Le coup d’Etat du 5 septembre 2021 est loin d’être une aubaine pour la classe politique guinéenne, qui s’en est vite réjouie du renversement d’Alpha Condé. Dans la balance de la transition, les militaires putschistes prennent le dessus sur les politiques. Ils établissent les paramètres de la conduite de la transition à eux seuls. Ce sont eux qui ont mis en place la charte de la transition et le gouvernement sans tendre la main à la classe politique en vue d’une démarche consensuelle. Cette dernière s’est même muée en spectateur attitré et louangeur des dirigeants actuels quand le président de la transition, Mamadi Doumbouya a convié l’ensemble des forces vives de la nation, dit-on pour une rencontre de travail, tenue récemment au palais Mohammed V.
Consciente du retard accusé par le manque d’union sacrée en elle-même, la classe politique a commencé à esquisser un début d’unité d’action même si celle-ci se révèle bancale à cause des coups bas des uns et des autres. La création du collectif des partis politiques (CPP) en est une illustration. Il s’agit d’une plateforme qui entend parler d’une même voix mais s’effrite déjà à l’intérieur à cause d’une guerre de leadership qui ne dit pas son nom.
Les partis politiques en receveurs de leçons de la junte
La présidente du Parti de l’action citoyenne par le travail (PACT), Dr Makalé Traoré, n’a pas manqué lors de leur rencontre avec le président de la transition pour marteler la mise de côté de la classe politique en rappelant que cette « classe politique aurait souhaité y être associée dès le début car la transition est avant tout et après tout politique pour permettre le retour apaisé à l’ordre constitutionnel et démocratique. »
Au cours de cette même rencontre, le président de l’UFR, Sidya Touré renchérit la frustration : « Nous voyons des choses évoluer mais de grâce ne relâchez pas, parce que tout ça c’est très fragile. C’est la raison pour laquelle je dis, nous avons besoin de faire de concertation, nous avons besoin qu’on continue de se retrouver dans un temps, soit autour du Ministère ou autour du Premier ministre pour mener le dialogue afin que nous pussions tous participer à quelque chose au nom de notre pays, qui est vraiment notre ambition », a-t-il souhaité.
Mais nonobstant ces discours de gentillesse de la classe politique à l’endroit du colonel Mamadi Doumbouya, ce dernier est resté droit dans ses bottes, et a averti que « le chemin à parcourir ne sera pas sans difficulté. » Il aurait même d’une certaine lecture, rabouillé la classe politique quand il invite cette dernière à se retrouver et de lui apporter des solutions dans un délai bref à travers le Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation dans le cadre de la mise en place du Conseil national de la transition (CNT).
Le président de la transition est même parti plus loin dans son discours, en martelant que les partenaires étrangers ne pourront jouer qu’un rôle supplémentaire dans la transition. Le message est lancé, et il concerne cette classe politique, qui sort déjà ses muscles pour pousser les putschistes à se mettre au travail réel. En quelque sorte, les hommes et les femmes qui écrivent le discours du colonel Doumbouya jettent un peu de l’huile sur le feu.
Par Makoura