Par Ahmed Bensaada
Alors qu’il était président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Joe Biden (démocrate) avait activement collaboré avec l’administration Bush fils (républicain) et joué un rôle majeur dans le déclenchement de la guerre contre l’Irak. À cette même période, il a aussi été très proche de la National Endowment for Democracy (NED) comme l’indique sa participation à la cérémonie de remise des « Prix de la démocratie » annuellement octroyés par cet organisme de promotion de la démocratie « Made in USA ». Sur le site de la NED, on peut lire le communiqué suivant :
« Lors d’une cérémonie au Capitole le 9 juillet 2002, la Première Dame Laura Bush a remis le prix annuel de la démocratie du NED à quatre militantes exceptionnelles du monde musulman. Rejointe par le président du CA de la NED, Vin Weber, la sous-secrétaire d’État aux affaires internationales, Paula Dobriansky, et les sénateurs Joseph Biden et Bill Frist, Mme Bush a rendu hommage au travail courageux de ces femmes pour promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et la croissance de la société civile dans leur pays respectifs ».
Il faut peut-être rappeler que la NED fait partie d’un important dispositif américain spécialement conçu pour l’ « exportation » de la démocratie au service du Département d’État et de la politique étrangère des États-Unis. En plus de la NED, qui a été créée pour remplacer la CIA dans certaines de ses « missions », les acteurs les plus connus dans ce domaine sont l’United States Agency for International Development (USAID), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), Freedom House (FH) et l’Open Society Foundation (OSF). Ces organismes sont tous financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains et leur rôle de premier plan dans la fomentation des révolutions « colorées » et du « printemps » arabe a été clairement établi.
Après cette nécessaire parenthèse, revenons au communiqué de la NED. Mais qui étaient donc ces quatre lauréates dont on précisait la « musulmanité » de leurs pays? Leurs noms étaient listés dans le texte :
Il faut peut-être rappeler que la NED fait partie d’un important dispositif américain spécialement conçu pour l’ « exportation » de la démocratie au service du Département d’État et de la politique étrangère des États-Unis. En plus de la NED, qui a été créée pour remplacer la CIA dans certaines de ses « missions », les acteurs les plus connus dans ce domaine sont l’United States Agency for International Development (USAID), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), Freedom House (FH) et l’Open Society Foundation (OSF). Ces organismes sont tous financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains et leur rôle de premier plan dans la fomentation des révolutions « colorées » et du « printemps » arabe a été clairement établi.
Après cette nécessaire parenthèse, revenons au communiqué de la NED. Mais qui étaient donc ces quatre lauréates dont on précisait la « musulmanité » de leurs pays? Leurs noms étaient listés dans le texte :
Et voici la photo officielle de la NED immortalisant l’évènement :
Notes :
Carl Gershman a été président de la NED pendant 37 ans(!). Il a récemment pris sa retraite.
Vin Weber a occupé le poste de président du CA de la NED de 2001 à 2009.
Paula Dobriansky a été sous-secrétaire d’État à la démocratie et aux affaires internationales (2001-2009) sous George W. Bush, membre du CA de Freedom House et membre fondatrice du Project for the New American Century (PNAC), think tank néoconservateur qui a eu une influence considérable sur l’administration Bush fils.
Joe Biden et Bill Frist n’apparaissent pas dans cette photo, mais ils étaient présents à la cérémonie comme le confirme l’article du Los Angeles Times dans lequel on peut lire les déclarations de l’actuel président des États-Unis :
« Je pense que [National Endowment for Democracy] a fait plus pour promouvoir la démocratie dans le monde que toute autre organisation. Vous savez que nous [au Congrès] débattons et votons, et nous prenons des positions controversées. Si nous perdons, nous sommes vaincus et nous touchons une pension. Si vous perdez, vous vous faites tirer dessus. Si vous perdez, vous êtes emprisonné. C’est le véritable test, le véritable test authentique d’un engagement envers la démocratie »
Un bel avenir promis par un faucon pour des dames, certaines dans la fleur de l’âge, qu’on pousse à concocter des « regime change » dans leurs propres pays!
