En Côte d’Ivoire, le chef de l’État Alassane Ouattara a décidé la semaine dernière de ne pas briguer un nouveau mandat lors de la présidentielle dont le premier tour se tiendra le 31 octobre prochain. À part l’ex-président de l’Assemblée nationale et ancien Premier ministre Guillaume Soro, les candidats potentiels ne se sont pas encore déclarés.
Les tensions sont déjà vives sur l’échiquier politique national. Les opérateurs économiques présents en Côte d’Ivoire, comme beaucoup d’Ivoiriens, ont donc des craintes. L’appréhension est présente. Tous veulent garder confiance mais certains se préparent déjà au pire.
Les chantiers sont nombreux à Abidjan, et les projets dans les infrastructures, l’agriculture, l’industrie ou les services, ne manquent pas. Pour autant, les opérateurs économiques du pays ne cachent pas leur inquiétude face aux risques de débordements à l’occasion de l’échéance présidentielle à venir, comme lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
« Si les élections ne sont pas bien organisées, il peut y avoir des affrontements, surtout que nous avons vécu quand même dix ans de crise à la suite d’élections, rappelle Fama Touré, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Côte d’Ivoire. Quand il y a eu la crise, des opérateurs ont perdu beaucoup, des entreprises ont même disparu. Mais aujourd’hui, tout marche bien et les entreprises ont pris la confiance. La croissance est à un très bon niveau. Nous ne souhaitons pas que cette nouvelle donne soit remise en cause ».
Partenaires internationaux qui traînent le pas
Les opérateurs économiques ivoiriens veulent donc croire dans la responsabilité des acteurs politiques et dans les promesses réitérées des autorités, qui assurent que tout se passera bien. À ce jour, selon le président de la CCI de Côte d’Ivoire, les affaires ne ralentissent pas. « C’est vrai qu’il y a des manifestations, ça parle, mais nous ne sentons pas sur le terrain cette inquiétude, explique Fama Touré. Par rapport aux opérateurs économiques, qui font leurs programmes normalement, en tout cas, les agendas sont pleins. Chacun est inquiet, mais en même temps, chacun se dit que ça va bien se passer ».
Contactés par RFI, plusieurs acteurs internationaux présents en Côte d’Ivoire refusent de s’exprimer sur une échéance politique nationale, mais reconnaissent, hors micro, envisager jusqu’à l’éventualité d’une évacuation d’urgence en cas de troubles postélectoraux. Alassane Ouattara, président des Hôteliers et restaurateurs de la zone touristique de Grand-Bassam, est aussi vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région du Sud-Comoé. Il explique la retenue de certains partenaires internationaux.
« Bien sûr il y en a qui disent : après les opérateurs on verra ! raconte-t-il. Moi, je suis allé aux États-Unis, à Dubaï et en Allemagne. Il y a des gens qu’on a contactés, qui sont intéressés par la Côte d’Ivoire, qui aujourd’hui trainent le pas, parce qu’ils attendent les élections. Ils ont peur que les élections se passent très mal et que pour ceux qui vont investir ici, ça ne se passera pas bien. La crise postélectorale de 2010-2011 avait fait au moins 3 000 morts. Un scénario que personne ne veut voir se reproduire et que tout le monde redoute ».
Source : RFI