Dans un entretien exclusif accordé à notre rédaction, Rafiou Sow, président du Parti du Renouveau et du Progrès (PRP), dresse un bilan peu reluisant de la junte militaire qui a renversé Alpha Condé le 5 septembre 2021. Après près de deux années au pouvoir, l’heure semble être au décompte du chronogramme que ce membre influent de l’ANAD passe en revue sans concessions.
Quel est le bilan du régime de transition en Guinée après près de 2 ans ?
Rafiou Sow : C’est un bilan globalement négatif. La mission d’un régime de transition, c’est le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Or, après constat, aucune action concrète n’a été engagée dans ce sens. Près de deux ans après le putsch, nous n’avons pas encore la première mouture de la constitution ; aucune avancée pour la mise en place de l’organisation de gestion des élections (OGE) ; aucun cadre de dialogue inclusif acceptable par l’ensemble des parties prenantes comme l’avait recommandé les forces vives de Guinée et la CEDEAO ; sans compter qu’il n’y a pas la moindre initiative qui aille dans le sens d’un recensement électoral.
Au vu de tous ces éléments, nous pouvons affirmer sans aucun doute que le bilan est globalement négatif.
Que pensez-vous du chronogramme bipartite (CNRD – CEDEAO) qui est une initiative du CNRD ?
Rafiou Sow : Toutes les actions de la junte vont dans le sens du non-respect de leurs engagements concernant ce chronogramme.
Le CNRD a-t-il respecté ses engagements pris au début de la transition concernant le respect des droits et libertés des citoyens ?
Rafiou Sow : À l’avènement du CNRD au pouvoir, le colonel Doumbouya avait promis le respect des droits et libertés des citoyens, dont le droit de manifester quelles que soient la situation ou la conjoncture ; le droit de s’exprimer et d’avoir des avis contraires à ceux des autorités ; et surtout que personne ne devrait mourir pour avoir exercé son droit de manifester et de dénoncer… Or, nous constatons avec regret que ces engagements pris par le colonel Doumbouya ont été systématiquement violés par la junte militaire. Et que la majorité des Guinéens sont délibérément exclus de la transition.
À plusieurs reprises, nous avons appelé au respect des droits et libertés de tout un chacun et à la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif et sincère pour l’apaisement et la réussite de la transition.
Entretien réalisé par Oumar Touré