Les performances actuelles du Gouvernement dans la mobilisation des recettes internes dans un contexte marqué par une baisse des ressources externes sont remarquables et donnent l’espoir que le pays dans un proche avenir, sera à même de se hisser au rang des pays de référence dans la sous-région ;
Cependant, des inquiétudes persistent quant au manque d’efficience dans la gestion des dépenses publiques par des sectoriels appuyé par l’approche soutenue par le CNT à travers la commission du Plan, des Affaires Financières et du Contrôle Budgétaire (CPAFCB) pour maintenir cet état de fait et ce depuis près de trois ans ;
Ce qui nécessite des mesures fortes pour faire du budget de la nation l’instrument clé du développement dans la mise en œuvre des politiques publiques capables d’atteindre les objectifs économiques et sociaux initiés par le Gouvernement au profit des populations ;
Car, pour convaincre les populations et les bailleurs de fonds, il n’y a qu’un seul secret : il faut bien gérer les finances publiques.
Quelles sont les performances budgétaires du Gouvernement en termes de mobilisation des recettes ? Sont-elles comparables à ce jour à celles de certains pays de référence dans la sous-région ? Comment le CNT ne promeut-il pas l’efficiente dans la gestion des dépenses publiques ? Pourquoi les sectoriels ne recherchent-ils pas l’efficience dans l’exécution des crédits pour plus d’impact ? La prudence du Gouvernement face à la demande pressante du CNT pour rétrocéder près de 1924 Mds aux collectivités locales est-elle fondée dans le contexte actuel ? Quelles sont les conséquences du retard dans le paiement de la dette intérieure ?
Pourquoi les dépenses publiques de certains sectoriels ne sont pas gérées de façon efficiente ? Quelles peuvent être des mesures fortes pour inverser cette tendance et mettre au centre des priorités les demandes légitimes des populations ? Comment convaincre les populations et bailleurs nationaux et internationaux de faire confiance à notre pays ?
Les efforts de mobilisation des recettes internes sont remarquables et doivent être maintenus même si des améliorations sont encore possibles pour des politiques publiques plus cohérentes :
Le Conseil national de la transition (CNT) a approuvé, en Décembre 2024, un projet de budget considéré comme ambitieux pour l’année 2025. Pour le compte de cette année, le budget s’élève à 43 469,09 Mds GNF. Ce montant représente une progression notable de 12,46% par rapport à l’exercice précédent établi dans la loi de finances rectificative de 2024 estimée à 38 649,59 Mds de GNF.
Le Ministre du Budget, M. Facinet Sylla, a précisé lors de la présentation de ce projet de budget pour le compte de l’année 2025 au CNT que « ce projet est articulé autour du Document de programmation budgétaire pluriannuelle (DPBP) ».
Pour ce ministre, l’année 2025 qui marque la formalisation du Programme Simandou 2040, « constituera la stratégie de développement pour les années à venir et qui prend le relais du programme de relance intérimaire (PRI) dont il intègre les acquis et les défis ».
Ce nouveau programme de référence se fixe comme piliers stratégiques de développement : L’agriculture ; l’industrie alimentaire et le commerce ; l’éducation et la culture ; les infrastructures, transports et les technologies ; l’économie, la finance et l’assurance ; la santé et le bien-être.
L’objectif final de ce programme ambitieux c’est « de bâtir une guinée prospère offrant de véritables opportunités aux 14,19millions de guinéens ».
L’objectif principal de ce budget est de ramener le déficit budgétaire à 2,8 % du PIB. Pour réaliser cet objectif, les autorités décident de mettre l’accent prioritairement sur : La mobilisation et la sécurisation des ressources intérieures à travers la poursuite de la digitalisation des procédures fiscales et douanières ; l’intensification des contrôles ; l’élargissement de l’assiette fiscale ; l’équipement des services de douanes et la mise en œuvre progressive ; de nouveaux modules du système d’administration fiscale de guinée (SAFIG2) et l’application rigoureuse du prix de référence et du prix de transfert dans le sous-secteur de la bauxite
En ce qui concerne les dépenses publiques, l’objectif visé selon M le Ministre, est « d’assurer une gestion plus efficace et responsable des ressources en Conciliant le financement des services publiques et la maitrise de l’endettement ; une meilleure qualification des dépenses ; des investissements orientés vers des projets à forte valeur ajoutée économique et sociale et par la relance des activités à l’intérieur du pays ».
Les recettes prévues en 2025 connaissent une hausse de 12,1% par rapport à la loi de finances rectificative de 2024 essentiellement constituées des recettes fiscales (90%) en projection annuelle pour un taux de pression fiscale estimée à 12% en 2025.
