La situation sécuritaire de l’Ouest Afrique en matière de lutte contre le terrorisme pourrait être un facteur qui va aider les militaires à se maintenir au pouvoir. Le Mali a ouvert déjà les vannes de ce nouveau coup de vent qui a balayé le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita le 18 août 2020, alors qu’il se forçait à dissiper les contestations sociales qui ont fragilisé son régime.
Les meneurs de ce putsch sont formés uniquement pour combattre les terroristes au nord du Mali. Les putschistes aux commandes à Bamako seraient loin de tenir à date les élections en vue d’un retour rapide des institutions civiles au pouvoir. En Guinée, le pays voisin direct du Mali, entraîné lui aussi par les effets de contagion. Similairement, les forces militaires qui ont renversé le président IBK, à leur image, les mêmes forces d’élite ont renversé le président Alpha Condé le 5 septembre 2021, prétextant que les Guinéens sont « divisés » – alors que les opposants au régime d’échu voient plutôt ce coup d’Etat comme l’aboutissement de leur lutte contre le troisième mandat.
Au Mali, tout comme en Guinée, les putschistes ont des ambitions évasives qui pourraient étouffer la bonne issue de la transition dans ces deux pays. Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU a récemment visité le Mali, a échangé avec les responsables de la junte au pouvoir autour de la tenue rapide des processus électoraux, mais les militaires maliens ont d’autres chats à fouetter – celui par exemple de la tenue des assises nationales avant la fixation de toute date des élections.
En Guinée, le comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) qui a renversé Alpha Condé reste muet sur la durée de la transition. Dans la foulée, les putschistes ont ouvert un vaste chantier de refondation de l’Etat et de la moralisation de la gestion de la vie publique sans pour pourtant donner un quelconque chronogramme à cela.
Leur démarche ressemblerait à un pilotage à vue nonobstant qu’ils aient nommé un Premier ministre fut-il technocrate qui procède avec la méthode de caméléon en nommant les membres du gouvernement au compte-gouttes. Tout porterait à croire que la Guinée entre désormais dans une période d’incertitude de son histoire. Les organes de la transition sont dans leur phase de configuration.
Le président de la transition, Mamadi Doumbouya, à tout point de vue, semble se donner une légitimité tirée du soutien des opposants du régime déchu d’Alpha Condé. Mais à quand ceux-ci vont commencer à se poser de bonnes questions ? Donnons la langue au chat !
Donc, similairement, le Mali et la Guinée, ont respectivement à leur tête des militaires aux vues similaires. Assimi Goïta et Mamadi Doumbouya sont formés au départ pour faire face aux attaques terroristes. Il s’agit de deux militaires qui ont l’image désormais de deux tandémistes aux mêmes ambitions.
Par Makoura