Le cas guinéen de coup d’Etat ne fait pas exception quant à l’attrait général suscité souvent par des acclamations de ceux initialement attirés par le besoin de changement. Ce fut le coup d’Etat de 1984 quand le président Ahmed Sékou Touré décédait le 26 mars, et l’armée sous la férule du colonel Lansana Conté prenait alors le pouvoir sous l’appellation comité militaire de redressement national [CMRN]. Le peuple, innocemment teinté d’espoir, disait que le malheur était fini. Faux.
C’est autant dire que l’évolution d’un pays ou d’une nation s’inscrit dans une dynamique différemment appréciée par des contradictions internes. A cet égard, il est totalement faux de dire que rien n’a été fait depuis l’indépendance de la Guinée. C’est un mauvais langage tenu par des partisans de l’éphémère action.
Le coup d’Etat du 5 septembre 2021 a été annoncé comme un « coup sauveur » par son auteur, le colonel Mamadi Doumbouya, dans le but peut-être visant à repenser « l’évolution de la société guinéenne ». Mais au fil des jours, le repentir en général et d’ailleurs très amer est en passe de dominer les espoirs suscités par ce putsch.
La joie s’est transformée en larmes jusqu’à ce qu’elle réveille l’autoflagellation parmi les premiers soutiens des putschistes. Beaucoup de ceux qui s’opposaient au président évincé Alpha Condé pensaient que le colonel putschiste leur remettrait facilement le pouvoir par le biais d’une élection triviale. C’est nul de connaître les aléas du pouvoir quand il est entre les mains des parvenus.
Aujourd’hui, il est urgent de repenser la transition en cours, (i) qui doit commencer par la dissolution de l’ensemble du gouvernement, (ii) y compris le fameux Conseil national de la transition (CNT) et surtout de (iii) revoir aussi la charte de la transition, d’où l’idée de redémarrer la transition sous un autre label.
Les actions ci-dessus ont absolument une condition préalable : la libération de ceux qui sont arrêtés et détenus sous le prisme du saut d’humeur. Si cela est fait, le colonel aura sauvé la transition en cours.
Ensuite, qu’il donne la possibilité aux forces vives de la nation notamment à travers un cadre de dialogue sincère de choisir un Premier ministre intègre, dont la personnalité transcende les contradictions. Il sera aussi question qu’il mette une commission ad hoc en lieu et place du CNT, en son sein une équipe restreinte, cosmopolite, en vue de traiter les questions essentielles de la transition.
La charte mérite d’être revue pour redéfinir le rôle du gouvernement dans cette transition. Enfin, il n’y a pas de course sans tour de chauffe. Et c’est maintenant il faut essayer.
Par Idriss Diallo