Dans un entretien accordé conjointement à Algérie 54 et Algérie maintenant éditée en langue arabe, le ministre de la Communication Mohamed Bouslimani revient sur les préoccupations des professionnels de la corporation, la nouvelle législation régissant le secteur, les lois sur la publicité et le sondage, la guerre de la 4ème génération, les campagnes médiatiques visant l’Algérie, ainsi que le prochain Sommet arabe.
Algérie54: Nous avons senti lors de notre entrevue avec vous, une volonté d’aller de l’avant pour la prise en charge des réels problèmes de la corporation. Pouvez-vous nous expliquer plus sur les urgences à entreprendre pour rassurer la grande famille de la presse nationale ?
Mohamed Bouslimani: Effectivement, concernant les problèmes de la corporation, il y’a beaucoup de choses à faire notamment en matière d’organisation et de restructuration afin de procéder à un assainissement de la scène médiatique. Dès notre installation à la tête du Ministère de la Communication, nous avons tenu différentes rencontres avec les représentants de l’ensemble de la presse nationale publique et privée (presse écrite, audiovisuelle, électronique ainsi que les imprimeurs), qui nous ont fait part de leurs préoccupations et propositions. Un état des lieux qui nous a permis de déceler les véritables problèmes, surmontables,heureusement, auxquels est confrontée la presse nationale, comme l’absence de statut juridique en ce qui concerne les chaines de télévisions
privées, le manque de moyens financiers notamment, la formation des journalistes et les difficultés d’accès à l’information pour certains. Des problèmes communs en réalité qui nécessitent une solution globale grâce au dialogue et la concertation permanente que nous avons instaurée. A cet effet, les portes du Ministère de la Communication restent
ouvertes à l’ensemble des professionnels des médias.
Cependant, les difficultés rencontrées ne doivent en aucun cas être un prétexte pour empêcher nos médias d’aller de l’avant, sachant que notre objectif est de bâtir une presse nationale forte et professionnelle qui garantit une information crédible aux citoyens et défend les intérêts suprêmes du pays.
Algérie54 : La promotion de la presse électronique est de nouveau d’activité, quelles sont les mesures prises pour assoir la volonté politique afin de hisser ce créneau à la hauteur des enjeux géopolitiques dont le pays est confronté .Les éditeurs de la presse électroniques continuent de revendiquer un traitement égal à celui de la presse en papier, bénéficiaire de la publicité institutionnelle de la part de l’ANEP. Y’a-t-il du nouveau sur ce dossier ?
Mohamed Bouslimani: La presse électronique n’est plus un choix de communication, mais une exigence imposée par la technologie du numérique. Il est utile de rappeler dans ce contexte, que depuis la parution de décret exécutif du 22 Novembre 2020 fixant les modalités d’exercice de l’information en ligne, le nombre de sites électroniques enregistrés au Ministère de la Communication a dépassé les 120 sites. Cependant, ce n’est pas le nombre
qui nous intéresse à l’instar des autres formes de médias, mais bien les sites fiables et engagés qui se sont imposés et qui s’imposent à l’heure des
grands défis auxquels l’Algérie est confrontée.
Il est vrai que la presse électronique est confrontée à des difficultés financières puisque c’est la seule qui ne bénéficie d’aucune aide depuis sa création et ce malgré son impact grandissant sur les réseaux sociaux. Je salue au passage certains sites qui, malgré le manque ou pratiquement l’absence de moyens, se sont imposés comme des remparts en défendant les intérêts du pays et continuent à lutter malgré les tentatives de déstabilisation tentées par des sites ennemis et dont ils ont été victimes.
Afin d’accompagner cette dynamique, le Ministère de la Communication a entrepris des démarches pratiques pour faire bénéficier la presse électronique de l’aide nécessaire à l’instar de la presse écrite. Cette bouffée d’oxygène devra permettre aux sites sérieux et professionnels de redoubler d’efforts pour poursuivre leur noble mission patriotique de
défendre les intérêts suprêmes du pays et valoriser les grandes réalisations de l’Algérie à l’échelle nationale et internationale.
Algérie54 : Les professionnels de la corporation attendent depuis l’adoption de la nouvelle constitution, la mise en place de nouveaux textes législatifs, régissant la loi de l’information, la mise en place d’un conseil d’éthique et de déontologie, la loi sur la publicité et la loi sur les sondages, pour sortir du flou et de la mauvaise interprétation des textes, durant plus de deux décennies.Quelles sont les prochaines étapes à parachever pour mettre l’exercice de l’activité journalistique sur de bons rails ?
