Par M.Mehdi
La crise ukrainienne a déjà dessiné les contours d’un nouvel ordre mondial qui se profile, et la région du Maghreb n’a pas échappé à l’impact du conflit qui se déroule aujourd’hui dans le vieux continent. Retour sur les derniers développements dans la région nord-africaine.
Le plan américano-sioniste
En septembre 2020, le président Algérien Abdelmadjid Tebboune brise le fait accompli et le statu-quo pré-établi, en annonçant la nécessité de réunifier les rangs arabes autour de la question centrale, celle de la cause palestinienne, en prévision de la tenue du Sommet arabe prévu à Alger. Cela n’avait rien de simple déclaration pour la concrétisation du plan américano-sioniste, à savoir la normalisation des pays arabes avec l’entité sioniste dans le cadre des accords d’Abraham et qui signifiaient la fin de la solution à deux Etats.
La sortie salutaire de l’Algérie dans un contexte marqué par le diktat américain, sous l’ère de Donald Trump accéléra la mise en œuvre du plan, pour étouffer les velléités algériennes. La première action intervient le 13 novembre 2020 avec la violation du cessez-le feu au Sahara Occidental, en vigueur depuis 1991, par le régime du Makhzen, suivi un mois plus tard par l’annonce de la normalisation du Maroc avec l’entité sioniste et le tweet de Donald Trump accordant le droit de « la marocanité » des territoires du Sahara Occidental, quelques jours avant de quitter le bureau ovale de la Maison Blanche. Ensuite, il est important de mettre l’accent sur les actes d’hostilités et d’agressivité menées par le régime du Makhzen, qui accueillait successivement les ministres sionistes des affaires étrangères et de la défense et qui n’hésitait pas à déclarer la guerre à l’Algérie à partir du territoire marocain, en violation du Traité arabe de défense commune, adopté par la ligue arabe.
Le régime du Makhzen ne s’arrêtera pas là puisqu’il offrira toutes les facilités aux deux organisations terroristes de Rachad et du MAK, pour déstabiliser le voisin de l’Est et concrétiser le plan sioniste de partition de l’Algérien, via le soutien de la partition de l’unité du pays des martyrs. Le soutien financier et logistique aux incendies volontaires opérés par leurs supplétifs du MAK dans plusieurs wilayas du pays, précédés par les déclarations hostiles du représentant du roitelet à l’ONU, Omar Hilale, s’inscrivait dans cette optique. Malheureusement pour eux, le peuple Algérien jaloux de sa souveraineté et du legs de ses martyrs, et derrière son armée nationale et populaire garante de l’Etat-Nation, colporta le projet sioniste, et fera des douloureux évènements, une image de solidarité nationale inégalée ayant bouleversé les quatre coins de la planète.
L’Algérie n’a pas tardé à réagir à cette agression, en annonçant le 24 août 2021, la rupture de ses relations avec le Maroc, malgré la « tentative » de la « main tendue » du roitelet Mohamed VI annoncée le 13 août 2021, dans laquelle il avait « caressé » le sentiment de la fraternité entre les peuples Algérien et Marocain, tout en s’attaquant à l’Espagne qu’il qualifia de colonisateur des enclaves de Ceuta et Mellila. Cela n’a pas empêché Alger de répondre à l’hostilité et agression marocaines, en procédant au non-renouvèlement du contrat d’approvisionnement en gaz Algérien, via le GME .
Pedro Sanchez piégé
Jouant à merveille le soldat au service du plan sioniste, Mohamed VI ne tarda pas à envoyer des milliers d’immigrants clandestins dont des enfants envahir l’Espagne, en violation du Pacte de Marrakech, signé en décembre 2018, par Rabat, pour faire face au flux migratoire désireux de rejoindre l’autre rive de la Méditerranée , en contrepartie de soutien financier au royauté pour juguler sa crise socioéconomique. Sur ce registre, il convient de rappeler, que l’Algérie a refusé que son territoire devienne une zone d’accueil des réfugiés, prônant à l’opposé une stratégie fiable et efficace de développement socioéconomique des pays subsahariens pour juguler les flux migratoires.
Pour le Maroc , les choses se présentent différemment, et le dossier des flux migratoires, est une carte de pression qu’il n’a pas tardé à brandir pour obliger l’Espagne et l’Union Européenne à épouser sa politique expansionniste à l’égard de ses voisins, en particulier le Sahara Occidental, dans le dossier de décolonisation est entre les mains de l’ONU.
