Bernard Goumou a l’air sérieux et motivé lors de ses prises de parole. De simple ministre, il s’est retrouvé propulsé au poste de Premier ministre de la transition guinéenne. Au-delà de son jeune âge, que certains comparent à la trentaine de ministres en France et ailleurs, Bernard Goumou semble avoir quelque chose en lui qui ne serait pas assimilable à l’imposture décrite par Roland Gori dans « La Fabrique des imposteurs ». Il aurait pu jouer ce rôle contre son prédécesseur Mohamed Béavogui qui a choisi de quitter la junte sous prétexte de convalescence, et n’est jamais revenu depuis, rappelant le proverbe africain « on ne voit pas une montagne derrière une montagne ».
Nommé Premier ministre par intérim le 16 juillet 2022 avant d’être confirmé, Bernard Goumou a cru pouvoir faire mieux que Mohamed Béavogui. Il a d’abord obtenu un rapprochement avec Sidya Touré lors d’un déplacement en Côte d’Ivoire, qui a permis la libération pour raisons médicales de l’opposant Saikou Yaya Barry. Goumou a aussi réussi, « aidé de conseillers officieux », à imposer le délai de 24 mois pour la transition, démarrée le 1er janvier 2023.
Cependant, selon plusieurs observateurs, le Premier ministre est loin d’avoir rétabli la confiance. Sa vision semble surtout développementaliste, multipliant les cérémonies mais restant avare de détails sur le contenu de la transition. Il n’a pas su rallier la classe politique intransigeante, ni convaincre le FNDC, pour créer une dynamique collective autour de cette transition, pourtant annoncée refondatrice et devant mener rapidement à un retour des civils au pouvoir.
Hormis la mise en place d’un cadre de dialogue avec des acteurs peu influents, le Premier ministre n’a pas réussi à rassurer tous les acteurs, ni à répondre à la demande des religieux de libérer les prisonniers politiques. Au regard de ces lacunes, chacun peut se faire son opinion sur le bilan mitigé de la première année de Bernard Goumou à la Primature.
Par Ibou Barry
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