La France a été moins loquace quant au coup d’État contre Alpha Condé le 5 septembre 2021, survenu dans un contexte de montée de tensions causées par le troisième mandat du président déchu, lequel a été d’ailleurs ouvertement critiqué par elle.
On se rappelle que lors d’une rencontre officielle à Abidjan, Alpha Condé avait déclaré qu’il fallait couper le cordon ombilical sans citer le nom de la France, mais il était clair pour tous que l’ancien chef de la FEANF pointait du doigt la France.
C’est dans ce contexte que le coup d’État du 5 septembre a été perpétré par un légionnaire français qui avait fait une longue immersion au sein de l’armée guinéenne au nom du patriotisme. Mais celui qui se réclame autant patriote a fini par perpétrer le putsch contre son bienfaiteur, après s’être tourné contre le système dont il était lui-même un pur produit.
Aujourd’hui, avec le soupçon aux relents intégrationnistes concernant trois pays (le Mali, la Guinée et le Burkina Faso), dont les colonels sont les nouveaux maîtres, la France adopterait désormais la méfiance à l’égard de ces trois pays en raison de la montée en puissance du sentiment anti-français, qui a conduit le Mali et le Burkina Faso à faire partir les troupes françaises.
Il est à noter que la Guinée n’a pas fermé sa frontière avec le Mali alors que ce pays était sous sanctions économiques de la CEDEAO. Le colonel Mamadi Doumbouya s’est même déplacé pour discuter avec Assimi Goïta sur plusieurs sujets d’intérêt commun.
Au début de la transition guinéenne sous le CNRD, de nombreux observateurs estimaient que la France serait derrière les putschistes en raison du fait que le tombeur d’Alpha Condé était un ancien légionnaire français. Cependant, il y a des faits qui vont dans le sens de confirmer que cette théorie n’est plus d’actualité, en raison de la posture de radicalisation des discours des autorités de la transition à l’endroit de la CEDEAO, y compris son possible rapprochement avec les deux autres pays qui ont fait partir la force militaire française de leur territoire.
Tout porte à croire que la France se montre davantage prudente quant aux événements qui se déroulent dans ces pays.
Par Fadima Mara, analyste
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