En Guinée, comme partout en Afrique, les femmes représentent plus de la moitié de la population. Elles constituent la pierre angulaire de notre société. Que ça soit au niveau familial ou national, elles sont le baromètre de notre société et le pilier qui garantit l’équilibre des familles. Quant à la femme guinéenne, la notoriété de sa bravoure dépasse les frontières nationales. Elle s’est toujours distinguée à tous les niveaux dans tous les combats nobles de la Guinée. Que ça soit dans la résistance à la pénétration coloniale (Koko Tolno), que ça soit dans la résistance contre le système colonial (Mbalia Camara), que ça soit l’accession de notre pays à l’indépendance (H. Mafory Bangoura, J. Martin Cissé…), ou même dans la lutte pour la démocratisation de notre pays (Fatou Bangoura, Doussou Condé, H. Rabiatou Serah Diallo), la femme guinéenne a été au premier rang de tous les fronts pour l’émancipation de notre peuple. A cela s’ajoute son rôle prépondérant dans le quotidien de nos familles.
Mais malgré son gigantesque apport, la vie de la femme est faite de corvées et de discriminations. Cantonnée au rôle de mère au foyer chargée des tâches domestiques, elle est soumise au carcan d’une société patriarcale, sous la férule de l’omnipotence du mari. Premières victimes de l’illettrisme, elles ne représentent environ que 20% de la population active et reçoit une rémunération sensiblement inférieure à celle de l’homme pour le même emploi. Pourtant la Guinée fut l’un des premiers pays à avoir placé la femme au premier rang et à avoir consacré ce statut.
Rappelons que le Président Sékou Touré a toujours été sensible à la cause de la femme. Il a très tôt favorisé son émancipation au sein du PDG et au sein de la Nation une fois élu. Rappelons que lorsqu’il avait pris la direction du PDG en 1952, il a fait de la femme l’égale de l’homme au sein des instances du Parti, pendant qu’elle était inféodée à l’homme sur toute l’étendue des territoires colonisés. Ainsi, les femmes du PDG ont eu le droit de vote avant les noirs aux USA. Et une fois élu à la tête de l’État, il en a fait la véritable valeur sûre de la Nation. Voilà pourquoi les femmes guinéennes ont toujours gardé cet esprit de bravoure. Une véritable politique d’émancipation de la femme fut mise en place (voir archives nationales).
Ainsi placées depuis les années 1950 au même piédestal que les hommes, les femmes avaient davantage élevé le niveau de la lutte anticoloniale en Guinée. Le sacrifice de M’balia Camara le 09 février 1955, le dynamisme de Hadja Mafory Bangoura et de ses camarades furent indispensables pour l’accession de notre pays à l’indépendance. Les femmes organisées et mobilisées au sein du grand parti d’indépendance, insufflèrent un vent nouveau à la lutte.
Après l’indépendance, le Président Sékou Touré avait associé les femmes à la gestion de la chose publique. Et cela à tous les niveaux. Elles rivalisaient avec les hommes dans tous les domaines et postes de décision : Ministres, Ambassadrices, Gouverneures, Maires, Doyennes, pilotes, médecins, Diplomates, ouvrières qualifiées… la Révolution a accentué son effort sur l’organisation des femmes en créant un « comité national des femmes ». Des slogans comme » le premier mari d’une femme c’est son métier » sans parler des mesures sociales, permirent aux femmes de se professionnaliser d’abord avant de se marier. Toutes les femmes avaient une qualification. La femme guinéenne était capable de faire tout ce que faisait son mari, voire même plus. L’émancipation et l’instruction des filles étaient une priorité nationale. Les grands-mères apprenaient à lire et à écrire en Français et en langues nationales, elles étaient pour la plus part des ouvrières dans les industries.
Le pays regorgeait des femmes miraculeusement douées dont il est notable ici d’en citer quelques unes:
- Des Héroïnes de l’indépendance : Hadja Mafory Bangoura, M’Balia Camara, Jeanne Martin CISSE, Loffo Camara … qui furent toutes honorées et élevées à la haute dignité nationale pour que leur lutte serve de modèle aux futures générations.
- Des grandes femmes intellectuellement et politiquement puissantes : Mme Jeanne Martin CISSE (Représentante de la Guinée à l’ONU), elle fut en outre la première femme à avoir présidé le conseil de Sécurité de l’ONU, le comité spécial contre l’Apartheid avec sa collègue et compatriote Fatou Diarra. Binta Diallo affectueusement appelée Binta Pilote (1ère femme pilote en Afrique)
- Hadiatou Sow : ancienne journaliste reporter, Rédactrice en chef, Directrice des programmes de la télévision nationale qui a marqué la presse guinéenne par son talent, son génie et sa voix etc.
