JUSTICE – L’opposant Abdoulaye Bah de l’UFDG, après avoir bénéficié une semi-liberté de la part de l’administration pénitentiaire, avec trois autres opposants du même bord politique, s’est récemment retourné en prison, à cause, dit-on, pour avoir proféré des critiques à l’encontre du président Alpha Condé. Si l’opinion publique a été soudainement surprise de cette décision de la direction nationale de l’administration pénitentiaire, le Barreau de Guinée a aussitôt fait montre son désaccord du retour en prison de l’opposant, à travers une déclaration, datée du 17 août 2021.
DÉCLARATION DU BARREAU DE GUINÉE
Le Barreau de Guinée est préoccupé par les décisions prises récemment par le Directeur National de l’Administration Pénitentiaire du Ministère de la Justice portant accord et révocation d’un régime de semi-liberté concernant l’accusé Monsieur Abdoulaye BAH, il s’agit respectivement des décisions
des 09 et 10 août 2021.
Ces décisions d’un fonctionnaire de l’administration centrale du Ministère de la Justice constituent une immixtion du pouvoir exécutif dans le domaine du pouvoir judiciaire, ce en violation du principe universel de la séparation des pouvoirs consacrés dans tout système qui se veut démocratique.
En effet, outre l’article 110 de la Constitution qui consacre cette séparation, aucune disposition du code de procédure pénale ne confère compétence ou pouvoir à un magistrat de l’administration pénitentiaire de gérer un dossier judiciaire, encore moins d’accorder des mesures de liberté ou de détention à un accusé, un prévenu ou un inculpé.
Face à la gravité d’une telle violation des dispositions constitutionnelles et celles du code de procédure pénale qui garantissent les libertés individuelles et collectives, le Barreau de Guinée, fidèle à sa vocation de défendre l’État de droit dans notre pays, se voit dans l’obligation de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale et d’exiger l’annulation pure et simple des décisions précitées prises par le Directeur National de l’Administration Pénitentiaire du Ministère de la Justice.
En tout état de cause, la Direction Nationale de l’Administration Pénitentiaire ne saurait se substituer à l’incapacité du parquet à programmer le Procès des accusés concernés par ces mesures illégales
Pour toutes ces raisons, le Barreau se réserve le droit, au cas où ces décisions, ne seraient pas aussitôt rapportées de se constituer partie civile pour violation grave des droits humains sur le fondement de l’article 27 de la loi L/20092014/AN portant Réorganisation de la Profession d’Avocat en République de Guinée.
Le Barreau de Guinée rappelle son attachement à la liberté d’expression des opinions, à l’état de droit à la démocratie et à la justice qui doit s’appliquer en tout temps et en tout lieu sans aucune restriction !
Le Barreau de Guinée rappelle obligation de tous les États conformément à la Charte des Nations Unies de développer et encourager le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous les citoyens !
Le Barreau de Guinée engage les pouvoirs publics à favoriser l’application stricte du droit dans un climat apaisé.
Je vous remercie !
Conakry, le 17 aout 2021