Trois semaines après le coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum et porté Abdourahamane Tiani à la tête de la junte, l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou est enfin sorti de son silence. Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, il appelle à la libération de son successeur et à son retour au pouvoir.
Muré dans le mutisme depuis la séquestration de Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, Mahamadou Issoufou a choisi de rompre ce silence qu’il s’était imposé. Laissé libre de ses mouvements par la junte mais assigné à résidence avec sa famille proche, l’ancien chef d’État nigérien avait jusqu’à présent refusé de s’exprimer publiquement sur le putsch, à l’exception d’un tweet laconique publié quatre jours après le coup d’État.
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Cette attitude avait nourri de nombreuses spéculations, certains l’accusant même de connivence avec les putschistes. « Je n’ai jamais cautionné et ne cautionnerai jamais un coup d’État militaire, qui plus est contre un président démocratiquement élu », a-t-il tenu à clarifier d’emblée.
Tout en appelant la population à « garder son calme et à ne pas céder aux provocations », Mahamadou Issoufou a lancé un appel solennel à la junte : « Je demande la libération immédiate du président Bazoum et son retour au pouvoir dans le respect de la légalité constitutionnelle ».
L’ancien président, artisan de la première alternance démocratique dans l’histoire du Niger, reste pour l’heure dans l’expectative quant à la réaction des putschistes face à sa demande. Mais son sortie du silence marque incontestablement un tournant dans la crise actuelle que traverse le pays.
Ibou Barry avec JA