Depuis le 05 septembre 2021, la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya n’a toujours pas proposé de durée de transition comme c’est le cas dans de nombreux pays qui ont connu des coups d’Etat. Les militaires au pouvoir en Guinée se contenteraient davantage à mener des réformes à la manière d’un gouvernement civil issu d’élections.
C’est dans ce plein imbroglio entaché d’incertitude liée à toute absence de la durée de la transition, qu’une certaine classe politique à dimension nationale (UFDG, RPG, UFR) a finalement pris ses distances et exige plutôt un « dialogue direct » avec les cadres dirigeants de la junte.
Tout cela arrive dans un contexte de pression de la CEDEAO, qui oblige les militaires à proposer un calendrier de transition d’ici le 25 avril 2022. Le bouc émissaire de la junte – s’il convenait ainsi de l’appeler, en l’occurrence, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé a, in fine, sorti un projet de chronogramme en dix étapes, dont le recensement général de la population avant la tenue de toute élection. Mais puis, fait un appel du pied aux partis politiques réfractaires au cadre de concertation, récemment mis en place par son département.
Dans un communiqué paru ce mardi 19 avril 2022, le ministre Mory Condé ‘’ tend une main fraternelle aux autres acteurs sociopolitiques, membres des forces vives qui n’ont pas pris part à ladite session pour diverses raisons… »
Et assure aussi que ‘’les points de revendications posés feront l’objet d’un examen autour de la table lors de la prochaine session du cadre de concertation inclusif…’’
Et prend plaisir d’informer ‘’la communauté nationale et internationale, de la transmission aux forces vives de la nation, d’un courrier qui décline les étapes clés pour un retour à l’ordre Constitutionnel, et ce, conformément aux dispositions de l’article 77 de la Charte de la Transition… ».
À l’analyse, on peut en déduire que le ministre Mory Condé a mis la charrue avant les bœufs en raison du caractère non consensuel de son chronogramme à lui qu’il vient de proposer à la classe politique. La transition à présent prend une stature pleine d’incertitude.
Par Issiaka Diallo