Mohamed Bouslimani: Le projet de la loi organique relative à l’information ainsi que celui de la loi sur l’activité audiovisuelle ont été finalisés. Pour ce faire, nous avons élargie la consultation à tous les acteurs et professionnels du secteur. Les deux projets qui sont donc fin prêts, sont actuellement soumis à un examen d’étude de conformité juridique qui sera suivi par un débat au Parlement comme l’exige la procédure. Ces projets visent à conférer à donner à cette refonte un caractère novateur en conformité avec les dispositions de la constitution de 2020.
Après l’adoption de ces deux textes, nous nous attellerons à préparer et élaborer deux autres textes de lois, aussi importants, à savoir ceux relatifs à la publicité et au sondage d’opinion qui sont programmés pour l’année en cours.
Toutefois, la finalisation du cadre juridique régissant le secteur de la Communication et les activités qu’il englobe, n’est qu’une étape dans le parachèvement du processus de promotion de la presse nationale tel que prévu par le Président de la République, Monsieur Abdelmadjid
Tebboune.
Algérie54: l’Algérie est visée par la guerre hybride et la Soft-Power, compte tenu de ses positions rejetant le diktat des puissances étrangères et son soutien aux causes justes de ce monde. Quels sont les moyens préconisés par votre département afin d’annihiler les tentatives de déstabilisation du pays ?
Mohamed Bouslimani: Il n’y a que ceux qui ne veulent pas voir pour constater que des
campagnes de dénigrement et de désinformation, à visée néocolonialiste, qui se veulent aussi un moyen de pression pour dissuader notre pays à renoncer à ses positions fermes et pérennes en faveur des nobles causes à l’instar de celles des peuples palestinien et sahraoui en quête d’indépendance. La presse électronique et les réseaux sociaux sont aujourd’hui des armes redoutables dans le cadre de ce qu’on appelle désormais « les guerres de 4éme génération» qui diffusent à outrance des fakenews et des rumeurs dans le but de manipuler les opinions publiques afin de déstabiliser les sociétés.
Le phénomène appelé « Printemps Arabe » et ses conséquences désastreuses sur les pays arabes et leurs sociétés en est une parfaite illustration et un sinistre exemple des dégâts que peuvent occasionner ces guerres des temps modernes. C’est ce que tentent vainement les ennemis de l’Algérie à l’instar du makhzen et ses relais en s’attaquant à notre pays et son institution militaire distillant de fausses informations, dérangés, depuis notre indépendance, par nos grandes réalisations, l’union sacrée entre notre peuple et notre armée nationale populaire, notre souveraineté et notre liberté de prise de décisions. Ceux qui n’en n’ont pas, nous jalousent bien entendu.
Tout en saluant les médias électroniques ainsi que le reste de la presse nationale qui sont mobilisés pour constituer un front uni afin de promouvoir la véritable image de l’Algérie à l’échelle nationale et internationale, nous les appelons à redoubler d’efforts pour faire avorter
tout projet visant à porter atteinte à notre pays et rester mobilisés autour du même objectif, à savoir la bataille de la prise de conscience et la défense des intérêts de la nation.
Ce devoir national de la défense des principes de souveraineté et de cohésion nationale, dont font preuve, dans l’union et avec responsabilité, les acteurs des médias nationaux, démontre leur haut degré de professionnalisme et leur adhésion indéfectible au renforcement des liens entre le citoyen et ses institutions, ainsi qu’à la préservation des acquis de la nouvelle Algérie, une Algérie forte et prospère.
Algérie54 : l’Algérie s’apprête à accueillir prochainement le sommet de la ligue arabe, dans un contexte géopolitique marqué par la normalisation de certains États arabes avec l’entité sioniste. Quelle est votre lecture, Monsieur le Ministre ?
Mohamed Bouslimani: Notre pays veille toujours à unifier les rangs arabes comme l’a
souligné le Président de la République Monsieur Abdelmadjid Tebboune , lors de ses différentes rencontres avec les représentants de la presse nationale, affirmant que l’Algérie œuvre pour que le prochain sommet arabe soit un « Sommet Rassembleur ».
Dans le même contexte, Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères et de la Communauté Nationale à l’étranger, a confirmé lors de sa dernière rencontre avec les Ambassadeurs des Pays Arabes accrédités en Algérie, que notre pays reste fidèles à ses principes.
Vous me donnez l’occasion pour rappeler qu’en plus du sommet arabe, notre pays abritera en juin prochain les jeux méditerranéens à Oran avant de célébrer le 60éme anniversaire de l’Indépendance qui sera le fait marquant de l’année.
A cet effet, je lance un appel à tous les acteurs de la presse nationale afin de contribuer à la réussite de ces évènements en mettant en exergue les efforts déployés pour la préparation et l’organisation de ces rendez-vous, la médiatisation et la sensibilisation envers les citoyens ainsi que la mise en valeur des grandes réalisations de l’Algérie dans les différents domaines depuis l’indépendance afin de contribuer à promouvoir notre véritable image à l’étranger.