Après la mort de la révolution suite à la disparition de Sékou Touré le 26 mars 1984, les dirigeants successifs de la Guinée n’ont pas su relever le défi de la moralisation de l’administration publique. Le clanisme a fini par dominer cette entité. Le règlement de comptes est la règle comme mode de fonctionnement. Les chefs sont mystifiés par le zèle des élites. La Guinée a tous les leviers économiques de se développer. Mais sa population vivote.
En décembre 2008, le pays a eu l’occasion de se mettre sur les rails à l’arrivée du CNDD. Mais cet épisode fut un échec, car le chef d’alors Moussa Dadis Camara s’est laissé berner par des profiteurs. Durant presque dix ans, le pays vit avec les mêmes figures au sein de l’administration qui s’intermittent même en milieu politique, les déchus deviennent par la suite des opposants, vice-versa.
Le mal de la Guinée reste la corruption des élites qui s’enrichissent de manière ascendante. L’arrivée du professeur Alpha Condé avait suscité l’espoir vu son long combat dans l’opposition. Il a su mettre les fondamentaux sur le plan de l’énergie et la réforme du secteur minier en s’appuyant sur des cadres techniques. Cependant, il n’a pas su moraliser l’administration publique devenue le creuset de tout enrichissement illicite des élites. Sous sa gouvernance, il n’y a aucune sanction majeure qui pouvait normalement diminuer la corruption. Certes, il a tenté dans une brève action qui n’a malheureusement pas abouti. Tout rythmait en politique et l’administration a fini par se politiser. L’indiscipline avait même fini par gangrener l’administration publique, les jeunes DAF n’obéissaient plus aux chefs hiérarchiques. Alpha Condé n’a vraiment pas réalisé ses nombreuses promesses dans la lutte contre la corruption.
Le coup d’Etat perpétré le 5 septembre 2021 contre Alpha Condé laisse d’abord les plus intelligents perplexes. En observant les visages autour de l’auteur du putsch, l’on se rend compte que seul Alpha Condé était le mal de la Guinée. Ses serviteurs autrefois, tous ont fait allégeance à la junte, des virus mutants. Le rapport de force a fini par changer les personnes. Dans l’euphorie du coup d’Etat, toute cette racine du mal est observable auprès des auteurs du putsch. Ici l’exemple Moussa Dadis Camara mérite d’être cité. Il fut dangereusement mis en erreur alors qu’il avait la volonté de changer les choses.
Pour l’heure, le seul espoir que les observateurs soulignent quant à ce coup d’Etat, c’est quand Mamady Doumbouya se réclame de Jerry Rawlings qui a su radicalement moraliser la vie publique de son pays le Ghana, en sanctionnant ses plus proches.
Si vraiment le chef putschiste veut appliquer cette approche, qu’il commence d’abord par rendre apolitique le gouvernement de la transition nonobstant l’idée d’un gouvernement d’union nationale qui émerge dans certains milieux opportunistes. Ensuite, qu’il nomme un Premier ministre ayant toutes les aptitudes intellectuelles et politiques de gérer la transition. C’est presque le point le plus crucial en ce qui concerne les décisions qu’il prendra dans les jours à venir. Il doit avoir le courage de balayer cette vieille classe politique en vue pour une totale renaissance de la République. Il doit valoriser l’administration en vue de la rendre apolitique. Nous estimons que l’erreur est humaine, mais elle résulte certainement de l’entourage du chef et de l’écoute des sirènes.
Par Makoura
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