Par M.Mehdi
De nombreux tunisiens se sont indignés de la participation de ministre tunisien de la défense Imed Memmish à la réunion des 40 de l’OTAN tenue le 26 avril 2022 à Ramstein en Allemagne. Si les raisons de la participation de Tunis à cette réunion des alliés des USA, opposés à la Russie, n’ont pas été évoqué par les responsables tunisiens, il en demeure que une grande partie des tunisiens n’a pas compris la participation de Imed Memmish dans cette réunion à côté du ministre sioniste de la défense, génocidaire des enfants de Ghaza, Benny Gantz, contrairement aux principes de l’Etat Tunisien Kaies Said.
Tollé en Tunisie
De nombreuses institutions et associations tunisiennes ont exprimé dans un communiqué leur colère contre la participation du ministre tunisien de la Défense aux côtés du ministre de la Guerre d’Israël à la réunion.
Les noms de certaines de ces institutions sont : Patriotisme des compagnons tunisiens, Coalition nationale tunisienne contre la peine de mort.
Ces associations, dont le Syndicat national des journalistes tunisiens, l’Organisation tunisienne contre la torture, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, ont condamné l’implication de la Tunisie dans les plans militaires et d’agression de l’OTAN, qui a auparavant commis des crimes ignobles contre les peuples d’Irak, de Syrie, de Libye, de Yémen et d’autres nation du monde.
Le communiqué souligne : « La décision du gouvernement de Tunis va à rebours de la position de la plupart des pays et nations arabes, africains, sud-américains et asiatiques, les pays qui ont poursuivi une politique de neutralité et qui ont refusé de suivre aveuglement l’Occident et les Etats-Unis en tête.
Selon le site Internet Arab 48, ces associations ont par ailleurs mis en garde contre les dangers de la normalisation avec le régime de Tel-Aviv, qui a une histoire d’agression militaire contre la Tunisie, de violation de sa souveraineté nationale et du massacre des citoyens tunisiens.
Le communiqué se réfère également au droit légitime et inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination, retour des réfugiés palestiniens et la formation d’un État indépendant palestinien avec Qods comme capitale. Il rappelle que le président tunisien, Kaïs Saïed, avait auparavant qualifié toute normalisation des relations avec Israël d’une « grande trahison », lors de sa campagne électorale.
Pression américaine sur Tunis
Il est clair que Washington, en compagnie des monarchies du Golfe exerce des pressions sut Tunis pour rejoindre les accords d’Abraham et normaliser avec l’entité sioniste à l’instar de l’autre pays du Maghreb devenu une nouvelle colonie sioniste. La nouvelle colonie sioniste à savoir le Maroc n’a pas digéré le renforcement de l’axe Alger-Tunis, opposé à toute trahison à l’égard de la cause palestinienne, confirmée par les hauts dirigeants des deux pays, lors de leurs sommets à Alger et Tunis ou lors de leurs entretiens téléphoniques réguliers.
Washington maître du jeu au sein des institutions de Bretton Woods, en l’occurrence le Fonds Monétaire International FMI et la Banque Mondiale BM, a annoncé la couleur en brandissant les armes économiques et le concept de la démocratie cher au président démocrate américain Joe Biden. Sur le plan économique, le gouvernement tunisien avait prévu pour son budget 2022, un endettement de près de 6 milliards d’euros pour relancer son économie, durement affectée par la crise politique et la pandémie du Covid-19. Sihem Boughdiri, la ministre tunisienne des finances avait sollicité une aide du FMI, mais se heurta aux exigences de Jérôme Vacher, représentant de l’institution de Bretton Woods à Tunis, qui insista sur la mise en œuvre des réformes, qui sont en réalité une feuille de route de soumission au diktat politique des USA et leurs alliés sionistes.
Jérôme Vacher rappelle dans une interview à l’AFP que la Tunisie a connu à cause du Covid-19 « sa plus grave récession depuis l’indépendance » . Il souligne cependant que « les maux du pays étaient préexistants, en particulier les déficits budgétaires et une dette publique (près de 100% du PIB fin 2021) qui se sont aggravés ».
Une déclaration à peine voilée du diktat occidental, exprimé par des chiffres et recommandations à suivre pour se mettre sous le joug de l’oligarchie financière mondiale dominée par les USA et leurs alliés sionistes
Le prétexte de la démocratie
Sur ce plan, il est important de souligner, que Washington s’est engagé à soutenir le régime marocain, pour lui éviter un effondrement économique, synonyme de chute de la dynastie alaouite, premier allié arabe du sionisme, selon les dires des dirigeants sionistes. Par contre, la Tunisie qui est dans la même situation économique du Maroc, subit de grandes pressions d’étranglement économique, pour la simple raison que le président tunisien Kaies Said soutenu par une grande majorité des tunisiens, avait qualifié la normalisation avec l’entité sioniste de « haute trahison ». Il avait, rappelons-le rejoint les propos de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune exprimés en septembre 2020.