Quant aux dépenses, la hausse prévue est de 8,4% par rapport à 2024 avec 62,3% en dépenses courantes et 37,7% en dépenses d’investissement. Il faut souligner, selon le M Ministre, « ces dépenses budgétaires sont financées à hauteur de 83,1% par les ressources propres ».
Des investissements considérés comme stratégiques seront réalisés dans des secteurs de l’agriculture, les infrastructures et la santé.
Cette politique budgétaire a pour ambition de réaliser un taux de croissance du PIB de 7,0% (parmi les plus fortes de la sous-région) et une inflation maitrisée à 6%.
Quant à la prévision de croissance, elle s’inscrit dans un contexte marqué au niveau mondial par une stabilité relative ; des tensions géopolitiques persistantes ; les effets croissants du dérèglement climatique qui impact l’économie mondiale et de la volatilité accrue des marchés financiers.
Au plan national, la prévision de croissance s’inscrit dans un contexte ‘’d’atténuation des effets de l’incendie du dépôt central des hydrocarbures et de la structuration de l’économie à travers la mise en œuvre effective du projet Simandou’’.
La Guinée, ce pays minier par excellence, s’engage à renforcer sa position sur les marchés internationaux tout en préservant les intérêts des acteurs locaux.
Nous sommes convaincus que les priorités énoncées dans ce budget témoignent d’une volonté ferme des autorités pour des politiques économiques plus inclusives et durables.
Nous l’avons dit hier (mars 2024) et nous le réitérons aujourd’hui, notre pays doit enfin se hisser au rang des pays de référence de la sous-région. A court terme nous sommes convaincus que notre pays peut mobiliser mieux que les données actuelles du Benin. Comparé à ce pays de 114 763 Km avec une population de 13,71 millions d’habitants et sans ressources minières (5,64 Mds USD), le budget de la Guinée (pays de 245 857 km peuplé de 14,19 millions d’habitants, à potentiel minier important (5,122 Mds) représente 90,73% de celui du bénin en 2025. En 2024, cet écart était de 78% soit un taux de rattrapage de près de 12% en une année.
Les efforts de mobilisation de ressources intérieures projetées sont des performances à saluer car elles permettent une augmentation significative de près de 4331,73 Mds soit près de 14,09% en valeur relative. Cette forte hausse, selon les honorables conseillers, s’explique par la hausse des recettes minières de 32,04% ; la poursuite des réformes des entreprises publiques conformément à la Loi 056 ; la digitalisation du processus de recouvrement des impôts, taxes et redevances à travers SAFIG2, le dynamisme de l’activité commerciale impactant positivement les recettes douanières ; l’application de la taxe sur les jeux du hasard ; le recouvrement forcé des restes à recouvrer et la hausse des dons de 28,43%.
Cependant, malgré cette performance dans la mobilisation des ressources internes, elle reste insuffisante comparée au potentiel économique de notre pays ; des défis liés à son financement de développement et de la volonté politique exprimée quant à la nécessité d’accélérer le processus des réformes pour une croissance plus forte et inclusive.
Il faut également constater des écarts non négligeables entre les prévisions budgétaires contenues dans la loi de finances et les recettes effectivement réalisées et ce depuis plus d’une décennie.
Pour inverser cette tendance, des mesures fortes en matière fiscale peuvent être accentuées sur :
La baisse significative des dépenses fiscales ;
La mise en place d’une plateforme automatisée intégrée de contrôle des déclarations, de détection des contribuables défaillants, de relance de collecte des impôts ;
Le suivi et la maîtrise des impôts, droits et taxes indirectes qui constituent un enjeu important des mesures fiscales à prendre à court terme ;
L’amélioration et la qualité du contrôle fiscal et de l’aide à la décision qui permettra de renforcer l’efficacité du contrôle des secteurs d’activités, des risques de fraudes ou d’évasion fiscale qui semblent prendre de l’ampleur dans notre pays ;
Le renforcement de la production des données plus fiables par la rationalisation et l’interconnexion des systèmes d’information de façon sécurisée ;
La nécessité de moderniser l’opération d’immatriculation et de gestion des contribuables à tous les niveaux de l’administration fiscale ; l’élargissement de l’assiette fiscale sera facilité par une action massive et volontariste de l’administration fiscale ainsi que d’un civisme fiscal des contribuables ;
La prise en compte des enjeux de la globalisation financière et la mondialisation de l’économie dans la mise en œuvre de notre politique fiscale ;
La pratique des prix de transfert qui est à l’origine d’importantes évasions fiscales dans notre pays. Nous sommes très heureux de constater que les autorités actuelles du département du budget considèrent la question des prix de transfert comme une priorité. Un traitement efficace des prix de transfert permettra de générer une plus-value de recettes considérables en faveur du trésor public ;
Le renforcement de la digitalisation des administrations financières en l’élargissant à l’ensemble des fonctions de management existantes dans ces administrations : de l’assiette au management en passant par le recouvrement, le contrôle et l’administration. Ce qui exige des infrastructures très modernes capables d’accueillir les installations informatiques adéquates. Les réformes majeures menées à la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGTCP) en est une parfaite illustration.
