Alors qu’on le croyait volontariste dans les discours étant un homme qui peut faire sortir la Guinée d’une ornière mortifère mais au fil du temps le masque tombe crescendo. Les rideaux qui le séparaient avec le peuple deviennent de plus en plus opaques. Quoi qu’il en soit, il a dit : « je ne suis pas candidat aux élections », comme le stipule la charte de la transition. Mais le petit geste qu’il pouvait faire était de déterminer rapidement combien de temps durera cette transition, comme dans le cas du Mali et du Burkina Faso.
La Guinée, dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, peine toujours à fixer un délai raisonnable et acceptable par tous, tandis que l’idée de la refondation germe en arrière-plan et fait nourrir l’appétit de certains cadres véreux qui prendraient du plaisir et font la prière d’y demeurer longtemps au pouvoir au détriment d’un désir démocratique de plus en plus exprimé par une classe politique dans sa pluralité. Tout cela se fait dans un contexte d’une foultitude reddition des comptes, initiée par les autorités de la transition, et qui font passer les anciens dignitaires sous les fourches caudines au nom d’une justice en mal de procédures.
« 39 mois problématiques »
La transition en cours en Guinée se poursuivra pendant « 39 mois ». C’est une proposition faite par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, lors d’une allocution. « Cette durée et d’autres questions vitales de la nation seront soumises au Conseil national de la transition (CNT), qui tient lieu de parlement », a-t-il déclaré, avant de préciser que cette proposition est consécutive à de larges et patientes concertations.
Derrière le discours du colonel Mamadi Doumbouya, on peut voir la splendeur Gaullienne et le tigre de Georges Clemenceau. C’est une personne, semble-t-il, grandeur nature qui risque de rendre beaucoup de gens malheureux au nom d’un idéal complexe. Puisqu’il est obstinément attaché à cette histoire de reddition des comptes, se prenant le plaisir d’envoyer aisément des élites en prison. On peut se demander si le deuxième Sékou Touré n’est pas revenu. Son air et sa détermination à suivre cette bataille se voient à l’œil nu. Cette dynamique n’est pas sans conséquence, car les forces politiques ont déjà tendu leurs muscles pour faire face à cette question subtile de la transition. Désormais, quoique ce qu’on peut estimer avec fioritures dans le but de dérouler le tapis rouge à la junte, admettons qu’il y a désormais des embûches sous le pied du CNRD.
Par Bakary Keita