Près de deux ans après leur prise de pouvoir le 5 septembre 2021, les militaires du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) poursuivent leur refondation de l’État guinéen, suscitant de nombreuses interrogations sur la marche à suivre pour une sortie apaisée de cette transition.
En effet, les principaux acteurs du paysage politique d’avant le coup d’État ne sont pas en odeur de sainteté auprès des autorités de transition, du fait du large recours à la justice à leur encontre.
L’ancien principal parti d’opposition est affaibli depuis que son leader est en exil, visé par la justice pour des malversations supposées lors de sa précédente gestion. L’ancienne mouvance présidentielle paie un lourd tribut avec ses principaux leaders emprisonnés et devant répondre de leurs actes passés. Les élites du pays, quels que soient leurs anciens rôles, sont reléguées au second plan. Une situation qui tranche avec le traitement réservé à Nicolas Sarkozy en France, confronté à des déboires judiciaires dans son pays mais sans être privé de liberté, au nom de la préservation de sa dignité d’ancien chef d’État.
Pour certains observateurs, ces emprisonnements massifs constituent le talon d’Achille des autorités de transition, qui gagneraient à préserver la dignité de ces prisonniers politiques. Aujourd’hui, la junte semble en quête d’un nouvel ordre politique fait d’hommes et de femmes nouveaux pour refonder la gouvernance. Mais la République a ses usages, qui imposent de la dextérité plutôt que de s’autoproclamer souverain.
Le salut de cette transition passera par l’union de tous les Guinéens et par un processus politique ouvert, où le meilleur l’emportera au nom de l’unité nationale. L’occasion est encore là pour les militaires d’entrer dans l’histoire, en instaurant le pardon et l’inclusivité.
Par Oumar Sow
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