Objectif : Rehausser le taux de pression fiscale de 12% à 16% en deux (2) et réduire le déficit budgétaire.
Cependant, des inquiétudes persistent quant au manque d’efficience dans la gestion des dépenses publiques par des sectoriels appuyé par l’approche soutenue par le CNT à travers la commission la Commission du Plan, des Affaires Financières et du Contrôle Budgétaire (CPAFCB) pour maintenir cet état de fait et ce, depuis près de trois ans :
Quant aux dépenses, elles restent élevées par rapport aux recettes mobilisées ; ce qui exige la mobilisation de ressources de financement importantes pour équilibrer le budget, et nécessite des efforts significatifs pour plus d’efficience dans la gestion et réaliser d’importantes économies budgétaires.
Le maintien jusqu’ici du budget de moyen (on met toujours l’accent sur les dépenses effectuées et non sur l’impact des politiques, projets et programmes) est un obstacle majeur dans la quête de la performance et de la redevabilité dans laquelle s’inscrit les nouvelles autorités publiques en matière de gestion des finances publiques. Cette méthode de gestion budgétaire classique s’intéresse plus particulièrement au taux d’engagement des crédits et au taux d’émission des dépenses engagées.
Mais à la question de savoir pourquoi les dépenses sont-elles engagées ? Quels résultats ces dépenses permettront-elles d’atteindre ? Ces résultats sont atteints au meilleur coût ? ; elle ne permet pas de répondre à ces questions pertinentes. Ensuite, le budget de moyens ne fait pas ressortir les domaines d’intervention stratégiques des ministères ni les programmes d’action qui traduisent la politique publique dont ils ont la charge.
Depuis plus d’une décennie on voit se multiplier les écarts significatifs entre les prévisions budgétaires et les résultats financiers dans notre pays au point d’en devenir une norme. Cette imprécision, qui impacte négativement le lien de confiance entre l’Etat au sens large et les citoyens, empêche les élus du peuple à débattre de la meilleure utilisation des ressources disponibles. Cela doit être une source de préoccupation lors des sessions budgétaires futures.
Afin de réduire ces écarts, des mesures fortes sont nécessaires pour faire du budget de la nation l’instrument clé du développement par des politiques publiques capables d’atteindre les objectifs économiques et sociaux initiés par le Gouvernement au profit des populations. Cela sera possible grâce à la :
• Généralisation de l’exécution du budget de l’Etat et des collectivités locales en mode programme
La généralisation de l’exécution du budget en mode programme comme recommandée par M le Premier Ministre est un passage obligé pour imposer l’efficience dans la gestion des finances publiques dans notre pays et satisfaire la forte demande sociale exigée par les populations.
Avec le budget programme (comme reconnu par les voix les plus autorisées), le Gouvernement serait en mesure de définir d’abord l’ampleur des problèmes qui assaillent les populations et en fonction de ces problèmes fixer des objectifs réalistes qu’il veut atteindre et les affectations budgétaires suivront ensuite en faveur des services de l’Etat pour faire le travail.
Cet outil est l’instrument clé qui permet une allocation optimale des ressources : Plus de responsabilisation des acteurs ; la transparence des documents budgétaires ; la prévision et de l’exécution budgétaire ; renforce les capacités de contrôle interne et de régularité ; mutualise l’information budgétaire permettant d’accroître les capacités d’évaluation ; renforce l’efficacité de la dépense publique, accroît la performance en orientant le budget vers les résultats(dépenser mieux et améliorer l’efficacité) ; allège et simplifie les procédures de la dépenses publique ; renforce la déconcentration budgétaire pour favoriser une gestion de proximité répondant aux attentes des citoyens etc.
• La mise en place d’une commission de sélection et de validation ex-ante des projets d’investissement composée d’experts de haut niveau.
Le choix des projets à inscrire dans le budget doit se faire sur la base des critères objectifs tel que la pertinence des activités et le bien-fondé des coûts ; la cohérence et l’opportunité ; les bénéfices stratégiques ; la faisabilité et les risques potentiels ; l’impact sur la création d’emploi ; la soutenabilité budgétaire ; l’impact sur l’endettement du pays ; la pérennité et la durabilité des effets et impacts.
