Les pays du Sahel, dont ceux présentés comme alliés de Paris, prennent leurs distances avec l’ancien colonisateur et doutent de ses bonnes intentions en matière de lutte contre le terrorisme transfrontalier qui a mis les peuples malien, nigérien, burkinabé, tchadien et centrafricain, otages entre les mains des groupes terroristes, grands bénéficiaires de la stratégie militaire de la France, appelée successivement « Serval » « Barkhane » pour être européaniser devenant « Takuba »
Cette stratégie militaire française destinée à imposer un pillage déguisé des richesses naturelles de ces pays de la région, est de plus en plus mise à nue, suscitant un sursaut populaire des peuples de la région revendiquant le slogan « l’Afrique aux Africains » qui nous rappelle l’époque de la lutte menée par les symboles du panafricanisme, que sont les Abdenasser, Boumediene, Nkrumah, Lumumba et Kadhafi.
Aujourd’hui, les peuples du Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et République Centrafricaine, sont convaincus que ce ce qui se passe à titre d’exemple au Mali, est l’instrumentalisation de la rébellion contre les institutions du Mali, dans l’objectif est de pérenniser une crise de déstabilisation , à travers sa transformation en opération de guerre contre le terrorisme, un phénomène dont le visage est encore caché et méconnu.
En réalité, il s’agit de la fabrication et la construction d’un mensonge à travers le soutien à un mouvement, un « groupe de bandits et narcotrafiquants » appelés terroristes, en vue de justifier un objectif inavoué, à savoir une intervention militaire, pour mettre la main sur les richesses naturelles de ce pays.
Pour en revenir à la genèse de ce complot contre les pays du Sahel, il faut remonter à une présumée lettre de Dioncounda Traoré qui aurait sollicité uniquement un appui aérien. La controverse suscitée par l’objectif de cette demande administrative nécessite un recours devant le Conseil d’État français pour déterminer si les termes de l’entente ont été respectés et si les opérations en cours sont conformes à l’esprit de ce document.
A cet effet, le Conseil d’état français devait statuer sur sa propre compétence en la matière et examiner par extension si la décision de suspendre unilatéralement et de rompre toute collaboration militaire avec l’armée malienne ne serait pas qualifiable de violation d’une entente qui découlerait des termes de cette fameuse lettre autorisant la présence des forces françaises sur le sol malien.
De plus, le retrait unilatéral et non concerté des forces françaises de Kidal, Tessalit Tombouctou, s’ajoutant aux précédentes décisions cavalières, ne rendent-t-elles pas caduques l’effet sur l’existence et le maintien d’un quelconque accord de coopération militaire ?
Aujourd’hui, la majorité de la population malienne désapprouve la politique française au Mali y compris plusieurs officiels et citoyens français eux-mêmes.
L’insécurité qui prévaut au Mali est la conséquence du phénomène appelé terrorisme. La population malienne est maintenant convaincue de la main qui se cache derrière ce fantôme, ce monstre artificiel conçu et entretenu par des forces à l’épreuve de toute considération morale.
Le peuple malien, maître de son destin
Les pourparlers inter-maliens , conclues par la signature des accords d’Alger, en 2015, ont mis l’accent sur la détermination des maliens à sortir du joug néocolonial, et les derniers développements survenus sur la scène malienne, avec l’arrivée au pouvoir de jeunes militaires maliens, soucieux de l’unité et la souveraineté du Mali, n’ont pas été du goût et de la stratégie de la France, qui s’est donnée le droit d’être le tuteur du peuple malien, en critiquant les accords signés par les autorités maliennes avec certains pays comme la Chine ou la Russie, en menant une campagne mensongère contre l’entreprise militaire russe Wagner, présente dans le cadre d’un accord avec le gouvernement malien
De la Légion d’Honneur, Bob Denard à Wagner
Ironie du sort, la France qui avait enfanté la Légion d’honneur pour étouffer les révoltes des peuples africains lors de la période de colonisation, n’a pas hésité à envoyer ses mercenaires dirigés par le sanguinaire Bob Denard, mort en 2007, pour mâter toute rébellion contre les intérêts français dans le continent africain, vient aujourd’hui condamner la présence d’une entreprise militaire russe, invitée par le gouvernement malien.
Le mali n’a pas de leçon à recevoir de nulle part et le peuple malien reste maître de son destin. Au chapitre de la sécurité, les autorités maliennes doivent décréter l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire, adopter un décret sur les mesures de guerre, assorti d’un moratoire, instituer un conseil de défense, mobiliser toutes les forces de sécurité 24/24 autour d’un programme de sécurité et de patrouille régulière, impliquer la population civile sur la mise en œuvre de ce programme.
Les militaires français indésirables
Si les scènes d’hostilité à l’égard des convois militaires en France, ont eu lieu au Burkina Faso, Niger et Mali, ne font plus l’ombre d’un doute, les déclarations humiliantes des responsables malien, burkinabé et centrafricain refusant d’accueillir Macron, au cours de cette semaine , sont là pour annoncer une rupture de ces pays avec l’arrogance française et son président, qui se donne le droit du maître incontesté de ces pays.
Le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, connu pour être proche de Paris, y lance tout ce qu’il faut à la figure de l’occupation pour dire que l’ère de l’omnipotence française contre le terrorisme exporté par les soins des services de renseignement occidentaux dans le stricte objectif au Sahel est révolu et que les Etats ouest-africains ont bien retrouvé le chemin d’alliance militaire de justifier des occupations territoriales et le pillage des ressources africaine. Que dit Kaboré ?
« Nos échanges ont porté sur le renforcement de la coopération militaire entre nos deux pays pour plus d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il souligné samedi dernier ;ajoutant en outre « Nous n’avons pas un partenariat seulement avec la France. Nous avons des partenariats avec des pays de la sous-région, avec l’Allemagne, avec la Russie, la Turquie… «
Ces propos où le président Burkinabé évoque une multitude de partenariat qui dépasserait le cadre France-Burkina pour toucher d’abord les pays de la région ensuite une liste de pays qui ont tous une rivalité féroce avec la France, (la Russie-la Turquie et l’Allemagne), et bien ces propos sentent la remise en cause nette des accords militaires qui se trouvent à l’origine d’une grande partie de la pérennité du terrorisme au Sahel, accords qui donnent la liberté d’agir absolu aux forces d’occupation pour disposer des bases et les transformer en lieux d’entrainement et de pilotage des terroristes.
.Ce rejet des pays sahéliens à se soumettre aux exigences de la France, est clairement une révolte des autorités des pays sahéliens contre une force d’occupation qui, pendant des années, croyait avoir entre ses mains ses anciennes colonies.
Plus rien ne peut arrêter le soulèvement anti-français dans les pays du Sahel, et ce soulèvement n’est désormais pas seulement un soulèvement populaire, mais un soulèvement signé États-populations.
Source: Algerie54