TRIBUNE – La Guinée est un pays qui a inspiré nombreuses nations africaines à prendre en main leur destin vers l’indépendance. Cela a pour origine grâce aux nombreux sacrifices de ses premiers dirigeants qui ont ouvert la voie à l’indépendance du pays le 02 octobre 1958. Mais après 62 ans durant, la Guinée souffre dans la matrice creuse où bouillonne à la fois mal gouvernance, désir du développement et la conquête démesurée du pouvoir par des politiciens nés de la poussière dictatoriale du passé.
Le 26 mars 1984, la Guinée perd son premier dirigeant, Ahmed Sékou Touré, un panafricaniste convaincu. Il était le prototype d’un leader africain pensant que l’Afrique a toujours été démocratique – et la démocratie est un élément identitaire unifiant le continent, c’est-à-dire l’amour vers l’idée du panafricanisme. Cette obsession a été portée selon l’historicité propre à l’Afrique par la plupart des chefs d’État au moment des indépendances.
Le 03 avril 1984, après la mort de Sékou Touré, le pouvoir tombe aux mains des militaires, visiblement très pauvres – et qui ont été le piédestal à part entière du pouvoir révolutionnaire du père de l’indépendance. Il s’agit d’une cohorte de militaires qui ont promis le libéralisme et l’ouverture du pays à l’international. Mais des années après, ce pouvoir militaire dont à sa tête Lansana Conté, s’est révélé autoritaire offrant au pays une difficile parenthèse – qui a laissé la place à l’enrichissement illicite des hauts commis de l’État.
En 2010, la majorité des Guinéens élit Alpha Condé, un enseignant de la Sorbonne dont la politique le domina durant toute sa vie de jeunesse – il a été au creuset de toutes les luttes politiques pour la démocratisation de la Guinée et de l’Afrique. C’est un vieux routier en politique qui a des attaches au sein des cercles des dirigeants africains. Son arrivée au pouvoir donne au peuple l’espoir du changement. Alpha Condé réveille l’esprit des Guinéens commençant par dire que le développement de la Guinée n’est pas un mérite. Il tire à boulets rouges les gouvernements successifs, selon lui, qui ont mis le pays à terre. Le leader historique du RPG montre le visage d’un homme qui veut faire sortir la Guinée de l’ornière. C’est une option derrière laquelle ses adversaires pensent plutôt qu’il veut se maintenir au pouvoir.
Le 22 mars 2020, Alpha Condé soumet aux Guinéens le projet de la nouvelle Constitution – et celui-ci est obtenu au forceps malgré la menace de ses supposés tombeurs – à l’issue du double scrutin boycotté par les poids lourds de l’opposition. Alpha Condé, convaincu avoir mis les bases du développement de la Guinée, est loin de reculer face aux politiques dont il voit du mauvais œil.
Le mois de juillet 2020, a été plutôt l’occasion pour les partisans du Parti au pouvoir de procéder aux conventions pour le choix d’un candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020. Sans surprise, les conventions du RPG au niveau des régions du pays choisissent Alpha Condé candidat à l’élection présidentielle prochaine.
Aujourd’hui, sans ambages, la lecture de certains observateurs semble dire que la Guinée sous Alpha Condé veut s’échapper de la démocratie du modèle occidental au profit d’un développement national pour que le concept ‘’scandale géologique’’ impacte positivement les Guinéens.
Moussa Diabaté, Journaliste