple. Chaque personne qui s’installe au pouvoir, vient avec des réquisitoires et des agendas autrefois complotistes. Alors qu’on pouvait mieux faire pour éviter des rivalités politiques nous amenant à l’incompréhension et à la division. C’est la perspective pour que la richesse nationale soit bien partagée au niveau du peuple, et que ce désir soit l’alpha et l’Omega de toute gouvernance. Mais au fil du temps, nous Africains, avons l’impression qu’hier est mieux qu’aujourd’hui. Cette réalité est loin d’être une simple métaphore. C’est d’ailleurs le facteur qui fait que les timoniers des régimes restent à vie au pouvoir.
Encore, faut-il rappeler que tout changement politique n’est pas synonyme du développement. Les populations africaines sont lassées d’être nourries toujours par des grosses promesses. C’est d’ailleurs l’impérieuse nécessité d’opter pour des régimes parlementaires à l’intérieur également desquels les Grands ensembles politiques pourraient se former et définir leurs approches idéologiques.
Je ne dis pas que ce schéma est le meilleur, mais à mes yeux, pour l’instant, pourrait, outre mesure, amoindrir l’ethnocentrisme dans le choix de nos dirigeants politiques, et serait certainement le gage de notre développement. L’opposition politique, qui est d’une certaine mesure, comptable directement ou indirectement des questions de gouvernance – y compris des problèmes liés à la paix civile, doit avoir une attitude patriotique et faire la non-violence sa méthode absolue pour parvenir au pouvoir. Démocratie, mot trop utilisé en Afrique à la place du développement
Nous estimons souvent avec inexactitude que le changement politique prévoit un monde meilleur au niveau africain. Dans les faits, ce n’est pas le cas. Derrière le rideau, nos dirigeants ont des faces cachées ; ils ne sont pas des hommes à qui on croyait. Certains ont des ambitions honnêtes, mais avec le peu de temps -, le facteur temps ne les favorise pas à terminer des chantiers. C’est d’ailleurs la réalité qui amène bon nombre de dirigeants à l’échelle continentale à rallonger leurs mandats. Sous un angle objectif, on peut apprécier cela. Mais cependant, d’autres dirigeants au nombre incalculable pillent les richesses de leurs peuples, embastillent des voix discordantes au grand dam du changement politique souhaité. C’est la raison aujourd’hui qui amène bon nombre d’observateurs de privilégier la création des Grands ensembles politiques en Afrique, à l’intérieur desquels une démocratie peut être animée avant l’ultime compétition électorale. Essayons ce schéma ; il peut être gage d’un développement à la dimension des projets de sociétés des partis politiques en Afrique.
Par Moussa Diabaté, journaliste