L’origine pour certains, c’est du fait que les citoyens ne font pas confiance en la justice, raison de plus, les présumés malfrats tous azimuts finissent leur course entre les mains des citoyens, dont la mort s’en suit. La pratique est presque générale en Guinée.
D’autres aussi tirent l’origine du fait que depuis le premier régime, sous lequel nombreuses sentences ont été rendues de manière populaire. Aujourd’hui, cet état de fait a eu l’ascendance sur le comportement du citoyen qui, à son tour, livre souvent les présumés malfrats aux mains de la population, et celle-ci s’en livre à la vindicte populaire.
La ville Kankan attire les attentions cette semaine, en ce mois-ci d’avril 2021, où des citoyens se livrent à la vindicte populaire contre des présumés malfrats. Tout cela se fait sans le moindre regard de la police ou la gendarmerie, censées en pareilles circonstances, intervenir en première ligne.
Le premier cas de vindicte populaire a été signalé mercredi 28 avril 2021 au quartier Missiran, où un individu a été pris à partie à 4 heures du matin par un groupe de jeunes, l’accusant qu’il [voulait violer une fille]. Malheureusement, l’individu mourra sur place et son corps traîné devant une concession. En même temps, le chef du quartier de Missiran a rappelé qu’il y a eu deux cas de mort au cours de cette même journée de mercredi.
Ce jeudi 29 avril 2021, toujours à Kankan, notamment au quartier Sinkèfara, un présumé voleur a été aussi pris à partie, apparemment, serait en situation difficile, parce qu’il est conséquemment tabassé.
Moussa Camara, citoyen, a vécu la scène. « C’est quand j’ai quitté l’école, je voulais me coucher, entre temps, j’ai entendu les cris derrière la cour qui fait dos à notre concession, directement, je suis sorti et mon chien m’a suivi, c’est grâce à son flaire d’ailleurs qu’on a pu arrêter ce jeune, parce que, il se cachait. Après l’avoir capturé, les jeunes sont venus le tabasser. Tout ce que nous avons perdu dans ce quartier, je peux dire que c’est lui qui a volé, l’autrefois quand j’avais fini de faire le linge à ma sortie de la chambre, je n’ai plus vu mon téléphone » a –t – expliqué.
Aissata Keita, coutrière, dit avoir été victime du vol la semaine dernière. Elle pense que c’est son voleur qui vient d’être épinglé. « Le samedi quand on quittait au travail, en pleine journée, nous avons trouvé que la fenêtre de ma coépouse est ouverte, ils ont pris 20 complets, le mardi aussi, ils sont rentrés dans ma chambre pour prendre l’habit de mes clientes et une somme de 1.500 000fg, c’est leur habitude dans notre quartier, nous sommes fatigués, imaginez le samedi et le mardi et le chef de quartier n’intervient pas du tout », a –t-elle aussi expliqué.
Kalou Chérif, citoyen, assure que n’eût été les cris du chien, il serait victime du vol. « Hier encore à 09 heures, ils sont venus offenser la fenêtre pour pénétrer dans notre chambre et fouiller, mon coffre-fort a été endommagé, ma femme avait oublié son argent dans la chambre, tout a été pris, vraiment les autorités nous déçoivent parce que les voleurs ne sont jamais condamnés, maintenant, nous avons plus de force une fois que le voleur est à la disposition des autorités, de toute façon, le jour que nous allons attraper un autre voleur, il sera tué sur le coup », a-t-il indiqué.
Le présumé voleur, quant à lui, après avoir été tabassé, la population l’a remis aux mains des autorités de la police judiciaire.
Saran Camara
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