Depuis l’appel de M. Sidya TOURE pour l’ouverture d’un dialogue national, les commentaires vont tous azimuts ; de la reconnaissance du verdict des urnes des élections présidentielles du 18 octobre, convoitise de la primature, aveu de faiblesse politique, repositionnement de son parti au centre et que sais-je encore, pourtant l’acte doit être placé sous un angle hautement intellectuel, politique et patriotique.
Cependant, le geste politique de Sidya Touré symbolise sa maturité intellectuelle et son sens élevé de l’intérêt national. Car, l’intellectuel, ce n’est pas celui qui est auréolé de diplômes, mais celui qui réfléchit sur les problèmes de son temps dans le but d’apporter des solutions. Le patriote est le citoyen dont rien n’entame son amour et son engagement pour sa patrie. Avoir la capacité de subordonner son intérêt personnel à celui de l’ensemble est une marque de grandeur qui n’est pas donnée à tout le monde.
L’acte du leader de l’UFR tranche avec cette trilogie. Se rendre à l’évidence d’une décision actée, légale et légitime n’est pas une faiblesse mais plutôt du réalisme, du courage, et surtout de la capacité à différencier l’opposition de la négation. Une opposition stérile à tout geste ce qui vient de l’adversaire n’est ni constructif, ni progressiste et par conséquent non démocratique.
S’obstiner à ne pas reconnaître les résultats de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 pourrait avoir pour corollaire l’approfondissement du clivage social, ternir l’image du pays – qui peut entraîner le blocage du pays n’est de l’intérêt de personne.
Monsieur Sidya TOURE se sentant légaliste s’est battu contre la modification constitutionnelle tout en ayant à l’idée que l’issue pourrait lui être défavorable, car c’est la règle de tout combat, soit on gagne ou on perd. S’il a estimé que le 3e mandat est anti-démocratique, et qu’il continue à s’opposer à un fait déjà acté par les institutions du pays qu’il veut gouverner est aussi anti-démocratique.
Ne voulant pas ajouter la « poison » à la « toxine » pour paralyser le pays, M. Sidya TOURE propose un dialogue national pour tourner la page de l’élections présidentielle et définir une stratégie de développement sociale, économique et judiciaire fondée sur des valeurs partagées par toutes les composantes de la nation. Comme le disait Paul Valérie : « Ce que tu peux changer, tu changes. Ce que tu ne peux pas changer, tu t’adaptes ». M. Sidya Touré sachant qu’il ne peut plus changer les résultats de l’élection, s’adapte dans l’intérêt supérieur du pays au profit de son intérêt personnel qui est celui d’être à l’hémicycle ou probablement à Sékoutouréyah. Il faut surtout voir son geste comme la matérialisation sincère du slogan qui est sur toutes les lèvres à savoir « la Guinée d’abord” même si cela reste un vain mot pour bon nombre de citoyens.
Par cette clairvoyance, il prouve qu’il est au-dessus de la mêlée. La mouvance doit saisir cette opportunité pour accepter la main tendue de M. Sidya Touré qui de toute évidence n’a pas de bilan à présenter. Donner une autre interprétation a son acte tendant à la recherche d’un intérêt personnel relève de l’alchimie et contre-productive.
La mouvance présidentielle ne doit jamais perdre de vue que malgré son score honorable de 59,50 %, 40,50% des voix lui reste défavorable. Cette marge est importante. En conséquence, toute initiative allant dans le sens de la cohésion doit être salutaire, mieux l’appel au dialogue de M. Sidya TOURE tranche avec la volonté du Président de la République d’être le président de tous les guinéens et de celui de gouverner autrement un pays dont les tensions socio-politiques sont apaisées.
En politique, la règle est simple : l’opposition s’oppose et le Gouvernement gouverne. Comme c’est le gouvernant qui a la charge, si celui qui alourdit la charge, sollicite un allégement pour le bon fonctionnement de l’Etat, cela doit être une aubaine pour celui qui a un bilan à présenter, car il est évident que les troubles politiques et la réalisation des projets et programmes de développement ne font pas bon ménage.
Donc au lieu de qualifier négativement le geste de M. Sidya Touré, il faut plutôt l’encourager et contribuer à sa matérialisation dans l’intérêt supérieur de la nation. Le « combat corps-à-corps » entre l’opposition et la mouvance que la classe politique nous a habitué pendant les dix dernières années n’honore pas notre pays et n’est de l’intérêt d’aucune partie
Pour une fois, saisissons cette opportunité pour prouver à la face du monde que nous les guinéens contemporains sommes capables d’un sursaut patriotique comme la génération de Ahmed Sékou TOURE et de Diawandou BARRY en 1958. Un Etat ne se construit pas sur un ring, mais dans un environnement ambiant et convivial. Si nous poursuivons le même but qui est celui du développement de notre pays, il n’y a pas de raison que la mouvance et l’opposition ne puissent s’entendre sur l’essentiel.
Nous devons tous mettre la balle à terre surtout la mouvance qui a tout gagné dans l’apaisement du pays. Apprenons à nous conduire comme des adversaires politiques et non des ennemis inconciliables. Si c’est l’appel à un dialogue national de M. Sidya TOURE peut permettre l’accalmie dans le pays au bénéfice du développement, pourquoi pas.
Sékou Djadaya CAMARA
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