En fouillant un peu plus dans les archives de la NED, on obtient les biographies des récipiendaires. Voici ce qui est écrit dans le paragraphe consacré à Nadjet Bouda:
« Nadjet Bouda, à 23 ans, est déjà une militante des droits de l’homme bien connue. Elle travaille actuellement avec « SOS Disparus », une organisation qui défend les intérêts des centaines d’Algériens qui ont « disparu » à cause de la guerre civile en cours en Algérie. À l’âge de 16 ans, Mme Bouda a rejoint « Rassemblement Actions Jeunesse » (RAJ), une ONG qui développe et met en œuvre des programmes d’éducation civique et de sensibilisation aux droits humains avec et pour la jeunesse algérienne ; à l’âge de 20 ans, elle était présidente et porte-parole de l’organisation. Son activisme reflète l’importance de la jeunesse dans l’effort de diffusion des valeurs démocratiques dans le monde musulman ».
On apprend donc que la lauréate algérienne, Nadjet Bouda, a été une activiste au sein du RAJ et de « SOS Disparus », deux ONG algériennes très largement financées par la NED (pour plus de détails consulter les articles suivants: article 1; article 2; article 3).
Ces deux organismes ont été impliqués en 2011 dans la « Coordination nationale pour le changement et la démocratie » (CNCD), une coalition créée dans le sillage du « printemps » arabe mais qui a rapidement périclité. Ils font aussi partie des groupes qui ont surfé sur le Hirak algérien pour le mener à une impasse dangereuse et néfaste pour la souveraineté et l’intégrité de l’Algérie. Le RAJ a été interdit à cause de ses activités illégales, mais « SOS Disparus » continue (avec d’autres entités du Hirak frelaté) son travail de sape envers l’État-nation algérien. À la voie constitutionnelle sagement choisie en Algérie, ces activistes opposent un dégagisme qui aurait mené le pays vers un inévitable chaos.
Sur son profil LinkedIn, Nadjet Bouda donne des précisions :
.Octobre 1994 – janvier 2000 : Membre, ensuite présidente et Porte-parole par intérim du RAJ
- Novembre 2001 – juin 2002 : Assistante de direction de « SOS Disparus »
Et ce n’est pas tout car le CV de Mme Bouda est diversifié. On y apprend aussi qu’elle a travaillé pour le NDI de 2002 à 2005 (en Algérie) et pour Amnesty International de 2005 à 2008 (au Royaume- Uni).
Le NDI est un des quatre satellites de la NED. Il a pour présidente du conseil d’administration nulle autre que Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’État dans l’administration de Bill Clinton. Albright s’était rendu célèbre par sa fameuse déclaration sur les enfants irakiens : en sacrifier 500 000 est un prix qui « en valait la peine » avait-elle déclaré dans une interview.
De son côté, Amnesty International est un organisme qui est financé par l’Open Society Foundation de G. Soros et on se rappellera qu’il faisait partie de ce groupe d’entités droitdelhommistes qui étaient derrière la résolution du Parlement européen contre l’Algérie, juste quelques jours avant le référendum sur la nouvelle constitution.
Mme Bouda travaille actuellement comme « Chargée de programme principale, Afrique du Nord et Moyen-Orient » au sein d’Equitas, une organisation canadienne d’éducation au droits humains, anciennement connue sous le nom de « Fondation canadienne des droits de la personne ».
Comme bon nombre d’organismes droitdelhommistes, Equitas est financé par une myriade d’organismes nationaux et internationaux dont, évidemment, la NED. Tiens, tiens…NED un jour, NED pour toujours!
Cette activiste algérienne a été très impliquée dans le Hirak frelaté de Montréal. De nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent qu’elle a participé aux manifestations qui se sont déroulées à Montréal et, régulièrement (pendant plusieurs années!), en face du consulat général de l’Algérie à Montréal.