Une commission technique composée des experts de la Direction nationale des investissements publics, des sectoriels et d’indépendants peut évaluer les projets proposés.
Cette commission devra s’assurer que les projets présentent des plans d’investissement précis et réalistes avant d’être validés en vue de renforcer la transparence et la traçabilité des ressources publiques.
L’appréciation et le choix fondé sur ces critères permettra un choix plus rationnel des projets/programmes à inscrire dans le budget et rejeter des projets budgétivores sans impacts réels avec à la clé des centaines de milliards d’économies budgétaires possibles. Un échantillon porté sur les secteurs de la santé et de l’action sociale ; les infrastructures ; de la jeunesse et de l’emploi jeunes ; le ministère du commerce, de l’industrie et des PME ; des transports et le secteur agricole pourrait permettre de réaliser des avancées réelles dans le choix des projets pertinents à impacts réel sur l’amélioration des conditions de vie des populations et accroitre la capacité d’absorption (moins de 40%) du pays qui reste un défi important au vu de nos besoins de développement.
• La maitrise des risques
opérationnels des régies financières est devenue une nécessité dans la gestion des finances publiques dans notre pays :
Nos régies financières sont dépendantes d’une infrastructure sophistiquée (système informatique, ordinateurs, logiciels, télécommunication…). Les risques opérationnels (Corruption, malveillance humaine, dysfonctionnements, pannes informatiques, accidents, erreurs, les fraudes et les détournements) sont susceptibles d’occasionner de pertes de ressources considérables atteignant généralement des centaines de milliards de GNF. Cette vulnérabilité constatée aujourd’hui nécessite la mise en place d’un véritable contrôle interne qui édicte des mesures organisationnelles et logistiques telles que la séparation des fonctions ; la gestion par délégation et des systèmes de contrôle indépendant.
Dans la gestion des risques opérationnels qui est devenu aujourd’hui un enjeu majeur de nos finances publiques, car sources de pertes de ressources collectées et dépensées, il faut favoriser une approche d’avantage prescriptive sur les moyens qui doivent être utilisés afin de répondre aux attentes. L’efficacité de cette gestion devrait être régulièrement validée et vérifiée, notamment en fonction d’une variation importante de l’exposition aux risques qui est aujourd’hui d’actualité dans nos régies financières avec des conséquences de pertes de ressources considérables évaluées en de centaines de Mds de GNF.
Par rapport aux travaux réalisés dans l’hémicycle par le Conseil national de la transition (CNT), nos inquiétudes portent sur la pertinence de l’approche du travail des honorables conseillers du CNT face à la nécessité d’une gestion efficiente (faire mieux avec moins de ressources) des dépenses publiques et cela s’explique par un ensemble d’éléments présentés dans le Rapport N0 0079 produit par la CPAFCB lors de la session de décembre 2024 :
Sur les 57 recommandations (Rapport-CPAFCB. P4-7) relatives aux dépenses, 36 portent sur une hausse des crédits budgétaires en faveur des départements sectoriels et nulle part il fait mention des termes d’économies budgétaires ; de transparence budgétaire ; de budget programme, de gestion axée sur les résultats et la recherche d’efficience dans la gestion des dépenses publiques notions clé d’une gestion moderne des finances publiques. L’inquiétude principales des honorables, c’est la hausse continue des dépenses dans un contexte de rareté des ressources et une forte pression des demandes sociales. Ce qui exige plutôt plus d’efficience et de transparence et non de hausses continues des dépenses sans impact visible sur l’amélioration des conditions de vie des populations.
Sur les 22 préoccupations exprimées (Rapport-CPAFCB.p7-8) par les honorables, si 28% nous semblent opportunes, les 72% dénotent l’absence d’une gestion peut orthodoxe des ressources publiques de la part des sectoriels. En effet, ces sectoriels ne sont-ils pas dotés en ressources budgétaires ? n’ont-ils pas des feuilles de routes à mettre en œuvre ? ne peuvent-ils pas traduire ces préoccupations en crédits budgétaires lors des conférences budgétaires en face des structures compétentes? quelle est la pertinence, l’impact des hausses demandées ? n’est-il pas souhaitable pour une question d’efficacité et d’efficience que la pertinence et l’impact des programmes et projets déterminent le montant des crédits à affecter aux sectoriels ?
A propos des 40 recommandations (Rapport-CPAFCB.p8-19) faites par les conseillers suite aux interpellations des populations sur les réalités criardes à travers le pays selon les dires des conseillers, nous pensons que la pertinence des hausses demandées est discutable.
