J’ai toujours clamé mon respect pour l’institution judiciaire de mon pays. J’ai toujours préféré garder mes griefs pour moi, refusant de m’exprimer sur les dossiers en cours d’instruction par principe et par respect à l’institution judiciaire de mon pays. Sinon j’ai beaucoup de griefs sur les incessantes violations procédurales de la CRIEF et de la justice en général. La preuve, l’Honorable Lonceny Camara est mort par leur faute sans que sa culpabilité ait été établie. Pourtant, l’entrepreneur Kim avait clairement disculpé à l’instruction le défunt Lonceny Camara, avant d’admettre par la même occasion, avoir reçu une bonne partie des fonds. Le premier questeur a lui aussi confirmé la disponibilité du reste des fonds sur les comptes de l’assemblée nationale. Cela est confirmé aujourd’hui par la banque centrale.
Dès lors, on est en droit de s’interroger si le défunt Lonceny n’est pas mort pour rien. Dès lors, on est en droit de se questionner sur les raisons du maintien en prison de l’honorable Amadou Damaro. Car, du moment où l’entrepreneur a reconnu avoir reçu une partie du paiement, et que le reste des fonds aient été trouvés sur les comptes de l’assemblée nationale, rien ne justifie le maintien en prison de l’honorable Amadou Damaro Camara. Rien ne justifie surtout qu’Amadou D Camara soit le seul parmi les quatre inculpés à être en détention. Cette sélectivité dans le traitement des accusés dans une même affaire n’est-elle pas une autre forme d’injustice?
Concernant l’ancien Premier Ministre I Kassory Fofana, nul ne peut dire aujourd’hui ce qui lui est reproché. Si les infractions de corruption et de blanchiment de capitaux ont été énoncées, les faits eux, sont encore méconnus. Voici la seule juridiction au monde capable de faire la qualification judiciaire des faits qui n’existent pas. Dans l’ordre normal de la procédure, c’est les faits qui sont cités au prime abord. Ensuite, on en fait la qualification judiciaire pour aboutir à une infraction correspondant à ces faits. Par exemple, c’est la qualification juridique des faits de violence sur autrui qui aboutit à l’infraction d’agression contre l’auteur des faits. Mais la CRIEF a indiqué les infractions sans en citer préalablement les faits reprochés à l’ancien Premier Ministre.
Que dire des anciens ministres d’État Dr Diané, Oyé Guilavogui, Dr Ibrahima Kourouma ? Que dire de l’ancien intendant particulier à la Présidence de la République, qui malgré qu’il ait déjà bénéficié d’un non-lieu, continue de croupir en prison ? Je ne dis pas qu’ils sont tous exempts de reproche, je dénonce simplement les multiples violations procédurales de la cour dans ces dossiers. Je dénonce la sélectivité des dossiers parmi la centaine à la CRIEF. Donc, si par respect pour l’institution judiciaire de mon pays, je m’étais imposé tout ce temps un devoir de réserve, désormais je compte faire exception pour que d’autres tragédies à la « Lonceny Camara » nous soient évitées.
La lutte contre la délinquance financière est un sacerdoce pour nous, les adeptes de la gouvernance éthique. C’est en cela que nous ne nous lassons guère de propositions concrètes quant la lutte contre la corruption. C’est en cela que nous avons soutenu la création de la cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Mais nous refusons qu’au nom de cette noble cause, soit menée une sournoise lutte contre les dignitaires de la République. Sidya Touré, El Cellou Dalein Diallo en exil. Amadou D Camara, I Kassory Fofana en prison. Les ministres d’État Dr Diané, Oyé Guilavogui, Dr Ibrahima Kourouma en prison… tous ceux qui sont capables d’incarner l’État et la République sont persécutés au nom d’une sélective lutte anti-corruption.
Pendant ce temps, des délinquants financiers avérés sont en liberté. Des directeurs financiers (DAF) dont la délinquance financière est connue de tous continue de circuler librement. L’ancien directeur des impôts par exemple dont les soixante-douze (72) villas sont clairement identifiées à Fria n’est cité dans aucune affaire. Des anciens ministres dont les départements avaient bénéficié de gros investissements sans traces, continuent librement de vaquer à leurs affaires. Que dire des marchés d’entente directe sous le CNRD ? Que dire des scandales qui foisonnent à répétition sous le CNRD ?
La cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a échoué. Son instruction sélective des dossiers en fait foi. En effet, parmi la centaine de dossiers déposés au parquet, seuls ceux incriminant les cadres du RPG ont été instruits. La CRIEF a échoué. Son acharnement contre les dignitaires de la République, et son refus catégorique de leur accorder des assouplissements de leurs conditions de détention en font foi. L’entêtement du procureur spécial malgré l’évidence, a décrié la cour aux yeux de tout guinéen sincère. Nul besoin de démontrer désormais que la CRIEF est une justice sous ordres, un instrument d’élimination politique aux mains des putschistes contre tout potentiel candidat.
Nous y reviendrons…
PAR KÉMOKO CAMARA