OPINION – Le pays de Sékou Touré et de Diallo Telli est toujours sous le poids de la pauvreté. La Guinée est qualifiée à foison de scandale géologique à cause de ses immenses potentialités du sol et du sous-sol, mais cette donnée est loin de se traduire dans le train de vie des citoyens. Antérieurement, les élites au pouvoir n’ont pas pu amorcer un véritable décollage économique d’envergure qui peut servir du socle au développement pour des milliers d’années à venir. L’ethnocentrisme est devenu un amortisseur dangereux contre la postérité commune. Les politiques s’en tirent ce fléau en vue de conquérir le pouvoir. Le pays s’ouvre à la fois à des perspectives peu favorables et d’un regain d’espoir qui ne trouvera son salut que dans la fermeté éclairée.
La problématique de notre pays est vaste – marquée d’énergies néfastes. Une population jeune s’agrandit si vite et qui demande des comptes à ses dirigeants. En même temps, l’intérieur du pays est frappé de plein fouet par un manque d’animation économique qui se manifeste par l’absence des petites industries qui peuvent améliorer la qualité de vie des populations et freiner l’exode rural.
Le pays est toujours condamné à la caricature politique, ouvrant des débats vains, à la critique aisée, sans mutualisation des arts pour son développement. Ceux qui sont au pouvoir se muent toujours en solution providentielle et l’opposition ne garantit pas une vraie alternance mais promeut la violence. La jeunesse, elle, se trouve dans la matrice de la manipulation et relaie le langage ethnique de différends politiques. Quel gâchis ?
Aujourd’hui, le modèle intellectuel à suivre en Guinée se trouve être coincé dans une controverse historique. Difficile d’être fier de Sékou Touré ou de Diallo Telli ; vouloir choisir un deux, on risque de succomber sous le poids des a priori ethnocentrique. Et pourtant, la France est fière de ses ‘’Louis’’ et de ses intellectuels des Lumières. Quant à nous, on condamne tout le monde à la caricature ambiante – et nous consacrons tous nos temps à réveiller des vieux démons qui balafrent le socle de la Nation et la vie des institutions. Enfin, soyons intelligents, et prenons distance vis-à-vis du débat ethnique. Et tout nous amène à se souvenir de Sékou Touré, s’il était encore vivant.