En vue de d’inciter à l’efficience, Il serait plus souhaitable :
De recommander aux sectoriels et directions concernées la présentation et l’exécution des budgets en mode programme, préciser la pertinence et l’impact des dépenses prévues ainsi que des indicateurs de mesure. La décision du ministre de la santé en ce mois de décembre 2025 relative à la production des rapports mensuels et des indicateurs de performance par l’ensemble des services et directions de son département va dans la bonne direction et un exemple à suivre ;
D’exiger le respect des cahiers de charges, le contrôle et le suivi rigoureux dans l’exécution des projets et programmes et non la garantie décennale ;
D’exécuter les budgets dans le strict respect des feuilles de route ;
D’exprimer plutôt des inquiétudes sur la pertinence, la qualité et les impacts des projets/programmes d’investissement à inscrire dans le budget et non la demande de hausse continue de crédits budgétaires pour éviter que ces centaines de projets et programmes d’investissement financés ne soient pas des passifs pour les générations futures et une source de gaspillage de ressources publiques ;
Exiger à ce que le choix des projets à inscrire dans le budget soit fait sur la base des critères objectifs au profit exclusif des populations vérifiables par des indicateurs de mesure ;
• Les rallonges budgétaires
(290Milliards GNF) ainsi que les amendements (385 Milliards GNF) estimés à près de 675Mds représente plus de 1,5% du budget de l’Etat (Rapport-CPAFCB.p19-21) apportés aux investissements en faveurs des sectoriels grâce au soutien du CNT peuvent être considérés comme des crédits largement discutables, car ne reposant pas forcement sur des critères de pertinence et d’impacts et risquent de produire le même effet en termes d’impact négatif sur les finances publiques que les dépenses des fêtes tournantes. Ces dépenses, vont servir à d’autres fins, comme l’ont été dans un passé récent, une part importante des infrastructures des fêtes tournantes qui ont plutôt servis des intérêts individuels au détriment de l’intérêt général et source potentiel de rétrocommissions et de corruption à grande échelle.
Le fort lobbying du CNT auprès du Gouvernement en vue de lancer un programme national pour achever ces projets de fêtes tournantes est une preuve éloquente que la pertinence, l’impact et la faisabilité technique et financière de ces projets était discutable. Il serait alors important d’éviter de telles erreurs qui coûtent très cher aux finances de ce pays.
• Encourager plutôt les sectoriels à défendre et faire accepter la pertinence de leur demande de crédits lors de conférences budgétaires, en présence des experts du budget et du plan et accepter les coupes budgétaires et le rejet des projets non validés serait un élément déterminant pour assainir les finances publiques.
Les résultats présentés par certains département sectoriels (jeunesse ; promotion sociale, commerce et PME, agriculture etc.) relatifs aux problématiques des jeunes et des femmes sont largement en deçà des ressources mises à disposition et comparables au bilan de certaines ONGs.
A titre d’illustration, pour améliorer la qualité des dépenses publiques et accompagner véritablement le Gouvernement dans la mise en œuvre des objectifs de SIMANDOU 2040, les 50 Mds de rallonge demandée par le CNT pour le Ministère de la santé ainsi que les 155 Mds pour l’acquisition de 365 véhicules destinés aux sous-préfets(qui n’est pas du tout opportun dans le contexte actuel) et les 24Mds de crédits supplémentaires alloué par le CNT en accord avec le Ministère du Budget(Rapport-p11) au SNAPE sans aucune étude préalable(car des sectoriels doivent être mobilisés pour identifier les localités concernées donc un projet dont la faisabilité technique et financière n’est pas prouvée) soit un total de 229 Mds de GNF peuvent servir au financement de 7633 microprojets en faveur des jeunes et femmes de ce pays (soit 1908 microprojets par région naturelle) avec à la clé, au moins la création de 38.165 emplois directs créés (auto emploi, microentreprises agricoles, numérique, transport).
Ce résultat, sera supérieur à l’ensemble de ceux obtenus par tous les fonds et agences créés depuis ces dernières années et logés particulièrement dans les départements telle que le commerce et PME, le sport et emplois jeunes, le ministère de l’agriculture ainsi que ceux de la promotion féminine et de l’enfance pour servir le financement des programmes et projets des jeunes et lutter contre le chômage massif de cette couche vulnérable qui exprime des doutes sérieux quant aux perspectives d’avenir dans ce pays.
