Le président Alpha Condé s’est retrouvé dans une situation culinaire désagréable dans son palais, à la date du 5 septembre 2021. Le déluge du feu a été allumé par le groupement des forces spéciales, s’agissant d’une unité d’élite à l’image d’un bras armé du prince, que le locataire du palais Sékhoutouréya avait mis en place pour sauvegarder son troisième mandat, contesté par l’opposition politique.
Des militaires, dont à leur tête, un ancien légionnaire de l’armée française, lieutenant-colonel Mamadi Doumouya, sont entrés au siège du pouvoir central (dans Kaloum) comme dans un moulin pour traquer le président Alpha Condé, qui a été ensuite exposé devant les passants à la place publique au carrefour de Bambeto comme un trophée de guerre. Presque, à moins de vingt-quatre heures du coup d’Etat, le pouvoir de l’opposant historique, Alpha Condé, s’est envolé comme un orage qui contraste le ciel. Cette opération a fait des morts nonobstant que peu de médias guinéens n’en parlent – et les familles des victimes s’enterrent davantage dans le silence le plus total.
Les tombeurs d’Alpha Condé ont expliqué à la population qu’ils veulent faire comme l’ancien président du Ghana, Jerry Rawlings, en vue, disent-ils, de mettre fin au mal guinéen, pour que les Guinéens puissent se retrouver et se parler pour faire avancer la Guinée. Les prisonniers sous l’Ancien régime ont ainsi été libérés. Il s’agit d’un nouvel horizon qui donne de l’espoir aux opposants du régime déchu, dont certains étaient interdits de sortir hors du pays. Le CNRD a permis à ces derniers de souffler un peu au sein de leurs familles respectives. La méthode est classique pour tout coup d’Etat qui intervient dans ce contexte. Les anciens dignitaires sont inquiétés voire même mis en prison.
Le CNRD s’inscrit davantage dans la vision réformiste de l’Etat ; c’est comme pour dire, quelque part, les élites ont échoué, et que les hommes en treillis reprennent le flambeau pour conduire la destinée de la nation guinéenne nonobstant des éventuels cris de la classe politique sur la durée de la transition, dont des propositions tous azimuts ont été faites à l’endroit de la junte pour mettre vite en place le Conseil national de la transition (CNT) afin d’amorcer les travaux.
Au plan politique, le bilan du CNRD n’est pas reluisant du tout. À date, il n’y a aucune durée qui détermine la transition. Les maîtres actuels de la Guinée renvoient plutôt ce rôle au CNRD d’en discuter et de fixer le cap pour la transition. Dans le fait, l’ancien président Alpha Condé n’est pas libre de ses mouvements, et non plus, sa famille politique n’a pas accès à lui. A ce niveau, le CNRD se trouve être dans l’allégation et dans la divagation. La classe politique semble avoir compris la nécessité de s’entendre autour de 15 représentants dans le futur CNT pour faire face aux éventuels écueils de la transition.
Le colonel Mamadi Doumbouya va lentement et sûrement selon son « bon vouloir » pour refonder la Guinée. Dans cette optique, les mécanismes coercitifs sont mis en place pour traquer les présumés détourneurs de deniers publics. Les actions sont saluées par la majorité des Guinéens même si en craignant d’une éventuelle confiscation du pouvoir par ce dernier.
Par ailleurs, des observateurs louent également le courage du président de la transition, concernant sa volonté d’assainir la Guinée ; c’est le cas de l’économiste Ousmane Kaba, qui flatte le bilan du CNRD, qu’il est globalement positif. Mais les attentions des uns et des autres restent concentrées sur la mise en place rapide du CNT, dont le CNRD et le chef du gouvernement ne parleraient pas d’une même voix devant la Ceadeao.
Par Makoura