La primeur de la réhabilitation de figure de proue de l’indépendance de la Guinée, feu Ahmed Sékou Touré (AST), avait déjà fait l’objet de polémiques sur les réseaux sociaux, jeudi 16 décembre 2021, avant l’officialisation de l’acte plus tard dans la soirée, sur les antennes du média d’Etat.
L’aéroport international de la Guinée porte désormais le nom de feu Ahmed Sékou Touré comme à l’instar d’autres de la sous-région. Telle est la volonté du comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), s’agissant des militaires qui gouvernent la Guinée depuis le 5 septembre 2021.
La nouvelle a fait réanimer une certaine rhétorique nationaliste chez les partisans du leader historique du PDG-RDA, disons, le père de l’indépendance de la Guinée. Même si l’acte n’a pas été suivi d’une certaine solennité en matière de cérémonie, au cours de laquelle le chef de l’Etat, justifie au peuple, les raisons de son acte, même fut-il, « discrétionnaire » en arrière-plan. D’une certaine manière, cela entrerait dans le cadre de la redevabilité du gouvernant devant le peuple.
Le président Ahmed Sékou Touré est perçu par ses opposants étant le « dictateur » qui a fait infliger à ses adversaires déclarés ou supposés l’endurant supplice. Le dirigeant guinéen ne fumait pas le calumet de la paix avec la France, dont l’influence fut remarquée à travers de nombreuses pressions et des projets de déstabilisation venant de l’extérieur contre le Parti-Etat.
À la lecture de l’histoire de plusieurs nations, c’est le cas de la « France Napoléonne », l’on se rend compte que les nations et les Républiques sont fondées dans la douleur, voire même dans le sang. À titre d’exemple, Napoléon Bonaparte a instauré un régime despote et centralisé ; il est celui qui a rétabli l’esclavage en 1802 pour empêcher l’indépendance de certains territoires annexés par la France. Mais sous un autre angle, il est perçu par la majorité des Français étant un réformiste de l’Etat, qui a restauré une autorité forte et la France connaît d’importance réforme sous son empire. Les historiens nous apprennent aussi qu’il est l’un des pères fondateurs des institutions contemporaines françaises.
C’est autant dire qu’il n’existe pas de grandes nations sans des grands hommes, qui balisent et assurent aux générations, la voie du progrès et de la prospérité. Si en France, la tradition romantique fait de Napoléon l’archétype du « grand homme », en Guinée, le CNRD aura tout à fait raison de rebaptiser le nom de l’Aéroport International de la Guinée en l’appelant Ahmed Sékou Touré (AST).
Par Moussa Diabaté, journaliste