Visiblement les visages des putschistes ont changé. Une année après leur arrivée au pouvoir, l’on est parti de croire que les tombeurs d’Alpha Condé ont pris l’habitude désormais de bien paraître devant le public avec des costumes militaires dont l’élégance force l’admiration. Ils donnent l’impression que le pays est dans une direction assurée – comme si c’était un mandat légal. Les décrets tombent dans un intervalle régulier. Le colonel Doumbouya est beau dans son costume militaire comme roi Philippe. Sa posture donne le spectre d’un homme providentiel – comme l’appellation plaît les suppôts de la transition, qui jurent assurément que le colonel serait ce messie tombé du ciel.
Une année après la chute du président Alpha Condé, toujours est-il que les putschistes tardent à convaincre l’espace politique à travers des assurances, normalement celles-ci devraient se définir en matière de lisibilité et d’offres politiques sans équivoque aucune. Ceux censés discuter avec les putschistes se retrouvent aujourd’hui sur le banc des accusés. Il s’agit d’une crainte nourrie certainement de l’idée de la refondation promise par les militaires. Cette approche est aussi un leitmotiv qui sonnerait mal dans l’oreille de la classe politique traditionnelle, foncièrement opposée à l’actuelle junte.
Aujourd’hui le dialogue est devenu cette chansonnette citée par tous mais compromis dans les faits et gestes des acteurs de la transition qui de la volonté normale, devraient poser des actes rassurants pour sortir vite dans cette galère de temps ; c’est le cas par exemple de ne pas être tenté de faire une pierre deux coups dans une transition. Se désintéresser en posant des actes en vue comme précise l’idéal d’une transition, « expédier les affaires courantes ». Mais à voir et à y constater la transition sous Mamadi Doumbouya, l’on est parti une fois encore de croire que le pays vit au rythme d’un mandat normal, légitimé d’ailleurs par le choix souverain du peuple? Et alors que, souvenons-nous, une année en arrière, un jour du 5 septembre 2021, ces militaires ont renversé le président Alpha Condé au nom d’une problématique dont les mots et des maux ont été bien choisis au départ par les auteurs du coup d’Etat. Bienvenue désormais à l’embourgeoisement de la transition !
Par Alsény Barry
*Libre Opinion