À 73 ans, le chanteur et musicien malien Salif Keïta poursuit son engagement mouvementé auprès des autorités de son pays. Nommé cette semaine conseiller spécial du colonel Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir depuis août 2020, l’artiste effectue un retentissant retour au service des putschistes, une semaine seulement après avoir annoncé sa démission du Conseil national de transition (CNT) «pour raisons personnelles».
Star internationale de la musique mandingue multi récompensée, Salif Keïta avait surpris en quittant le 8 août le CNT, institution faisant office d’organe législatif sous la junte. Mais le 11 août, il est nommé par décret conseiller spécial de Goïta, en charge probablement des affaires culturelles. Preuve que malgré un bref temps de retrait, Salif Keïta reste aligné sur le discours souverainiste du régime militaire, à l’origine du renversement de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta il y a deux ans. «Je resterai toujours l’ami incontesté des militaires de mon pays», avait d’ailleurs affirmé l’artiste au moment de sa démission, annonçant en creux son retour aux affaires.
Salif Keïta se pose donc plus que jamais en « griot » de la junte, poursuivant une trajectoire politique de plus en plus controversée depuis 2019. Ses engagements fluctuants auprès des autorités reflètent les ambitions contrariées d’un vieux routier de la scène malienne, en quête constante de reconnaissance. Quitte à s’acoquiner avec le pouvoir en place, fût-il putschiste.
Par Ibou Barry