Le dirigeant guinéen de 83 ans ressemble toujours à un jeune homme, désireux d’aller vite pour entrer dans l’histoire. Le troisième mandat est déjà acquis – et l’aplomb de celui-ci semble se déséquilibrer par les critiques de l’opposition en colère -, qui n’entend surtout pas adoucir sa force de mobilisation contre ce qu’elle appelle « les résultats falsifiés ». Le professeur Alpha Condé entame ainsi son nouveau mandat sous le revêtement d’une quatrième République, obtenue au travers d’une immense lutte qui a permis à la Guinée de se doter de la nouvelle Loi fondamentale. Au-delà des images issues de violences postélectorales des élections de 2020, dont les morts sont à déplorer ; tant bien que mal, le président Alpha Condé s’efforce d’ouvrir le pays au développement. Mais jusque-là, semble-t-il, tarde à faire confiance au gouvernement actuel dont certains membres sont plus politiques que techniques.
Il a également pour mission de mobiliser et de sécuriser les ressources économiques pour atteindre ses objectifs. Nonobstant des retombées des mines, dont les cadres techniques sont confrontés aux artefacts mafieux, le professeur Alpha Condé fait des efforts multiples dans ce secteur. Il a aussi demandé aux tenanciers des régies financières de s’engager à doubler les recettes. Mais de l’avis général, cet objectif ressemble à la magie, car l’humanité est confrontée à l’une des pandémies du siècle, appelée covid-19, ce qui rend difficile pour de nombreux pays de mobiliser des recettes pour faire face aux défis des populations ; raison de plus pour ses détracteurs de ne pas accorder du crédit à sa prévision économique pour cette année 2021. Malgré les conséquences de covid-19, l’économie guinéenne a fait preuve de résilience, c’est l’avis de la Banque mondiale. C’est le résultat du sérieux que l’exécutif guinéen a fait montre aux yeux de ses partenaires financiers.
Changer le gouvernement à tout prix !
Certaines personnes estiment qu’il est trop tôt de délier la langue pour un changement du gouvernement. Mais pour d’autres, le président Alpha Condé s’est déjà inscrit dans la dynamique de changer les membres du gouvernement en vue de joindre le geste à la parole. Il convient de rappeler qu’il avait déjà laissé entendre qu’il ne laissera pas la Guinée entre les mains des bandits, donc des pilleurs. On apprend également qu’il a aussi serré les finances aux ministres, qui seraient en situation de quitter le gouvernement excepté celui de l’Éducation nationale, qui bénéficierait de sa confiance totale. Le dirigeant guinéen voit déjà que sa prévision dans l’énergie est en train de réaliser, et ce résultat n’est pas loin d’étayer sa critique contre son opposition dont les membres sont d’anciens ministres – pour le retard qu’a accusé le pays dans ce secteur. Il aurait déjà une conviction de mener à bien la Guinée vers un avenir radieux malgré le piètre bilan en matière de droits de l’homme que l’opposition brandisse au monde entier comme son trophée de guerre ; notamment « par faute de rendre justice aux victimes », dit-elle. « Dans tous les cas, par la forme et sur le fond, la Guinée se développe d’une certaine manière, et qu’il revient aux citoyens de juger le bilan du président », c’est l’avis d’un proche du régime, tout en occultant que le pays doit aussi se réconcilier avec ses écueils.
Par Moussa Diabaté, journaliste