Le rôle de Blinken
Le Secrétaire d’Etat Américain Anthony Blinken aurait joué un rôle important dans le revirement de la position du gouvernement espagnol dirigé par Pedro Sanchez à l’égard de la question sahraouie du 18 mars dernier. Une décision qui intervient avant la visite du chef de la diplomatie américaine à Madrid et qui aurait rassuré Sanchez sur l’engagement de Washington à garantir l’approvisionnement de la péninsule ibérique en GNL américain, après la fermeture du GME et le refus d’Alger d’accorder des quantités supplémentaires de GNL à des bas prix. Anthony Blinken a par ailleurs convaincu Pedro Sanchez de s’impliquer davantage dans le conflit ukrainienLes indicateurs d’un alignement de Sanchez à la position marocaine, étaient prévisibles à partir du début du mois de février, à l’occasion de son séjour aux Emirats Arabes Unis et ses déclarations au sujet de l’engagement de son pays à garantir la sécurité énergétique du Maroc.
Les rencontres entre Blinken et les chefs de diplomaties arabes ayant normalisé avec l’entité sioniste à Néguev en Palestine Occupée, peu avant sa tournée au Maghreb, plus précisément à Rabat et Alger, scellant l’alignement de Sanchez au plan américano-sioniste, comme l’indiquent ses visites du mois en cours au Maroc puis à Kiev ou il avait annoncé l’envoi d’armes à l’armée ukrainienne pour faire face à l’opération militaire de Moscou dans le Dombass. Par ailleurs, il faut noter,que le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita avait déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du génocidaire de Deir Yassine le criminel de guerre sioniste Ben Gourion ; lors de son séjour à Néguev en Palestine Occupée.
Le Makhzen impliqué dans le conflit ukrainien
Deux mois après le début des hostilités militaires en Ukraine, le régime marocain est de plus en plus impliqué, comme l’indique l’élimination de 137 combattants marocains à Marioupol, et la capture d’un étudiant marocain engagé dans les forces navales ukrainiennes, diffusée par les télévisions russes. . https://algerie54.dz/2022/04/22/crise-ukrainienne-72/
Des sources d’informations avaient annoncé ces derniers jours, que 137 mercenaires marocains et leurs officiers envoyés par le makhzen marocain ont été liquidés par les Tchétchènes.
L’implication du Maroc se fait à travers l’envoi de combattants marocains et de migrants clandestins via l’Espagne dont les autorités ferment les yeux et les médias ne parlent plus. Ces mêmes combattants seront tout vraisemblablement acheminés vers le Sahel après la fin des hostilités militaires en Ukraine.
L’implication du Maroc a un prix, celui de l’engagement de Washington à accorder des aides financières au Commandeur des croyants pour résister à la contestation sociale du peuple Marocain, opposé également à toute normalisation avec l’entité sioniste au détriment de la cause palestinienne, pour sauver son trône.
Entre-temps, il faut noter que le président ukrainien Volodymir Zelensky, était déçu de son ambassadrice à Rabat Oksana Vassilieva, dont l’action de recrutement de combattants et d’obtention d’armes étaient jugés insuffisants
«Il y a ceux qui travaillent pour que l’Ukraine puisse se défendre et se battre pour son avenir et il y a ceux qui perdent leur temps en s’accrochant à leurs postes. J’ai signé un premier décret pour rappeler une telle personne, l’ambassadrice au Maroc» Oksana Vassilieva, a déclaré Zelensky dans un message vidéo mercredi 30 mars
Lavrov en visite à Alger et Rabat
Dans le même contexte, le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov est attendu dans les prochains jours à Rabat et Alger pour s’entretenir avec les dirigeants des deux pays. Au Maroc, Lavrov devra aborder avec son homologue marocain Nasser Bourita la question d’envoi de combattants marocains et africains vers l’Ukraine, une attitude que Moscou qualifie d’acte d’hostilité, synonyme de révision de position et de politique à l’égard de plusieurs dossiers d’intérêt commun.
Par contre, le séjour de Lavrov à Alger sera plus serein, comme le confirme les relations historiques et stratégiques entre les deux pays datant de 60 ans. Le président Algérien Abdelmadjid Tebboune vient lancer un message, fort indicateur sur la solidité des relations stratégiques avec Moscou, et qui intervenait quelques jours après son entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine et la visite du ministre Algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra à Moscou .
Sur ce registre, il faut souligner que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait déclaré, samedi 23 avril, que « personne ne pourra imposer ses positions à l’Algérie ».
Il a souligné que l’Algérie ne renoncerait jamais à la cause palestinienne et à la question du Sahara occidental.