Au fur et à mesure, l’opinion publique découvre avec stupéfaction l’amateurisme des tombeurs d’Alpha Condé, à travers leur méthode de nomination. L’approche n’a de référence qu’au sein des pays de Grands Lacs (Burundi, Rwanda et la RDC) où le conflit ethnique a presque décimé des vies entières de ces pays.
En Guinée, les autorités de la transition semblent montrer des limites dans ce domaine précis. Jusque-là, les Guinéens n’avaient pas vécu une telle méthode de nomination, basée pratiquement sur des quotas ethniques, dont les principes seraient acceptés visiblement par les dirigeants actuels de la transition.
Sous les yeux des Guinéens, une nouvelle hydre du siècle en train de naître à la faveur de ce coup d’Etat, notamment par l’entremise du fait qui paraît désintégrant pour notre nation, chèrement acquise dans la douleur. Désormais, des Guinéens ou des sensibilités vont s’interroger sur le nombre de représentativités ethniques au sein de chaque gouvernement.
Le colonel Mamadi Doumbouya, s’agissant de l’auteur du coup d’Etat, tenait un argument au debut comme quoi les Guinéens sont divisés. C’est comme s’il avait trouvé une nation en pleine déchirure. Mais sa méthode à lui risque d’ancrer dans les mœurs des Guinéens le dur préjugé relatif au nombre de l’ethnie que chaque région ou communauté devrait avoir au sein de toute une administration.
Les acquis de l’indépendance foulés au sol ?
Au-delà des dictatures successives que la Guinée a connues, le travail laborieux qui reste à saluer, c’est bien la consolidation de la nation guinéenne nonobstant les multiples tentatives de récupération ethnique par des politiques, c’est une velléité inhérente à l’évolution de la société guinéenne, à travers l’existence de ses quatre régions naturelles. Mais le regret est de constater que les autorités de la transition semblent s’écarter de l’histoire de la Guinée, et donner la place aux avis revanchards qui risquent de fouler au sol les acquis de soixante-trois ans d’indépendance de la Guinée.
La Guinée n’est pas un pays comme des regards extérieurs prétendent l’écrire souvent. Le colonel Mamadi Doumbouya fut légionnaire en France. Il n’est pas exclu que sa lecture de l’histoire de la Guinée ne soit pas conforme intrinsèquement à l’évolution historique de la société guinéenne. Il procéderait avec la méthode si le pays sortait d’une guerre civile en vue de consolider le processus de paix… Il a vraiment du pain sur la planche.
Par Makoura