Les intellectuels guinéens ont toujours dénoncé la mauvaise gouvernance visant successivement les dirigeants du pays. De Sékou Touré à Lansana Conté, de la transition de 2010, et récemment, avec l’arrivée de l’enseignant de la Sorbonne au pouvoir, nombreux sont des Guinéens qui apprécient le passé plus que le présent. Et cette situation tire son origine à la fois d’un manque du patriotisme et de l’absence d’une vision claire pour les dirigeants. La Guinée est indépendante depuis 63 ans, mais elle vit encore sous le joug des travers sociaux d’un autre âge : manque de modèles pour les jeunes, enrichissement illégal dans l’administration publique ; ces tares ont fini par s’ériger en paradigme de société ; l’impunité est devenue la règle, les citoyens crient d’une justice à deux vitesses, et le tout couronné par le désenchantement des promesses d’une gouvernance défaillante.
Quand l’espoir de la gouvernance se meurt chaque jour
Dans ce pays, notamment sous Alpha Condé, il était inimaginable de voir qu’un ministre peut refuser le décret du chef de l’État parce qu’il le trouve trivial. C’est du jamais vu dans l’histoire de la gouvernance du pays. Et pour être clair, le fait est sans précédent. Tout d’abord, cela a commencé avec Oyé Guilavogui, des citoyens qui trouvent leur compte dans la mobilisation des masses. Il a osé dire non au président de la République quand le ministère de l’Élevage lui a été proposé. Il a haussé le ton, et Alpha Condé a cédé, de surcroît, il l’a nommé ministre de l’Environnement. On dirait les deux mandats d’Alpha Condé ne lui ont pas suffi pour récompenser les gens. La République a tendance à s’accommoder comme une vache laitière où tout le monde peut boire et à manger. Récemment, le cas Mouctar Diallo, l’ancien député à l’Assemblée aux couleurs de l’UFDG, nous avons appris que lui aussi prétend obtenir la meilleure récompense parce qu’il a mouillé le maillot. Si les dirigeants de ce pays ne se regardent pas dans le miroir pour repenser le contrat social, chacun finira par devenir politicien dans l’espoir d’occuper une place importante dans l’administration.
L’exemple Conté doit servir de leçon !
Actuellement, face à la situation politique et sociale du pays, il serait de deux poids deux mesures de jeter l’anathème sur le bilan de Lansana Conté. Aujourd’hui, la présente gouvernance refait les mêmes erreurs du passé. Les ministres sont nommés en fonction de leur poids dans les communautés et de leurs stratagèmes politiques. On oublie tout ce qui s’est passé il y a cela 12 ans, la fin dans la pitié de Lansana Conté, le militaire qui a géré la Guinée d’une main de fer. Il a fini par offrir aux Guinéens un pouvoir déliquescent aux conséquences économiques et sociales insupportables pour le pays. S’arrêtons là, Alpha Condé ne doit pas désappointer l’espoir !