Ce serait du concret et différent des vœux et des théories et les conseillers auront rendu un immense service à la jeunesse et à la nation toute entière pour la pertinence et l’impact économique et social des politiques menées dans le cadre de la refondation qui soit en parfaite cohérence avec les intérêts supérieurs des populations.
Un sondage d’opinion peut être mené pour attester la justesse de ces mesures par rapport aux dépenses soutenues et validées aujourd’hui dans la loi de finances initiale par les honorables conseillers. Cette action qui ne portera que sur 33,92% des rallonges et amendements budgétaires, pourra donner plus d’espoir aux jeunes et femmes dans nos collectivités ; contribuer à la promotion économique et sociale de ces localités et rendre plus audibles les politiques publiques aux jeux des populations. Nous pensons sincèrement que les jeunes et femmes de ce pays méritent cela.
• En ce qui concerne la demande des conseillers relative à la rétrocession des ressources mobilisées en faveur des collectivités locales ; tout en reconnaissant la légitimité de cette demande pour avoir été l’un des défenseurs les plus actifs de cette politique dans le débat public, nous apprécions la justesse et la prudence du Gouvernement dans la mise en œuvre de cette politique publique et nous ne doutons pas de la bonne foi des autorités politiques et financières dans le contexte actuel et ce pour les raisons suivantes :
Les audits menés en 2022 et 2023 par les institutions chargées de contrôle dans les communes urbaines et rurales ont décelé de cas graves de dilapidation et de détournements des ressources publiques par les exécutifs communaux au détriment des projets et programmes de développement en faveur des populations ne sont pas pris en compte par les honorables conseillers ;
L’absence de projets/programmes cohérents dans la majorité des communes qui puissent justifier la capacité d’absorption de ces ressources supplémentaires attesté par une insuffisance de communication sur les contenus des plans annuels d’investissement d’où la problématique de la transparence et de la redevabilité ;
Il y a un risque élevé de possible déperdition des ressources si des préalables ne sont pas prises en compte avant le transfert effectif de ces ressources ;
L’incertitude sur la disponibilité des ressources humaines suffisantes dans les collectivités locales capables de piloter de façon efficiente les politiques et ressources supplémentaires affectées au développement.
Pour toutes ces raisons, il serait peut-être réaliste de vérifier la faisabilité technique et financière de cette mesure qui engage financièrement l’Etat à hauteur de 1924 milliards de GNF soit près de 4,42 % des dépenses publiques ; ce qui à moyen et long terme peut avoir des conséquences qui alourdissent la charge de la dette.
Pour réduire la survenance de ces risques ; nous souhaitons vivement que les recommandations des conseillers nationaux auprès des autorités portent au préalable sur :
L’amélioration de la qualité des projets/programmes dans les collectivités locales et une large communication sur ces documents ;
Le renforcement de capacités des acteurs chargés de la mise en œuvre pour l’exécution des budgets en mode programme et la gestion axée sur les résultats qui sont les principaux outils pour pérenniser les acquis ; promouvoir un environnement économique favorable au développement inclusif ; favoriser la distribution équitable des ressources du pays et non la hausse continue des ressources financières affectées aux collectivités locales sans résultats concrets sur l’amélioration des conditions de vie des populations et le développement économiques et social confirmé par les données factuelles sur plus d’une vingtaine d’années.
Cela sera un élément déclencheur pour accélérer les réformes et motiver les autorités centrales à rendre effective le transfert de ces ressources.
• L’inquiétude exprimée par les conseillers sur le rythme d’apurement de la dette intérieure est légitime (Rapport-CPAFCB-p11). En effet, la tendance actuelle de l’évolution du service de la dette prédit plus du triplement (de 2000 à plus de 6000 Mds GNF) possible du service dans les deux prochaines années et ce rythme actuel de paiement du service n’est pas favorable au développement des entreprises et les fournisseurs de l’Etat et peut constituer une source potentielle de corruption et de marchandage.
D’où la nécessité de recommander le recrutement d’au moins deux (2) cabinets internationaux qui ont la signature, appuyés par l’ordre des experts comptables de guinée serait une sage décision et prévoir des ajustements budgétaires pour rehausser les crédits affectés au paiement du service de la dette. Il faut ajouter à cela le ralentissement de l’activité économique ; les difficultés de mobilisation des ressources de financement (intérieures et extérieures) à des taux d’intérêts du marché et la forte demande d’accès aux infrastructures qui sont des enjeux largement partagés par les honorables conseillers et le Gouvernement.
