Alors que la CEDEAO a infligé de lourdes sanctions aux juntes militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso, elle se montre étonnamment clémente envers le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) qui a renversé Alpha Condé en Guinée en septembre 2021.
Pourtant, après deux ans du coup d’État, le CNRD, dirigé par le colonel Mamady Doumbouya, n’a toujours pas fixé d’échéancier précis pour le retour à l’ordre constitutionnel nonobstant l’indication des 24 mois conclus entre la junte et la CEDEAO sans les ténors de la vie politique guinéenne. Les élections promises se font attendre et la transition s’étire.
Cette mansuétude apparente de la CEDEAO et de la communauté internationale envers la junte guinéenne peut s’expliquer par des considérations géopolitiques. La Guinée n’a pas la même importance stratégique pour la France que le Mali et le Burkina Faso, théâtres d’opérations militaires anti-djihadistes. De plus, les militaires guinéens se gardent bien de toute velléité anti-française, contrairement à leurs homologues malien et burkinabè.
Certains y voient aussi l’influence en coulisses de « parrains » de la junte, qui useraient de leur influence pour modérer les pressions internationales. Quoi qu’il en soit, le CNRD jouit à ce jour d’un traitement de faveur, dont il use et abuse pour faire traîner la transition.
Alors que les Maliens et les Burkinabè subissent les affres des sanctions de la CEDEAO, les Guinéens voient leur transition militaire se prolonger dans une relative indifférence internationale. Une situation paradoxale qui révèle les jeux complexes de la géopolitique ouest-africaine. Le réveil risque d’être difficile pour la junte si la lune de miel prend fin.
Malick Diop
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