L’uranium n’est plus la seule ressource minière rentable du Niger. Ces quinze dernières années, Pékin a aussi investi 4,5 milliards de dollars dans son pétrole, soit le plus gros investissement jamais réalisé dans le pays depuis l’indépendance en 1960. Le géant pétrolier chinois China National Petroleum Corporation (CNPC) opère notamment dans les gisements d’Agadem, à 1600 km à l’est de Niamey.
Ces sites garantissent déjà au Niger son autosuffisance pétrolière, avec une production d’environ 20 000 barils/jour transformés dans la raffinerie de Zinder, détenue à 60% par PetroChina, filiale de la CNPC. Les perspectives sont juteuses : la CNPC finalise les 2000 km de pipeline du projet à 2 milliards de dollars reliant Agadem au Bénin. 75% des infrastructures étaient achevées avant le coup d’État du 26 juillet.
Demain, plus de 96 000 barils/jour – sur une production quotidienne gonflée à 110 000 barils/jour – pourront être exportés vers le Golfe de Guinée et au-delà des océans, soit environ 500 millions de dollars de recettes par an pour le Niger d’ici 2030, soit ¼ de son PIB. Le Bénin empocherait la même somme pour l’octroi du droit de passage.
Pékin joue gros dans ce projet gagnant-gagnant. Si l’achèvement du pipeline risque d’être retardé par les sanctions de la Cédéao, Niamey et Cotonou ont trop à y gagner. _ »Grâce aux devises chinoises tirées de l’exploitation pétrolière, la junte peut résister au blocus économique de la Cédéao »_, confie une source bien introduite à Niamey.
D’autant qu’un autre géant pétrolier chinois, Sinopec, pourrait bientôt faire son apparition dans le pays, intéressé par la reprise de blocs pétroliers cédés par la CNPC. La Chine se pose donc en alliée stratégique du Niger face aux sanctions occidentales.
Avec Paris Match