Ce qui dénote l’urgence des efforts pour une gestion plus efficiente des dépenses publiques de façon générale pour réaliser d’importantes économies budgétaires et faire face au service de la dette qui représentera une part importante des dépenses publiques dans les trois (3) prochaines années. Cela permettra également d’éviter l’éviction (de possibles diminutions d’affectation de crédits) des dépenses d’investissements et des programmes sociaux qui sont des priorités du Gouvernement en faveur du service de la dette qui représente moins de 5% aujourd’hui (donc soutenable) et alourdir la charge des générations futures si des investissements sérieux ne sont pas financés par ces ressources empruntées.
Cette modeste contribution citoyenne, si elle retient l’attention des honorables conseillers lors des sessions prochaines, cela permettra nous en sommes convaincus et à brève échéance :
La prise en compte effective de toutes les recommandations des conseillers par les sectoriels, directions concernées dans un langage plus précis et compréhensif et rendre les budgets publics plus crédibles aux yeux des citoyens ;
La hausse du taux d’exécution des dépenses de moins de 60% de nos jours à plus de 80% possiblement ;
De rendre possible le traitement rapide des dossiers de mise à disposition des crédits sur la base des critères objectifs de pertinence et d’impacts en réduisant toute subjectivité, de favoritisme et de clientélisme ;
De favoriser la réalisation d’importantes économies budgétaires pouvant être évaluées en de centaines de Mds GNF ; financer les projets entrepreneuriat des jeunes ; de petits exploitants agricoles ; de transport public ; la relance des unités industrielles ; des cantines scolaires ; de l’énergie solaire dans le cadre précis d’un budget programme ;
L’exécution du budget de l’Etat comme un véritable instrument au service du bien-être des populations et du développement économique et social ;
De créer pour l’Etat des marges de manœuvre budgétaires par rapport à d’éventuelles nouvelles demandes surtout celles relatives au financement de la décentralisation, aux dépenses sociales et les dépenses d’infrastructures ;
De réduire le déficit budgétaire, donc contribuer ainsi à résoudre la problématique du service de la dette qui sera une source d’inquiétude dans les trois (3) prochaines années (volume important des emprunts obligataires à des taux d’intérêt du marché qui restent élevés 12,50%, besoins importants d’investissements en infrastructures etc.). Les citoyens de notre pays ne méritent-ils pas cela ?
Car, pour convaincre les populations et les bailleurs de fonds, il n’y a qu’un seul secret : il faut bien gérer les finances publiques :
Les réformes conjoncturelles et structurelles engagées par les autorités doivent être accentuées pour éliminer les goulots d’étranglement, les obstacles qui limitent les impacts positifs des politiques publiques.
Nous saluons les efforts des autorités en matière de lutte contre les risques opérationnels ainsi que la digitalisation des opérations dans l’exécution de la passation des marchés publics qui réduiront les pertes (sauf surprise) de ressources exprimées en plusieurs centaines de Mds qui impactent négativement les politiques publiques en faveur du développement et la crédibilité de l’Etat ;
La hausse prévue des salaires du personnel de l’administration et la prise en compte de la situation des retraités ainsi que les dépenses sociales de façon générale sont des mesures de politique publiques à saluer.
Aujourd’hui, c’est une fierté de constater des efforts importants fournis par le pool financier (Ministère du budget et celui de l’Economie et des finances) pour l’atteinte des objectifs budgétaires des pays de référence de la sous-région par notre pays en trois ans. Par rapport aux données budgétaires du bénin, le budget de notre pays ne représentait que 78% en 2024 alors qu’en 2025, grâce aux performances projetées en matière de mobilisation des ressources (avec l’hypothèse que l’écart entre les prévisions et les réalisations soit négligeable), il est de 90,73%.
Cette performance si elle se maintien, permettra l’atteinte des objectifs budgétaires actuels de ce pays de référence en matière de bonne gestion des finances publiques en 2026 et rivaliser dans les trois (3) prochaines années, celles d’un pays comme le Sénégal qui pèse sur le plan budgétaire près de 10,166 Mds USD en 2025.
Pour maintenir cette tendance positive qui permet d’atteindre les objectifs de développement de notre pays et favoriser le rattrapage des données des pays de référence de la sous-région, nous encourageons vivement le Gouvernement à renforcer le cadre de référence pour l’amélioration des recettes et prouver ainsi que ce pays est aussi capable de se hisser parmi les meilleurs sur le plan économique.
Certes, ces avancées notables sont constatées, mais des améliorations sont encore possibles particulièrement en matière de recherche d’efficience dans la gestion des dépenses publiques et la participation citoyenne :
Il existe encore des espaces pour améliorer l’efficience de la dépense publique en guinée : l’analyse qui ressort de ce document produit par les conseillers nationaux implique qu’il existe de ressources disponibles pour renforcer les mêmes initiatives de politiques publiques, ou bien les rediriger vers des initiatives nouvelles.
