C’était sous une pluie d’acclamations en accueillant positivement le coup d’Etat qui a renversé Alpha Condé le 5 septembre 2021, la classe politique guinéenne, même le Parti déchu, a tôt courbé l’échine devant les militaires qui ont pris le pouvoir par les armes. Les putschistes ont su intelligemment utiliser la fracture politique en présence, rendue possible par une bipolarisation de la vie politique guinéenne entre le RPG arc-en-ciel et l’UFDG, dont la bataille aura secoué la République durant une décennie sous Alpha Condé.
La logique normative voudrait que les hommes politiques soient les maîtres du jeu de cette transition ; c’est le cas d’ailleurs dans nombre des pays en Afrique, qui connaissent le changement anticonstitutionnel. Puisque ce sont eux seuls que reviennent le privilège et le droit d’en être les acteurs-clés du rétablissement de l’ordre normal des choses.
En Guinée, la période sous Alpha Condé a été marquée par le combat politique mené par l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) – y compris ses alliés et le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui ont fait face au dur supplice du régime Alpha Condé.
La démarche de la classe politique devrait s’inscrire à proposer un président civil à la junte avant toute initiative de prendre acte du putsch du colonel Mamadi Doumbouya. C’était la meilleure approche qui devrait aboutir à un entendement mutuel entre la junte et les politiques pour déterminer ensemble les axes prioritaires de la transition.
Étant donné que cela n’a pas été fait. C’est ainsi que les putschistes ont fait émerger une charte taillée sur mesure, nommé un Premier ministre, procédé à des nominations majeures dans l’administration comme si c’était un mandat légal. Cette classe politique, selon des avis, aura du mal à retrousser les manches face à une junte qui jouirait du soutien de la jeunesse. Et le pays court à présent vers une autre crise majeure, due par manque de concertation mutuelle entre les militaires et les politiques.
Par Makoura