La Guinée dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya a une fois de plus créé la surprise en annonçant la mise en place d’un comité de suivi de la transition sans en informer préalablement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette décision du président guinéen Mamadi Doumbouya ne manquera pas d’avoir des conséquences sur les relations déjà tendues entre la junte au pouvoir à Conakry et l’organisation sous-régionale.
La Cedeao, qui travaillait sur la mise en place de cet organe depuis plusieurs mois, devait finaliser les contours de celui-ci lors de la visite prochaine de son médiateur, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi. Cependant, le chef de la junte a estimé que ce délai était trop long et a pris les devants en créant son propre comité sans en notifier la Cedeao.
En réaction, l’organisation régionale a suspendu la visite de son médiateur dans le pays, et la question de son maintien éventuel devrait être évoquée lors de la rencontre entre les chefs d’État ouest-africains en marge du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.
Les raisons qui ont poussé Doumbouya à devancer la Cedeao sont multiples. Tout d’abord, il espère que cette annonce donnera un gage additionnel aux bailleurs afin de débloquer de nouveaux fonds le plus rapidement possible. De plus, cette mesure lui permet de conserver l’initiative sur un dossier qui devait initialement être piloté conjointement avec la Cedeao et plusieurs des partenaires clés du pays.
Bien que les partenaires internationaux du pays étaient initialement censés être représentés au sein de l’organe, celui-ci ne compte pour l’heure que des ministres guinéens. Le décret de création ne ferme pas pour autant la porte à l’implication de ces acteurs, qui sont invités à « prendre part aux travaux du comité en qualité d’observateurs ».
Il convient de rappeler que cette décision du président guinéen risque de compliquer davantage les relations entre la Guinée et l’organisation régionale, et soulève des interrogations quant à la stabilité politique du pays.
Ives Conté (avec Africa Intelligence)