Si on se réfère au registre de la démocratie et du respect des droits de l’homme, la Tunisie est mieux lotie que le Maroc. Ce dernier est épinglé par les organisations des droits de l’homme pour avoir jeté en prison des dizaines d’opposants, composés de journalistes, blogueurs, juristes et hommes politiques. Lire: https://www.ned.org/region/middle-east-and-northern-africa/tunisia-2021/
Le redressement démocratique en Tunisie
Le redressement démocratique opéré par le président tunisien Kais Saied le 25 juillet 2021 a eu raison de l’hégémonie de la confrérie des frères musulmans et du parti d’Ennahda, dirigé par El Ghannouchi, un agent avéré des américains et qui jouit du soutien d’Ankara et de Doha, et qui mènent aujourd’hui une guerre économique contre Kais Saied. Sur ce plan, il est évident que l’instrument de l’Establishment américain à savoir la NED, mentor de la confrérie des frères musulmans durant le printemps arabe dans le cadre de la stratégie de Regime Change (lire le livre d’Ahmed Bensaada: Arabesque Américaine), est de nouveau actionné pour museler Kais Saied et les voix tunisiennes qui s’opposent à la normalisation avec l’entité sioniste. Et la suspension de la constitution, née dans le sillage de la longue période de transition et l’instabilité politique après la chute du régime de Ben Ali, conjuguée au gel des activités du parlement tunisien dominé par la bande à Ghannouchi, constitue une aubaine pour l’ingérence américaine et occidentale, dénoncée par le président tunisien qui ne cessait de réclamer que son pays est un Etat souverain.
Les décisions attendues de Kais Saied
Le président tunisien devrait annoncer des décisions importantes qualifiées de surprises, à l’occasion de la célébration de l’Aid El Fitr. Il s’agit certainement de décisions allant dans le sens de sortir de l’impasse, comme la convocation de nouvelles élections législatives ou la convocation d’un référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution.
L’inamovible Abir Moussi
Elle incarne l’opposition à la mainmise du parti islamiste d’Ennahda dirigé par Rached El Ghannouchi.Il s’agit de la juriste Abir Moussi présidente du Parti destourien libre (PDL), devenue après l’assassinat de Chokri Belaïd, le symbole de la lutte contre l’islam politique en Tunisie.
Lors de sa rencontre il y a quelques mois avec l’ambassadeur américain Donald Blome, après la destitution de Rached El Ghannouchi, Abir Moussi avait dénoncé l’appui logistique qu’apporte, aux députés d’Ennahdha et ses alliées, le National Democratic Institute (NDI), organisation américaine spécialisée dans le soutien aux institutions démocratiques dans le monde et dans le renforcement de la formation multidisciplinaire des députés conformément aux orientations ultralibérales américaines.
Elle avait reproché à l’ambassadeur américain d’avoir, dit-elle, «préféré rencontrer le cheikh des Frères musulmans (allusion à Rached Ghannouchi) qui a sollicité la protection et l’assistance de l’Amérique pour rester au pouvoir, et pour avoir envoyé son assistant rencontrer la présidente du Parti destourien libre (PDL)».
Abir Moussi et ses partisans ont toujours levé des slogans contre toute ingérence étrangère. Ils se sont battus notamment contre le paiement des assistants parlementaires par le NDI et contre les conventions avec le Qatar qui vont à l’encontre de l’intérêt national, avait rappelé Abir Moussi.
« Je me suis adressé directement à Biden pour l’informer que nous respectons nos relations et notre coopération avec les Etats Unis, mais nous n’accepterons jamais que vous gouverniez la Tunisie », a-t-elle ajouté.
Les américains veulent impliquer Tunis dans le conflit ukrainien
Sur ce plan, les américains travaillent pour le remake du scénario de l’envoi de combattants tunisiens en Ukraine, comme c’était le cas avec l’envoi de combattants vers la Syrie à côtés des groupes terroristes armés opposés au gouvernement syrien dirigé par Bashar Al Assad. Et sur ce registre, il n’y a pas un chargé de sale besogne que la confrérie des frères musulmans, attachés au pouvoir et qui ne veulent nullement céder à la pression de la rue tunisienne favorable à l’organisation de nouvelles élections législatives et la mise hors des institutions politiques du parti d’Ennahda, responsable selon une grande majorité des tunisiens de l’actuelle crise économique du pays, la menaçant dans son existence.
Lavrov attendu en Tunisie, le 9 mai
Des sources tunisiennes annoncent la visite du chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov à Tunis, ou il rencontrera respectivement son homologue tunisien et le président tunisien Kais Saied.
Serguei Lavrov devra rencontrer le patron de la centrale syndicale tunisienne Nouredine Taboubi, un des acteurs les plus influents sur la scène politico-économique en Tunisie