La ministre de la Justice et des Droits de l’homme du Gouvernement Mohamed Béavogui, Fatoumata Yarie Soumah, a été limogée le 31 décembre 2021. Mais derrière ce décret, le motif de son limogeage s’apparente davantage à une « guerre de prérogatives », qui l’oppose au « tout-puissant » ministre secrétaire général à la présidence de la République, colonel Amara Camara, dont les normes attributions font croire à certains observateurs qu’il est le « vice-président » de la transition en cours en Guinée.
Le différend entre les deux commis de l’Etat est parti quand la Dame Fatoumata Yarie Soumah, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, a répondu le courrier du ministre secrétaire général à la présidence, colonel Amara Camara, autour de l’invitation du personnel de la Justice par le président de la transition en cette période d’exception, pour échanger autour de la politique pénale de la transition. Cela fut comme un couteau dans la plaie de l’ex-ministre de la justice et des Droits de l’homme, qui a montré la juste prépotence dans le courrier qu’elle a ensuite adressé au colonel Amara Camara, une manière de ramener ce dernier à la raison, dit-on. « Mais la naïveté se remarque quand on estime que la transition est un mandat normal », comme soulignent certains citoyens.
Extrait du courrier de l’ex-ministre de la Justice : « Comme suite à votre lettre par laquelle vous m’informez que Monsieur le Président de La transition recevra, le 2 janvier 2022, le Personnel de la Justice (…) pour des échanges (…) axés sur la Politique Pénale de la transition. J’attire votre attention sur ce qui suit :
- En tant que Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, si je l’avais jugé nécessaire, c’est à moi de solliciter une telle audience au Président de la transition et d’en informer le cas échéant le « Personnel de la Justice », dont je suis la seule et unique autorité hiérarchique de gestion administrative. Aucune autre autorité administrative que moi n’est habilitée à convier le « Personnel de la Justice » notamment les magistrats, à une quelconque réunion.
- La politique pénale de la transition, qui est celle de la Nation et de l’Etat, ne se discute pas entre le Président de la transition et « le Personnel de la justice » mais entre le Président de la transition, son Premier ministre, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme que je suis et, en Conseil des Ministres, avec les autres membres du Gouvernement. Conformément au Décret sur les attributions du Ministère de la Justice et des Droits de l’homme. La politique pénale est élaborée par mon département, discutée et débattue en Conseil des Ministres, et approuvée par le Président de la transition, selon les formes prévues à cet effet par la charte de la transition et les lois en vigueur (…) », peut-on lire dans le courrier réponse de l’ex-ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Fatoumata Yarie Soumah, adressé en effet au ministre secrétaire général à la présidence de la République, colonel Amara Camara.
Dame Fatoumata Yarie Soumah est considérée par ses pairs étant une femme de caractère. Dès la mise en place du Gouvernement Mohamed Béavogui, c’est elle qui apparaissait devant les caméras pour expliquer la structure de poursuite qui devait être mise en place pour traquer les présumés auteurs de gabegie financière. Mais finalement, elle ne sera pas cette boussole qui va bien orienter ces mesures tant vantées par les autorités de la transition. Selon nombre d’avis, son limogeage du gouvernement risque de porter le fort discrédit sur la Cour de répression des crimes économiques et financières (CRIFE), qui entend lutter contre la délinquance financière.
Par Makoura