Réunis en assemblée ce vendredi, les magistrats guinéens ont fait front commun pour dénoncer les ingérences du ministère de la Justice dans le fonctionnement de la justice. Dans un mouvement d’humeur inédit, les juges ont annoncé une série d’actions pour faire respecter leur indépendance et mettre fin aux « suspensions abusives » de certains de leurs collègues.
En première ligne, les robes noires ont brandi une plateforme revendicative adressée au garde des Sceaux Alphonse Charles Wright. Elles réclament la levée immédiate de la suspension des magistrats du Tribunal de Labé, écartés dans le cadre de l’affaire Dame Asmaou Diallo. Les juges exigent également le retrait des arrêtés de suspension publiés sur les sites officiels, qui selon eux portent atteinte à la présomption d’innocence.
Mais surtout, les magistrats guinéens dénoncent des sanctions disciplinaires prononcées sans consulter le Conseil supérieur de la magistrature. Ils y voient des suspensions « abusives » prises en dehors de toute procédure contradictoire.
Pour se faire entendre, un sit-in est prévu le 7 septembre devant la Cour suprême où tous arboreront la robe. Et le 12 septembre, une marche partira de la Cour d’appel pour rejoindre le ministère de la Justice, promettant de « passer à la vitesse supérieure ».
Une fronde inédite qui démontre la détermination des magistrats à défendre leur indépendance face au pouvoir politique.
Par Ibou Barry