Des correspondances examinées par Africa Intelligence révèlent un différend entre la Cour de justice de la Cedeao et les avocats de l’Etat guinéen concernant la détention de trois anciens hauts responsables du régime d’Alpha Condé, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
Son procès pour corruption est prévu pour le 20 mars à Conakry. Les magistrats de la Cour de justice de la Cedeao ont demandé aux autorités guinéennes de leur fournir un mémoire en défense concernant ces personnalités, suite à une saisine de leurs avocats. Alors que deux d’entre eux sont toujours en détention depuis leur arrestation en avril 2022, Ibrahima Kassory Fofana a été hospitalisé fin février pour une détérioration de sa santé. Les trois accusés nient les accusations de détournement de fonds publics, de corruption et d’enrichissement illicite portées contre eux par la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), et affirment être détenus arbitrairement.
Les avocats de l’Etat guinéen ont transmis leur mémoire en réponse à la demande de la Cour de justice de la Cedeao, dans lequel ils ont jugé irrecevables les demandes des anciens ministres en arguant qu’ils n’avaient pas versé les cautions nécessaires à leur remise en liberté conditionnelle. Cependant, la défense d’Ibrahima Kassory Fofana a vivement démenti cette affirmation, affirmant avoir respecté toutes les procédures en la matière.
Les avocats de Kassory Fofana dénoncent un acharnement judiciaire à l’encontre de leur client, tandis que le procureur spécial de la Crief a formé un pourvoi en cassation contre la décision de la chambre de contrôle de la Crief ordonnant la libération de Fofana sous caution en décembre 2022, ce qui a suspendu cette décision. Le délibéré a été reporté à plusieurs reprises, laissant planer des soupçons de pressions politiques pour maintenir Fofana en détention, alors que son procès doit débuter le 20 mars.
Avec Africa Intelligence