Au-delà de sa définition classique, la démocratie reste susceptible d’interprétations différentes selon même la nature des régimes politiques. Par exemple, pour le cas guinéen, la jeune Nation, qui sortait du cercle colonialiste, le 02 octobre 1958, espérait esquisser une voie politique libre sans se référer du Nord ou de l’Ouest, – ce chemin pouvait certes l’amener à l’odyssée rêvée. Mais l’horizon d’espoir s’est courbé le 26 mars 1984, avec la mort de la voix de la révolution guinéenne, Ahmed Sékou Touré. On peut tirer la leçon pour dire qu’en Afrique, ce sont les hommes et les femmes qui dictent la voie à suivre – et lorsqu’ils passent, leurs théories se détruisent aussitôt. C’est révoltant. Mais cela reste une évidence, qui s’est même établie dans les habitudes intellectuelles des cadres au sein des administrations – dans l’idée selon laquelle, chaque responsable privatise et personnalise son poste.
La démocratie en Afrique comme on entend, c’est la volonté du colon. Pour nombre d’observateurs, l’Occident a infantilisé l’homme politique africain jusqu’à influer sur son destin. D’aucuns, nous dirons que c’est du pacte colonial. Le discours de la Baule du 20 juin 1990, a imposé le processus de démocratisation à l’Afrique, assorti des sanctions financières pour les Etats qui n’ont pas appliqué. [1] Cette nouveauté a créé des divisions multiples : ethnocentrisme, guerre tribale, rébellion, coup d’Etat, Etc.
Si on veut sauver l’Afrique des maux du siècle, donnons-la la chance qu’elle crée son paradigme démocratique
La démocratie tue en Afrique plus que des épidémies. Et cela n’est pas un débat. Dans nombre de pays africains, les élections pour s’alterner, ont évidemment laissé la place au malentendu mortifère. Des hommes et des femmes y ont perdu des vies. Le malaise issu de ces scrutins est révélateur du retard et du coma dans lesquels se trouve toujours l’Afrique.
En plein 21e siècle, certains endroits de l’Afrique se retrouvent encore sous les fourches caudines des maux : la pauvreté, le vol de deniers publics, coup d’Etat répétitif, rébellion, épidémies… Etc., ce sont entre autres, des épidémies artificielles de l’homme politique africain. C’est justement au regard de toutes ces tares que les Africains doivent se réveiller pour conjuguer le même verbe en vue d’aller dans le sens de la réussite au lieu d’empêcher leur avenir commun par le truchement d’élections dites « démocratiques ».
L’exemple guinéen de 2010 et plus récemment, a failli faire tomber le monde dans le précipice. Les discours politiques sont en effet des balles qui chargent des armes à feu. Les violences découlent des discours méprisables des hommes politiques. À Conakry, des violences ont toujours entraîné de véritables pertes. Les victimes se tournent vers le ciel pour se recueillir. Tout cela se produit, parce que l’homme politique guinéen ne serait pas disposé à s’accommoder avec les vertus de la démocratie.
Succession au pouvoir par région !
Au lieu que de simples élections tuent, on peut essayer d’amorcer un plan de succession régionale, permettant aux hommes ou aux femmes de parvenir au pouvoir pour une durée de cinq (5) ans, maximum. Car le modèle électoral démocratique tel que nous l’entendons, ne correspond plus aux réalités africaines dans le vrai sens du terme. Il existe une multitude d’ethnies dans chaque pays africain. Cette réalité crée souvent des difficultés vis-à-vis de l’alternance qu’on veut appliquer. Souvent, le Parti au pouvoir y reste – et les partis politiques de l’opposition présagent la catastrophe, – d’où la nécessité pour nous africains de réfléchir sur un modèle démocratique propre à nous afin d’éviter des morts inutiles.
Par Moussa Diabaté, journaliste