Les récentes manifestations violentes dans la deuxième capitale du pays, Kankan, semblent être le résultat d’une simple revendication du courant. Cependant, cet endroit est également la ville natale de l’actuel président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, ce qui pourrait expliquer pourquoi les émeutiers ont brûlé son effigie et se sont rassemblés près d’un lieu de rencontre appelé « grin » proche des amis du colonel, apprend-on.
Sous le régime du défunt président Lansana Conté, Kankan était une région militarisée en raison de son soutien à Alpha Condé, le président déchu. Même sous Alpha Condé, malgré l’espoir suscité par le courant qui avait commencé à toucher la vie des populations, les citoyens de Kankan ont continué à revendiquer la construction d’un barrage hydroélectrique. Le régime a cherché à répondre à cette demande en cherchant des partenaires sérieux, mais certains fils ressortissants de Kankan ont causé des retards dans la réalisation du barrage. À cette époque, des opérateurs ont été accusés de manipuler les jeunes pour qu’ils revendiquent.
Sous le régime du colonel, les mêmes revendications ont resurgi et se sont intensifiées. Certains affirment même que la ville entière ne se rallie pas aux couleurs du CNRD. La traque contre les manifestants est une preuve de la tension qui règne actuellement à Kankan. Les autorités de la transition doivent être conscientes que la répression ne résoudra pas la situation, mais risque plutôt d’aggraver les problèmes.
Les nouvelles de Kankan ne sont pas honorables pour le colonel, car sa ville natale est en ébullition. Même sous Alpha Condé, une telle révolte n’avait jamais été observée. Certains accusent le RPG d’Alpha Condé d’être à l’origine des troubles, mais il n’y a pas de preuves concrètes à l’appui de cette hypothèse. Ce qui est proche de la vérité, c’est que Kankan ne se sent pas représenté par Doumbouya et son régime.
Par Mohamed Bérété
*TRIBUNE