Les relations franco-maliennes sont de mal en pis, et les raisons sont claires comme l’eau de roche, à savoir la détermination du gouvernement malien de transition à sortir du joug de Paris.
Sur ce registre, Bamako vient d’annoncer son intention de réviser les accords militaires avec Paris, précédant l’intervention militaire de la France dans ce pays de la région du Sahel via l’opération Serval devenue Barkhane.
La détérioration des relations entre les deux pays se confirment de jour en jour, après l’arrivée de l’entreprise militaire russe Wagner au Mali suite à la sollicitation du gouvernement malien de transition. Une arrivée mal digérée par Paris qui voit en elle une concurrence dans son espace d’influence traditionnel.
Cela intervient au moment, où le sentiment hostile à la France est de plus en plus grandissant comme l’illustre cette large mobilisation de la population malienne exprimée vendredi dernier par la sortie de milliers de maliens à la rue dénonçant l’embargo décidé par la CEDEAO sur recommandation de la France, en attendant la manifestation prévue samedi prochain à Paris suite à un appel de la diaspora malienne établie en France.
La détérioration des rapports franco-maliens est illustrée par les déclarations explosives du premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga.
Dans une interview accordée à l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM, ce dernier souligne le rôle ambigu joué par l’armée française au Mali. Au dire de Choguel Maïga, durant l’opération de reprise du territoire du nord menée par les Forces armées maliennes (FAMa) en 2014, des soldats s’étaient réfugiés dans un camp de la Mission multidimensionnelle pour la stabilité du Mali (Minusma).
Ces soldats ont été désarmés et leurs armes confisquées. Quand l’État-major malienne a réclamé ces armes, il lui a été rétorqué que c’est une prise de guerre qui ne peut être restituée au FAMa ! Tout le monde sait que ces troupes de la Minusma mangent dans la main des forces Barkhane .
Le premier ministre malien révèlera qu’en 2016,le commandant de la Force militaire française Barkhane, était sous le commandement du Général de division, Jean-Pierre Palasset (1er août 2014 au 31 juillet 2015) qui indiqua lors d’une visite .au cantonnement de Faya-Largeau au Tchad, « nous étions ici, il y a 100 ans (pendant la colonisation en Afrique donc), Nous sommes partis, il y a 60 ans (au moment des indépendances). Nous sommes de retour pour 1000 ans »
Un discours absolument ahurissant et répugnant, selon Choguel Maïga qui soutient que ce discours révélateur est documenté et a été rapporté par le journaliste français Laurent Larcher, journaliste et essayiste, au cours d’une émission où il a parlé des « non-dits de la diplomatie française. »
La présence militaire française décriée
Interviewé par RT ,Nouhoum Sarr, membre du Conseil national de transition du Mali, a fait savoir que la situation sécuritaire au Mali ne s’est jamais améliorée avec la présence militaire française, rejoignant le premier ministre malien qui accusa il y a quelques semaines la France de soutenir les groupes terroristes au nord du Mali, pour maintenir le statut de No Man’s Land
«Malgré la présence de 3 000 soldats français et 20 000 militaires étrangers sur le territoire malien, l’insécurité a gagné du terrain», a fait savoir Nouhoum Sarr, résumant la situation sécuritaire au Mali, s’interrogeant sur l’efficacité de l’opération Barkhane «On se pose la question de l’efficacité, du moins de la pertinence, de cette opération.»
S’agissant du retrait militaire français des trois bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou , le membre du Conseil malien de transition souligna en substance: «Nous en tirons toutes les conséquences. Nous allons réorganiser notre stratégie en fonction de ce retrait.»
Quant à l’objectif de l’opération lancée en 2014, le membre du Conseil national de transition s’est montré pour le moins perplexe. «Pour nous, la présence de Barkhane ne sert pas à grand-chose si ce n’est poursuivre le soutien aux groupes armés séparatistes qui, depuis plusieurs années, sont en rébellion contre le Mali», a-t-il estimé, accusant Paris d’avoir «instrumentalisé» ces groupes pour «créer un nouvel État dans le Sahel» et «faire main basse sur les ressources naturelles» du Mali.