Un instrument clé pour prendre des décisions dans ce domaine est la construction d’indicateurs de performance dans le cadre d’un système d’évaluation et de contrôle de gestion qui évalue, de manière systématique et intégrée, les tendances budgétaires et la performance de la dépense publique.
Si la hausse des dotations budgétaires en faveur des collectivités locales est une nécessité, elle doit être accompagnée par le développement des ressources humaines au sein des exécutifs communaux. Il est primordial de générer de nouvelles compétences à travers l’incorporation de nouveaux professionnels et des activités de formation particulièrement sur les notions de base en gestion axée sur les résultats, le budget programme et le leadership etc. Les collectivités locales peuvent être des risques potentiels de gaspillage de ressources publiques et un facteur important d’augmentation du service de la dette.
Réduire la fragmentation institutionnelle pour rendre possible l’efficacité de l’Etat, les dysfonctions administratives pour réaliser des économies budgétaires significatives à travers des fusions et des suppressions d’organismes non essentiels qui constituent des instruments de gaspillage de ressources et des obstacles de développement en rendant impossible toute possibilité de rationalisation.
Notre pays, à l’instar des pays de référence de la sous-région, doit faire l’objet de notation financière diverses par les agences de notation de grande signature (Standards and Poor’s, Moody’s, Fitch) pour rendre possible le financement de nos projets et programmes de développement dans les délais raisonnables et à des taux d’intérêts faibles dans un contexte de rareté de ressources bancaires et de taux d’intérêts élevés (atteignant des taux de 12,5% sur le marché intérieur) des emprunts obligataires. Les expériences béninoise, sénégalaise et ivoirienne sont de parfaites illustrations.
Il faut saluer la tendance actuelle de la réduction significative des subventions en matière énergétique et sur le carburant et souhaiter l’affectation de ces ressources en faveur des subventions ciblées (qui méritent plus d’affectations de crédits dans le contexte actuel) : les emplois jeunes ; les petits exploitants agricoles ; les transports publics ; les cantines scolaires et les transferts monétaires en faveurs des plus pauvres.
Le CNT peut favoriser le contrôle citoyen de l’action publique et renforcer la transparence budgétaire à travers la participation citoyenne : En partageant les objectifs et les résultats obtenus par les actions du gouvernement, le contrôle citoyen de l’action publique fournit un moyen efficace de renforcer la vigilance des acteurs non étatiques et d’inciter ainsi le Gouvernement à atteindre des niveaux de performance plus élevé.
Il faut encourager plus de participation citoyenne dans l’élaboration du budget qui reste trop bureaucratique du fait des barrières techniques et le difficile accès à temps aux données budgétaires qui freinent et rendent complexe la participation des citoyens aux débats budgétaires. Cela réduit la transparence recherchée et la prise en compte des besoins réels et actualisés des populations.
A termes, une participation plus forte des citoyens aux débats budgétaires permettra aux acteurs non étatiques de produire des budgets alternatifs et contribuer plus efficacement à relever le niveau du débat public sur la documentation budgétaire.
Les réformes en cours et les innovations indispensables à apporter à cet écosystème sont certes audibles, simples et faciles d’application mais difficiles à mettre en œuvre sans une volonté politique clairement exprimée au plus haut niveau et une prédisposition des acteurs chargés de la mise en œuvre car des intérêts importants sont en jeux.
L’application de ces mesures, nous sommes convaincus, produira des résultats tangibles qui seront perceptibles dans les prochains mois et mettront les finances publiques de ce pays sur la trajectoire d’efficience au bénéfice exclusif de la majorité des populations. La Guinée aspire à l’émergence économique et souhaite bâtir un avenir prospère pour l’ensemble des guinéens et cela exige nécessairement des mesures fortes en matière de gouvernance, de la transparence et plus de responsabilité.
Ce pays n’a pas besoin d’attendre des conseils des institutions pour créer les conditions de l’émergence économique et jouer son rôle de pays leader dans la sous-région ; cela nécessite l’effort patriotique de chaque institution de la république et la détermination de chacun de ses fils et filles quant à l’atteinte de cet objectif.
Ce peuple mérite des sacrifices de la part de ceux qui gouvernent, à qui est confiée la gestion des ressources publiques de ce pays à potentiel économique énorme. Cela sera possible grâce à l’instauration de l’efficience dans la gestion publique car, pour convaincre le peuple et les bailleurs, il faut bien gérer les finances publiques qui restent aujourd’hui l’une des priorités des autorités publiques.
Mamady CONDE/Economiste/[email protected]/628106305