Le coup d’Etat du 5 septembre 2021 n’a pas fait que renverser Alpha Condé, il risque de stagner des investissements futurs en cas d’une longue transition. Les preneurs du pouvoir par la force veulent faire croire à l’opinion publique qu’il existait un tel délitement si mal au sommet de l’Etat guinéen sous Alpha Condé, qui aurait aussitôt créé un besoin d’intervention militaire.
L’actuel ministre, secrétaire général à la présidence, lors d’une sortie médiatique, a mis en exergue la dissonance flagrante de la Constitution votée en 2020 par rapport à celle promulguée et mise dans le journal officiel de la République. Sa sortie révèle clairement une préparation minutieuse du putsch qui a renversé Alpha Condé – et contredit l’argument public dominant dans la cité, relatif à la menace d’arrestation de l’auteur du coup d’Etat sous le régime déchu, colonel Mamadi Doumbouya, qui serait la cause de tout ce bouleversement du régime Alpha Condé. Les Guinéens sont désormais face à un coup d’Etat classique, comme il s’opérait dans les années 1970 dans nombre de pays africains.
Le mode opératoire par lequel le président de la transition procède pour nommer les ministres, montre sans équivoque, qu’il est le seul chef suprême à bord du CNRD. Une sorte d’éléphant, seul dans la chambre et qui se bat seul. La classe politique est dans une sorte d’aventure ambigüe. Elle ne sait pas où mettre les pieds. Alpha Condé, vu son âge, était le moindre mal pour son opposition nonobstant qu’il soit un « animal politique endurci », c’est l’avis de certains observateurs avertis.
Aujourd’hui, le CNRD n’a plus de choix. Il ne pourra pas faire éclater la dualité du paysage politique actuel entre le RPG arc-en-ciel et l’UFDG. Il ne pourra pas attaquer aussi le régime Alpha Condé au plan économique. C’est sous ce régime que les Guinéens ont commencé à sentir un besoin intéressant pour l’énergie grâce aux gigantesques barrages hydroélectriques en cours de réalisation. Et alors que le développement passe forcément par ce canal.
A présent, on apprend que les tapeurs de tambours veulent faire plaisir à la junte comme quoi, le peuple apporterait tout son soutien à elle. C’est la copie d’un « one –mane show » qui ne dit pas nom – qui risque éventuellement de gripper la transition en cours, en prenant une autre tournure, différente de la volonté de départ du président de la transition.
Par Kalil Kaba