Dès le soir du 5 septembre 2021, la Guinée vit dans une période de transition, née à la faveur du coup d’Etat renversant Alpha Condé, et qui en était à son troisième mandat. Un mandat farouchement contesté par l’opposition et une partie de la société civile. L’auteur du putsch s’appelle colonel Mamadi Doumbouya, qui appartenait auparavant à l’armée française, et lorsqu’il est arrivé en Guinée, Alpha Condé l’a placé à la tête du Groupement des forces spéciales, et finalement, c’est lui qui a renversé son bienfaiteur, promettant le cœur sur la main de mettre fin au mal guinéen.
Il est encore celui qui se présente de faire comme Jerry Rawlings du Ghana. Mais au fil de la transition, ses actes sans cœur, font éloquemment souffrir les anciens ministres le martyre. Les documents de voyage ayant été saisis, les proches collaborateurs d’Alpha Condé font face à des épreuves judicaires inédites dans l’histoire du pays. La junte a créé une Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) afin de creuser à fond la gestion du passé. Cependant, de nombreux sceptiques pensent si la junte ne s’illustre pas dans l’acharnement contre les proches d’Alpha Condé afin d’atteindre un objectif jusqu’alors inconnu. Tandis que la durée de la transition est renvoyée aux calendes grecques, donnant ainsi les pleines prérogatives au Conseil National de la transition de statuer sur ce sujet sensible de la transition.
C’est dans cette situation nébuleuse, que des propos attribués à Emmanuel Macron font la chansonnette des internautes, dans une interview dit-on, « exclusive sur RFI » parlant de la Guinée, les mots du président français font penser à l’implication de la France dans le coup d’Etat qui a renversé Alpha Condé le 5 septembre 2021. « Le cas de la Guinée est différent. D’abord il y a eu un coup d’État constitutionnel, le pays était ensuite gangrené par la corruption. Je parle souvent à Mamadi Doumbouya, c’est un jeune officier qui tient parole. A l’image du président Kagamé, il est en train de lutter contre la corruption et il le fait. Il a tout le soutien de la France. » il s’agit des propos attribués au président français Emmanuel Macron.
Guinée, le retour de la France au cœur du système ?
Si Emmanuel Macron fait un traitement différent à l’égard d’une transition dont la durée reste inconnue, tandis qu’au Mali, son regard est d’autant critique, ce qui venait à penser que Paris cherche tout simplement son intérêt au grand dam des peuples africains. Il convient de rappeler qu’il est celui qui a aussi critiqué Alpha Condé pour avoir « changé » la Constitution uniquement pour garder le pouvoir, alors que le président Alassane Ouattara venait aussi d’être réélu pour un troisième mandat. Cette lecture diagonale de l’ancienne puissance colonisatrice fait penser à la renaissance d’une géopolitique aux intérêts multiples en Afrique de l’Ouest sous l’avancée du sentiment anti-français. Donc, le coup d’Etat intervenu en Guinée risque d’être long, car le président Français semble avoir donné le signal qui s’apparente à une chronique de la durée de la transition.
En évoquant le modèle rwandais par rapport à la transition guinéenne, cela n’est qu’une insinuation du président français à l’avantage de la junte qui semble avoir porté les fardeaux d’un patriotisme sans égal. Paul Kagamé dont il fait référence, ce dernier est vanté pour avoir réussi à doter le Rwanda d’une économie exceptionnelle avec un taux de croissance annuelle moyen de 8 %, un revenu annuel par habitant multiplié par 5, la chute de deux tiers de la mortalité infantile, l’élargissement de l’assurance-maladie à 91 % de la population. Des chiffres qui lui valent les louanges de la Banque Mondiale, du FMI et le soutien inconditionnel de Bill Clinton.
Donc, que plus rien ne surprend les Guinéens au cas où la transition guinéenne venait prendre le modèle rwandais de Paul Kagamé.
PAR MAKOURA