- les Amazones de Guinée (orchestre 100 % féminin) qui ont fait la fierté de la Guinée et de l’Afrique partout. Notre pays a toujours produit et regorge aujourd’hui encore de braves femmes aussi courageuses qu’émancipées (Hadja Rabiatou S. Diallo, Dr Makalé Traoré, Feue Hadja Aminata Touré qui a fait du miracle à la tête de la mairie de Kaloum, Hadja Aïcha Bah… Des icônes qui ont servit loyalement notre pays, et dont le modèle doit inspirer cette génération de braves femmes d’aujourd’hui et de demain.
S’il faut regretter l’absence d’une véritable politique d’émancipation de la femme guinéenne sous la deuxième et troisième République, l’honnêteté exige de saluer quelques reformes efficientes en faveur des femmes. Le Président Alpha Condé a par exemple créé des mutuelles communautaires rurales et urbaines. La mutuelle financière des femmes africaines (MUFFA) et la mutuelle communautaire (MC2), qui consistaient au financement des projets et commerces tenus par les femmes. Ainsi 136 unités économiques tenues par les femmes furent financées. Ce qui constitue une bouffée d’oxygène en faveur de l’autonomisation financière des femmes.
Il nous revient désormais à nous, guinéens et guinéennes de la nouvelle génération, d’implémenter les bases d’une véritable politique d’émancipation de la femme guinéenne.
- Investir dans la construction et la réhabilitation des infrastructures scolaires en milieu rural. Dans certains villages, les enfants parcourent des dizaines de kilomètres pour aller à l’école à cause de l’absence de ce service public éducatif. Or, « de l’instruction naît la grandeur des Nations », l’État doit assurer cette mission d’éducation des masses depuis la base en créant et en réhabilitant les établissements scolaires dans des villages.
- Rendre obligatoire et gratuit l’enseignement de base ( primaire – secondaire) pour tous les enfants de la République, en insistant sur un traitement de faveur pour la scolarisation des jeunes filles. Il faut pour cela des mesures coercitives face aux familles réfractaires à l’idée d’élévation de leurs filles. La sensibilisation ne suffit pas, certaines communautés villageoises continuent des pratiques rétrogrades qui maintiennent les filles dans un état sous-développement personnel. L’éducation constitue le meilleur levier pour l’élévation et l’émancipation d’une société.
- Réfléchir sur la pertinence et l’intérêt des mutilations génitales dans l’éducation de nos filles. Pas besoin d’évoquer le cas de nos filles ayant souffert de complications liées à ces pratiques. Mais il revient au conseil national des sages de s’exprimer sur le maintien ou non de telles pratiques. Et il reviendra ensuite à la justice de l’interdire ou non.
- Restaurer la peine de mort pour les crimes de viol contre les filles à bas âge. La Guinée ne figure certes pas parmi les pays qui enregistrent le taux élevé de viol de jeunes filles. Nous sommes certes très très loin des pays comme le Mexique, l’Inde, les USA, la France… Nous sommes loin aussi du Nigeria, du Botswana en Afrique, mais la recrudescence de viols de petites filles gagne du terrain en milieu rural. Tous les mois, deux ou trois cas sont signalés. Il faut agir pour protéger la jeune fille et veiller à la morale de notre société. Une petite fille de 8 ans violée, c’est une vie potentiellement brisée. Des mesures dissuasives doivent être envisagées.
- Sortir du complexe sexiste homme/femme en faveur d’une véritable politique d’émancipation de la femme. En effet, face à l’idéologie misogyne de la femme inférieure, et face au complexe féministe de l’égalitarisme homme/femme, l’État doit réfléchir et implémenter une véritable politique d’émancipation en milieu rural. Des quotas de représentativité peuvent être instaurés dans les politiques managériales, du recrutement à l’évolution professionnelle.
- Combattre l’influence nocive des ONG sexistes qui pilulent des discours d’égalitarisme contraires à la nature patriarcale et à l’équilibre de notre société. Nos réalités diffèrent de celles des sociétés occidentales ou orientales où pendant longtemps, les femmes ont été des victimes expiatoires de la domination masculine. Si l’occident a besoin de sensibiliser sur le respect de la femme, l’Africain quant à lui, a simplement besoin de se reconnecter à sa tradition. Parce que la culture ancestrale africaine a toujours réservé une place prépondérante au rôle de la femme au sein de la famille et de la société. En famille, elle est la maîtresse de la maison, chargée de l’éducation des enfants jusqu’à la puberté. En société, elle reste le baromètre. Pourquoi alors polluer notre atmosphère de discours nauséabonds sur l’égalitarisme, alors que le respect de la femme est ancré dans les gênes de notre société?
Voici de façon ramassée, quelques propositions en faveur de l’émancipation de la femme guinéenne. C’est un extrait du projet de refondation que prône depuis des années le Front Républicain. Notre société nationale a besoin de nouvelles orientations dans tous les domaines, la cause de la femme y est une priorité nationale. Vive la femme guinéenne !
Pour le Front Républicain
Kémoko CAMARA, Porte-parole