GUINÉE – Près de deux ans après le coup d’État militaire, le 5 septembre 2021, qui a renversé le président Alpha Condé, l’ombre de l’ancien président Lansana Conté plane sur la transition politique actuelle menée par le colonel Mamady Doumbouya.
Le parallèle avec le général Conté, président autoritaire de 1984 à 2008, est frappant. Tout comme Conté en son temps, le colonel Doumbouya, issu des rangs de l’armée, s’est emparé du pouvoir par la force en renversant un régime civil. Et tout comme Conté après la mort de Sékou Touré, Doumbouya semble peu pressé de rendre le pouvoir aux civils, malgré ses promesses initiales.
Certes, le colonel Doumbouya a juré de ne pas s’éterniser au pouvoir, s’engageant auprès de la CEDEAO à organiser des élections démocratiques dans un délai de 24 mois. Mais près d’un an et demi après le putsch, le processus de transition traîne, entre reports du calendrier électoral et accusations de répression politique.
La manifestation pro-Doumbouya qui s’est tenue début août à Kankan, fief du président de transition, a ravivé les inquiétudes quant à ses intentions réelles. Bien que le ministre de la Justice ait menacé de poursuites les organisateurs, cet épisode a renforcé l’impression que le colonel Doumbouya cherche à s’accrocher au pouvoir.
Pour de nombreux observateurs, le risque est grand de voir cette transition militaire s’éterniser, à l’image des 24 ans de règne sans partage de Lansana Conté. Surtout, la situation économique et sociale critique du pays requiert urgemment un retour à l’ordre constitutionnel et à une gouvernance légitime et compétente.
La Guinée a plus que jamais besoin d’une transition inclusive et apaisée, menant rapidement à des élections libres et transparentes. C’est à ce prix que le pays pourra relever les défis immenses auxquels il est confronté, du chômage des jeunes à l’insécurité alimentaire. L’ombre de Conté a assez plané sur le destin de la Guinée.
Par Sadjo Barry
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