En Guinée, la table ronde politique a toujours semblé une causerie de dupes, un récipient à eau, dont au-dessous, on constate la passoire qui effrite les espérances. A chaque début de semaine ou au mitan de celle-ci, l’opposition – aujourd’hui réunie au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), fait descendre ses militants dans la rue, dans le but, dit-elle, (contrer un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, et en même temps, elle n’entend pas du tout parler d’un changement de Constitution). Dans cette situation, cent vingt-deux personnes, des Guinéens, ont perdu la vie dans le sillage des manifestations – et, l’opposition, elle continue bravement ses appels à manifester.
C’est dans ce cycle tendu, que le gouvernement guinéen, durant la semaine passée, a tendu la main à une opposition qui ne le croit plus sur ses bonnes intentions – il s’agit de reprendre un dialogue qui était en panne depuis, en vue notamment de dépouiller certaines questions relatives à l’installation des chefs de quartiers, le fichier électoral, et maintenant, l’organisation des élections législatives, prévue au mois de février 2020.
Tandem de doutes !
Dans la plupart des cas, la démocratie se nourrit des crises, de sérieux clivages politiques et des compromis, mais le cas guinéen ne se ressemble pas à ces exemples. En Guinée, depuis 2010, les autorités n’arrivent toujours pas à élever l’édifice républicain, qui devrait en principe se traduire dans l’application des lois.
L’opposition, quant à elle, aurait compris cette situation – et en tire profit aidant l’Etat à déconstruire la République : manifestation – rien que manifestation, aux résultats, voire des morts.
Cette semaine, le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a été limpide dans ses propos, s’adressant devant ses militants, en l’occurrence, la reprise du dialogue politique.
« Je vais vous rassurer d’une chose, on ne parle pas là-bas de constitution. La constitution, nous l’empêcherons dans la rue. Ce qui est inscrit au dialogue, c’est deux choses, c’est quand et comment on met en place les chefs de quartier conformément au code des collectivités et avec quel calendrier on installe les conseils régionaux conformément au code des collectivités. L’autre point à l’ordre du jour, c’est comment se préparent les élections législatives… », dit-il, à l’occasion de l’assemblée hebdomadaire de son parti, UFDG.
De là, les mots sont clairement affichés par le chef de file de l’opposition. Maintenant, quid de la question relative d’une nouvelle Constitution tant affichée par la majorité présidentielle ? Le ver reste dans le fruit !
Moussa Diabaté, journaliste