La vidéo ci-dessous, par exemple, est filmée en face du consulat, le 12 décembre 2019.
Sa prise de parole devant la foule le 12 décembre 2019, c’est-à-dire le jour même de l’élection présidentielle algérienne, montre qu’elle faisait partie des personnes qui ont intimidé les citoyens algériens ayant décidé de se présenter au bureau de scrutin du consulat pour exercer leur droit de vote. On peut d’ailleurs l’entendre haranguer la foule tout en dévalorisant l’élection présidentielle et scandant à tue-tête des « Yetnahaw gaâ » (ils doivent tous partir).
Comme je l’ai écrit à l’époque dans un article : « Empêcher de voter, est-ce un acte démocratique? ». Cette question est d’autant plus cruciale sachant que Mme Bouda vit dans un pays où les élections sont un moment solennel de la vie politique.
Nadjet Bouda a continué de surfer sur le Hirak en utilisant le cyberespace. Elle a coanimé une émission diffusée sur le Web à partir de Montréal à laquelle le « célébrissime » Lahouari Addi était convié.
Déjà, le générique donnait un avant-goût de la discussion. En effet, dans un étrange lexique déroulant inséré au début de la vidéo, on pouvait lire : « Abdelmadjid Tebboune : Président de la République algérienne démocratique et populaire depuis le 19 décembre 2019, figure imposée par les généraux de façon frauduleuse ». L’orientation de la discussion était clairement fixée.
Mais ce n’est pas la qualité de l’entretien, médiocre et insipide, qui retient l’attention (il n’y a qu’à voir le nombre de vues et de commentaires), mais c’est plutôt le dénominateur commun entre Addi et Bouda.
J’ai expliqué dans mon livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien? » que Lahouari Addi a été membre de l’ « International Forum for Democratic Studies Research Council », le think tank de la NED et ce, de 1997 à 2008, soit pendant douze années consécutives. Et même avant d’en être membre officiel, Addi avait participé à des réunions organisées par ce forum dont la mission est clairement formulée :
« L’International Forum for Democratic Studies de la National Endowment for Democracy (NED) est un important centre d’analyse et de discussion sur la théorie et la pratique de la démocratie dans le monde. Le Forum complète la mission principale de la NED – aider les groupes de la société civile à l’étranger dans leurs efforts pour favoriser et renforcer la démocratie – en reliant la communauté universitaire avec des militants du monde entier. Par ses activités multiformes, le Forum répond aux défis auxquels sont confrontés les pays du monde entier en analysant les opportunités de transition démocratique, de réforme et de consolidation ».
On se rend compte, en comparant les dates, que lorsque Nadjet Bouda recevait son prix à Washington des mains de Mme Bush, Lahouari Addi était membre du think tank de la NED. Se seraient-ils par hasard rencontrés à cette occasion au Capitol Hill, pour « aider les groupes de la société civile à l’étranger dans leurs efforts pour favoriser et renforcer la démocratie » et discutailler sur le sort de l’Algérie?
Il est quand même étrange de voir, dans ce Hirak frelaté et dénaturé, autant de personnes ayant des accointances avec la « NED & Co. » se métamorphoser en leaders de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme!
Nadjet Bouda, la « ténore autoproclamée » de Montréal pourra certes se vanter d’avoir rencontré le président Joe Biden en chair et en os et approché de tellement si près Laura Bush, LA première dame des États-Unis. Tout comme Fodil Boumala et Barak Obama. Et tous les autres activistes du « printemps » arabe qui ont eu cru avoir ce « privilège ».
Y voyez-vous une quelconque similitude?
Les activistes se sont-ils demandés, ne serait-ce qu’un instant, pourquoi ce « privilège » leur a été accordé?
La réponse? Égypte, Libye, Syrie, Yémen, …