Dans un entretien accordé à Algérie54, le diplomate sahraoui Mohamed Salama Badi, représentant de la RASD à Vienne, en Autriche revient sur la visite de l’envoyé spécial du SG de l’ONU Staffan De Mistura dans la région, la reprise de la lutte armée, la normalisation du régime marocain avec l’entité sioniste, et les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés.
Algérie54:L’envoyé spécial du Secrétaire Général de l’ONU, Staffan De Mistura vient de se rendre dans les territoires sahraouis libérés et dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, quelles sont les enseignements à tirer de cette visite ?
Mohamed Salama Badi : La visite de l’envoyé spécial du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental Staffan De Mistura dans la région est la première du genre, depuis sa nomination,et serait qualifiée de prise de contact en vue de coller les points de vue et positions des parties en conflit et des observateurs, en vue de sortir avec des enseignements susceptibles de constituer à l’avenir une approche pour la reprise de l’opération politique de négociations. En ce qui nous concerne, le Polisario, nous nous attendons pas à de grande chose de cette visite, car le problème n’est pas en la personne de l’envoyé spécial du SG de l’ONU, ou de son parcours et expérience diplomatique, mais de sa mission ligotée et de sa marge restreinte de manœuvre, accordée par le Conseil de Sécurité de l’ONU qui avait échoué à capter les forts signaux de la violation du cessez-le feu par l’occupant marocain , la reprise de la lutte armée et la rupture avec l’immobilisme au service du régime du Makhzen depuis trois décennies.
Algérie54:La question sahraouie revient sur la scène internationale, après la violation du cessez-le feu par l’occupant marocain, ouvrant la voie au peuple sahraoui à la reprise de la lutte armée. L’occupant marocain résistera-t-il à la détermination du peuple sahraoui d’arracher son indépendance ?
Mohamed Salama Badi:Le régime marocain vit une situation complexe intitulée la crise socioéconomique et politique, et devient un corps fragile et vulnérable conforté dans cette situation par la reprise de la lutte armée du peuple sahraoui. Cette reprise de la lutte armée met fin à la situation de l’immobilisme au profit de l’occupant marocain qui misait sur le fait accompli, et l’avait contraint à étaler son hostilité et haine à ses voisins, en particulier l’Algérie, en vue d’exporter sa crise interne et de détourner l’opinion publique marocaine et internationale sur le réel problème de la royauté. Et pour mieux illustrer cette trahison à son peuple, il procéda à la normalisation avec l’entité sioniste. Nous estimons que cette alliance satanique ne durera pas longtemps, dans la mesure ou nous sommes devant une escalade et diversification dans les méthodes de la guerre de libération, et les expériences internationales de libération des peuples nous enseigne que la victoire revient toujours aux peuples et les plans de colonisation vers la disparition.
Algérie54: La diplomatie demeure un des combats susceptibles de hisser la défense du droit sahraoui, quelles sont les voies préconisées par la RASD pour atteindre cet objectif ?
Mohamed Salama Badi:La diplomatie constitue un des fronts de la lutte du peuple sahraoui, et un processus incontournable et nécessaire dans le combat contre l’occupant. Notre démarche diplomatique ne se limite nullement à tisser des liens avec des pays tiers, mais à véhiculer un message révolutionnaire de libération, résumant le combat de notre peuple pour le recouvrement de la liberté et l’indépendance
Sur ce registre, le Front Polisario et la RASD ont mis tous les moyens adéquats liés à l’activité diplomatique en plus de la mobilisation de la société civile dans les quatre coins du monde pour plaider la cause du peuple sahraoui.
Algérie54: Le Makhzen ne lésine pas pour maintenir la répression dans les territoires sahraouis occupés, quelles sont les démarches envisageables pour dénoncer les exactions et violations des droits de l’homme par l’occupant marocain ?
Mohamed Salama Badi:Le Makhzen ne lésine pas sur les moyens de la répression dans les territoires sahraouis occupés, ou il a fermé tous nos villes les rendant une grande prison, démocratisant par voie de conséquence les exactions, les tortures et l’exercice systématique des violations et atteintes des droits de l’homme devant le silence de la communauté internationale. Et là, il est judicieux de revendiquer encore une fois l’élargissement de la mission de la MINURSO, en lui octroyant le droit international de veiller sur le respect des droits de l’homme du peuple sahraoui.
Entretien réalisé par M.Mehdi